Mes vrais enfants de Jo Walton

Mes vrais enfants de Jo Walton
(My Real Children)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Ludmilla, le 2 octobre 2018 (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 68 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 424ème position).
Visites : 6 605 

Deux romans pour le prix d’un – mais pas seulement !

Début assez classique : une vieille dame, Patricia, dans une maison de retraite, se rappelle sa vie. Sauf que… malgré ses pertes de mémoire, elle se rappelle deux vies, ses deux vies dans lesquelles elle a eu des enfants, quatre dans l’une, trois dans l’autre. Deux vies très différentes dans deux mondes différents, l’un (à peu près) en paix, l’autre …

Un choix va faire basculer sa vie d’un côté ou de l’autre.
Une idée proche au départ de celle de Paul Auster dans « 4 3 2 1 », avec, à mon avis, un bien meilleur résultat…
L’air de rien, ce roman aborde des thèmes comme la place des femmes (qui, au début de la vie de Patricia, ne peuvent enseigner que si elles ne sont pas mariées), les risques du nucléaire, la tolérance, le rapport à Dieu, l’amour, les enfants, le handicap, …
Le tout sans que l’on s’ennuie une seconde !

« Et si les choix de chaque individu pouvaient changer le monde ? »

Message de la modération : Prix CL 2020 catégorie Science-fiction / Fantasy

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2 vies parallèles

8 étoiles

Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 52 ans) - 10 juillet 2020

Ah le concept de vies parallèles ou d’univers parallèles ! Qui ne s’est pas retrouvé dans sa vie devant des choix difficiles, et la décision prise, de se demander ce qui se serait passé si on avait opté pour l’autre choix ! Chacun de nous (ou presque ?) s’est imaginé une vie différente si on avait fait, dit ou choisi ceci plutôt que cela. Chaque choix à faire recèle des avenirs possibles mais un seul sera vécu car on ne peut pas vivre les conséquences de deux choix simultanément puisqu’on ne peut fait qu’un seul choix et non deux ou plusieurs. Eh bien, c’est sur ce postulat que s’est basé l’auteure Jo Walton pour écrire son livre.

Alors voici un personnage, Patricia Cowan, confronté à un choix, un dilemme même : vivre avec l’homme qu’elle aime ou y renoncer, avec tout ce que ça implique pour l’un et l’autre des choix. Avant 1949, Patricia n’aura eu qu’une seule vie, son enfance, son adolescence auront pour cadre une seule et même réalité. En 1949, lors du choix suprême qui doit décider de son destin, vivre avec Mark son fiancé ou y renoncer, ce choix devait être tellement impossible et crève-cœur, que la réalité se scinde en deux branches autonomes et séparées où l’une représente les conséquences de l’acceptation du mariage et l’autre le renoncement au mariage.

Et chacune des deux branches est dans la complète inconscience de l’autre. Dans l’une Patricia est mariée avec Mark et a 4 enfants et est mère au foyer, dans l’autre elle en concubinage avec son amie, a un métier et a 3 enfants. Ces deux réalités ne se rejoignent qu’à la vieillesse de Patricia et se superposent dans son esprit. Elle sera alors dans une maison de retraite médicalisée, pour perte de mémoire et confusion mentale et se souvient de ses deux vies, des enfants qu’elle a eu dans l’une et l’autre. Confusion mentale ou réalité ? Au lecteur de décider car l’auteure, elle, ne tranche pas. Elle se contente de raconter les 2 vies de Patricia Cowan.

Et le moins qu’on puisse dire, est que ces deux vies sont totalement à l’opposé l’une de l’autre. Et les mondes dans lequel elles évoluent, de 1949 à nos jours, sont deux univers différents, quoique proches. Les évolutions sociologiques et politiques ne sont pas les mêmes et donc l’Histoire avec un grand H dont elles seront témoins dissemblables. Avant 1949, Patricia n’aura eu qu’une seule vie. Après 1949, Patricia a 2 vies et ces deux vies sont très distinctes émotionnellement, sentimentalement, familialement. Je n’en dis pas plus, à vous de découvrir quelles furent ces deux vies.

Pour ma part, j’ai bien aimé, j’ai passé de bons moments. J’avais commencé ce livre un peu sceptique, puis à mesure que j’avançais, j’appréciais de plus en plus. Moi qui ne suis pas pourtant fleur bleue, j’ai trouvé que c’était une histoire intéressante, écrite d’un point de vue féminin, sur les deux vies familiales de Patricia, avec ses joies et ses peines, ses déceptions et ses réussites, les naissances et les morts, etc., racontées avec empathie et humanité. Le seul bémol est le style, très simple et passe-partout, manquant de personnalité, trop aseptisé à mon goût.

Uchronie à tous les étages

6 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 9 juillet 2020

Imaginez. Vous avez l’idée pour écrire deux romans différents mais vous n’avez l’opportunité de n’en écrire qu’un. Comment faites-vous, lequel choisissez-vous ?
Vous faites une « Jo Walton » ! Un départ de roman commun et à l’issue d’un choix que doit faire l’héroïne au détour d’une page vous partez dans deux directions différentes, saupoudrant le tout de pseudo fictions (du type la ville de Delhi qui reçoit une bombe atomique de leurs amis chinois, et Miami et Kiev aussi). Autant le dire, pas convaincu je suis (mais je crois que l’aviez compris !).
Patricia Cowan est née en 1926 (comme ma maman !) et elle finit ses jours, au début du roman, dans une maison de retraite. Elle est « confuse », on pense à de l’Alzheimer. Elle se souvient de deux vies. Deux vies très différentes et qui résultent toutes deux de la réponse qu’elle avait dû faire à Mark, au téléphone, une réponse qui allait conditionner sa vie. Et là pour le coup c’est le lecteur – du moins votre serviteur – qui est confus. Et pas qu’un peu.
En 1949 – elle 23 ans – elle est enseignante au fin fond d’un trou perdu de la campagne anglaise et vit séparée de Mark, son fiancé, en train d’étudier à Oxford pour le diplôme qui lui permettra d’avoir une belle carrière universitaire. Elle est en stand-by donc quand tout à coup le coup de téléphone arrive. Contre toute attente, Mark, brillant étudiant mais trop sûr de lui a échoué et devra se contenter d’une carrière d’instituteur. Bon. Il l’informe de la situation et termine sur un ultimatum :

» - Je n’aurai pas le droit à la bourse. Je vais finir instituteur. Tu peux reprendre ta liberté, Patty. Je ne veux pas t’imposer ça. » Il semblait au bord de la crise de nerfs.
« Mais c’est ridicule ! Je serai toujours là pour te soutenir, tu le sais. J’attendrai aussi longtemps qu’il le faudra.
- J’ai promis de t’épouser et je tiendrai ma promesse. Mais c’est maintenant ou jamais ! »


Mais ce n’est pas si simple, car en ce temps-là les femmes n’avaient le droit d’enseigner que si elles étaient célibataires ( !). Epouser Mark, c’est renoncer à travailler.
Alors, page suivante, début du chapitre 6, Tricia répond : »… c’est maintenant. »
Et 10 pages plus loin, chapitre 7, Patty répond : »… ce sera jamais ! ».
Et voilà, les dés sont jetés. Dans la suite du roman, Patricia Cowan sera alternativement Tricia et Patty. Les deux destins vont bifurquer, l’occasion pour Jo Walton d’écrire les deux romans dont je parlais, deux vies de femme radicalement différentes. Qui ne sont pas inintéressants mais … que de complications, quel faux-semblant maladroit (m’a-t-il semblé) ! Tout ça pour retrouver in fine Patricia dans sa maison de retraite qui ne sait pas quelle est sa vraie vie, qui sont ses vrais enfants.
Alors bien sûr, Jo Walton aborde des sujets passionnants : homosexualité, condition des femmes anglaises au XXème siècle, confusion mentale type Alzheimer, … mais le procédé m’a perdu et je n’y ai pas trouvé mon compte. Dommage !

PAT-TRICIA

9 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 59 ans) - 9 juin 2020

Tricia et Pat sont toutes deux très attachantes.
L’auteur les traite à égalité mais au début le couple Pat - Bee est très idéalisé et à l'opposé, le couple Tricia – Mark est cauchemardesque.
Plus loin les bonnes et mauvaises choses changent de couples.
Cette lecture est troublante par moment mais très intéressante.
L’auteur aborde des thèmes qui font réfléchir : la violence dans le couple, l'homosexualité, la condition de la femme, la vieillesse, les maladies, Alzheimer …
Un livre à lire.

Le bon mot

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 27 avril 2020

Patricia Cowan commence seulement sa carrière d’enseignante, quand elle reçoit un coup de téléphone de Mark, son fiancé resté à Oxford pour terminer ses études. En 1949, téléphoner signifie une nouvelle urgente. Et elle l’est. Mark lui demande de l’épouser...maintenant ou jamais.
En quelques secondes, Patricia doit décider de sa vie ; arrêter le métier qu’elle aime et devenir une mère au foyer (les femmes mariées n’ayant pas le droit de travailler), ou continuer à enseigner la littérature en toute indépendance.
Chaque choix l’emmènera dans deux vies radicalement opposées. L’une dans une vie de soumission où elle devra même renoncer à son prénom pour devenir Tricia, puis Trish.
L’autre, où elle sera Pat, femme libre et indépendante, amoureuse d’une femme, Bee.
Chaque vie aura son compte de bonheurs, de malheurs, de deuils. Dans chacune, elle sera maman. Puis une grand-maman très présente auprès de ses petits enfants.
Son premier choix nous décrira une vie banale et soumise au Royaume-Uni de 1926 à nos jours, les grands événements connus de l’Histoire contemporaine, quand l’autre nous emportera dans un monde futuriste, où elle tombera amoureuse de Bee et de la ville de Florence, mais un monde où l’arme nucléaire est largement utilisée sur la planète.

Deux histoires aussi passionnantes l’une que l’autre, où le lecteur, grâce au prénom porté par l’héroïne (Patsy, Pat, Tricia, Trish), ne se perd jamais. Même si la fin du livre se complique un peu quand la famille s’agrandit de nombreux petits-enfants, que l’on aura le temps de voir grandir eux aussi.
Comme sa maman avant elle, Patricia souffre de troubles de la mémoire. Arrivée à 90 ans, elle ne peut "choisir" sa vie, la vie qu’elle a vécu.
"Allongée sur le lit, tiraillée entre ces deux réalités, elle conservait tous les souvenirs de ses deux vies… mais cela ne pouvait être vrai. Une seule des deux familles était réelle, mais laquelle ? Elle les aimait tous."

Un roman double, dont les dernières pages qui décrivent l’amour de Pat pour tous ses enfants, et la détresse de ne plus savoir quelle vie elle a vécu, sont le plus émouvantes, tant le choix à faire est déchirant.
Et me revient le souvenir de films qui datent de 1993 d’Alain Resnais, Smoking, No smoking montrant comment un détail, un mot peut changer tout une existence.

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