L'Inconnu me dévore
de Xavier Grall

critiqué par Eireann 32, le 18 décembre 2005
(Lorient - 76 ans)


La note:  étoiles
L’Ankou arrive
L'un des derniers textes de Grall, l’Ankou (la charrette avec son squelette et sa faux)est en marche. Grall va mourir, il le sait. Une inscription en breton « an dianav a rog a c’hanoun » donne le titre de ce livre. Le bilan d’une vie d’un homme en avance sur son temps et curieusement un peu passéiste.
Un court livre pour vous faire découvrir un de mes écrivains bretons favoris. Pas son œuvre la plus forte, mais certainement la plus poignante.
J’ai passé le plus grande partie de ma vie avec les livres de Grall
dans mes différents bagages, peut-être, en final les ouvrages les plus lus de ma vie de nomade, le lien culturel entre moi et la Bretagne.
Long texte pour ses filles, sorte de testament spirituel et familial analysant les faits et méfaits de la religion dans l’éducation d’un jeune breton, la vie simple des campagnes d’une jeunesse « austère » dans le premier chapitre. Puis la découverte ensuite d’une religiosité différente, et d’une Bretagne à reconstruire. La vie à Paris, la fête et le retour au pays.
La troisième partie du livre « Requiem pour un frère prophétique » est un très grand moment de cette œuvre. C’est aussi avec la disparition d’un homme, la fin d’un idéal et d’un mode de vie.
Les personnages sont Grall, ses filles, les copains de «bordées», les alcools, mais plus secrètement, les églises du pays bigouden, ces chef-d’œuvres anonymes. Il nous livre ses pensées, ses doutes, mais aussi ses certitudes. Mais les excès, tabac et alcool font leur travail, cette œuvre sera posthume.
Certaines phrases fortes mais désabusées : « J’ai rêvé d’impossibles fraternités, l’on ne m’y reprendra plus »
-« J’ai aimé le soleil, les chiens humiliés, j’ai aimé mon pays, je me suis battu, j’ai admiré ».
« Ont veut toujours aller plus loin, trop loin »