Un regard narquois posé sur des combats d’aujourd’hui. Ce n’est pas de la grande littérature qui façonne l’Histoire mais un récit plaisant où l’on trouve du suspens (non, pas haletant : ce n’est pas le but), du mystère et un ton particulier qui se la joue « décalé ».
Mais que nous dit finalement l’auteur ? Je ne sais pas trop. J’avoue être un rien perturbé par les gens qui nous parlent politique en rigolant. Par exemple ici, Gunzig tourne beaucoup autour de l’idée du «Grand complot capitaliste » destiné à décérébrer les pauvres couillons de simples travailleurs. Et il le fait par le biais de personnages excessifs et frappés, ce qui ridiculise forcément le propos. Doit-on en conclure que l’auteur cherche à ridiculiser le combat altermondialiste ? Ou bien doit-on ne rien conclure du tout et savourer cette déconnade amusante, facile, agréable à lire ?
A propos du titre, l’auteur nous le signale : le « kuru » serait une maladie du système nerveux dont le traitement est inconnu. Il aurait presque disparu « car la consommation rituelle de cerveaux humains a quasiment cessé d’être pratiqué ». Après tout, le « message » est peut-être là : le kuru n’a pas disparu, au contraire, et nous en serions tous atteints…
Quelques pages sont de purs délices. Je pense à celles où Gunzig établit une relation de cause à effet entre la pratique intensive de la baise (dans les années 70) et les opinions philosophiques.
A signaler que l’éventuel correcteur a laissé traîné pas mal de fautes et d’approximations, que la ponctuation se conforme parfois aux lois du hasard et que les quelques phrases en allemand, mises là pour faire couleur locale, sont du « petit nègre » pur jus.
A retenir un roman sans prétention très branché sur son époque et qui rappelle que « les poussées épidémiques de sorcellerie sont l’indice de mutations sociales, de périodes d’articulations historiques… ».
Disons « mysticismes en tous genres » à la place de « sorcellerie » et on a un constat lucide.
Bolcho - Bruxelles - 77 ans - 27 août 2006 |