Le milieu du jour
de Yvon Rivard

critiqué par Libris québécis, le 15 novembre 2005
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Triangle amoureux
Yvon Rivard a remporté il y a quelques minutes le prix de la ville de Montréal pour Le Siècle de Jeanne. C'est le troisième volet d'une trilogie commencée par Les Silences du corbeau qui racontait la fuite en Inde d'un jeune amoureux déçu. Le second volume, Le Milieu du jour, décrit les abysses de la quarantaine vécue en plein triangle amoureux.

Dans ce roman, le héros Alexandre ne sait pas ce qu’il veut. Doit-il renouer avec Françoise de qui il a eu un enfant ou vivre avec Clara? Dilemme destructeur d’autant plus que, comme écrivain, il vit le drame de la page blanche. Il résout son conflit en fuyant en Italie et aux États-Unis. En somme, il ne parvient pas à concilier son esprit et son corps sur une même femme. Cérébral ne se nourrissant que d’images, il vit un déséquilibre qui le prive d'une sérénité fructueuse. Nietzsche dirait qu'il est son propre ennemi. Shakespeare a déjà formulé le dilemme où s'est placé le héros : être ou ne pas être. La mort apparaît l'unique solution pour retrouver le paradis perdu. Alexandre est assez lucide pour évaluer le mal qui résulte de ses tergiversations. Hormis le suicide, comment s’en sortir? Il faut lire Le Siècle de Jeanne pour connaître la réponse. Le dénouement du Milieu du jour indique que ses mains lui procureront peut-être l'harmonie qu'il cherche à l’instar de son père qui les a utilisées à bon escient comme bûcheron.

C’est un roman métaphysique, mais accessible de par la simplicité de l'écriture. À la lumière des grands philosophes, l’œuvre s'infiltre lentement comme une tortue au cœur des conflits engendrés par les triangles amoureux.