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Forums  :  Vos écrits  :  Günther l'éléphant

Magicite
avatar 10/01/2020 @ 22:19:04
*comme je ne vous ait pas offert de chocolat pour les fêtes, que je ne suis pas pâtissier et que nous sommes encore dans cette période où la joie et les fêtes qui nous protègent du froid de l'hiver et nous a remplis à nous faire déborder par tous les coins comme les repas de fêtes voici une gourmandise -j'espère- que je vous ait concocté et qui est plus facile à livrer par le réseau mondial qu'un ballotin de papier voici rien que pour vous en espérant que ce soit digeste:*
[center]La terrible, tragique et merveilleuse histoire de Günther l'éléphant[/center]

Depuis tout jeune enfant Günther a été diagnostiqué à effet lent.
Depuis il aime les éléphants.
A Niort il n’y en a pas souvent.
Alors il regardait sur une cassette vidéo les aventures de Dumbo, rêvant de trouver une plume et un chapeau.

Sa grand-maman a dit qu’il a de la gelée de groseille dans le caboulot. Lui croyait que les fleurs sortaient des chapeaux déjà coupées mais ne croyait pas trop les cabillauds. Bien sûr les fleurs poussent sur le sol et parfois dans les pots. Il avait essayé de les manger pour voir s’il pouvait cracher du parfum de toutes les couleurs et odeurs mais ça avait seulement fait des gargouillis dans son ventre. Faut dire les iris et les jonquilles c’est pas très digeste. Il aurais voulu être un éléphant, même un tout petit comme lui un éléphanteau pas plus haut que le porte-manteau et qui aurait digéré les fleurs. Il avais grandi quand même et on l’avait amené au travail. Il tirait des poids super lourds ou mi-moyens, se sentant comme un éléphant. Parce que Günther il aimait les éléphants, il aurait voulu les suivre et voyager avec eux dans les steppes de Nouvelle Aquitaine et au-delà à la Frique où les éléphants dansent sur les places et les bancs. Mais il n’avait jamais rencontré d’éléphant.

Il avait commencé à mâcher de la paille et manger des pommes comme Dumbo et ne manquait aucun documentaire à la TV quand il pouvait les regarder. Parfois il y avait des éléphants. Des éléphants à oreilles variables, en jeans évasé en bas mais jamais des éléphants blancs. Même si grand-pépé lui avait dit que c’était pas bon pour lui Günther aimait le chocolat blanc. Il aurais aimé rencontrer un lion blanc ou même les éléphants blancs. Ils dansent les éléphants blancs, encore plus gracieusement qu’une ballerine d’une tonne. Et même quand il marche on dirait la revue de l’armée de l’air mais qui serait à terre. Günther aurait voulu être un éléphant blanc, même un gris ou un sans couleur aurait fait l’affaire mais Günther n’était pas un éléphant et on disait de lui qu’il était un cerf volant. Comme il n’avait pas de plume comme Dumbo pour s’envoler il n’y croyait pas trop.
Lui ce qu’il voulait c’était voir des éléphants blancs. Il s’entraînait en cadence en remuant son croupion pour marcher comme les éléphants qui dansent comme le Charles de Gaulle dans la houle.
Une fois il avait transporté toute la caravane pour aller en Vendée. Lui n’avait rien à acheter ni rien à vendre alors il s’en tapait les naseaux (car Günther aimait les éléphants et seulement les éléphants, qu’ils soient gris, noirs ou même noir et blanc comme des zébréléphant). En Vendée ils avaient tout vendu ce qui allégeait la charrette et laissait du temps pour flâner près des quais. Il était passé pour la première fois près de la mer, regardant passer les grands oiseaux blancs. Il leur avait crié ‘OhHé Ohé’ et puis ‘zavez pas vu des zéléfants ? d’où vous êtes vous voyez peut-être les palmiers de palais d’Afrique et d’Asie? Il y a des éléphants dans les steppes et les jungles de noix de coco.’.
Les oiseaux c’étaient des goélands, ricaneurs comme des hyènes mais pas moqueurs comme les mouettes. Ils lui répondirent alors de leurs cris grinçants:
_Nous on a que des cervelles d’oiseaux. On sait traverser la mer de palmiers en palmiers mais pas quoi ressemblent les éléphants et encore moins les noms des endroits où on va. On a entendu parler de la frique et du zizi mais on sais pas ce que c’est. Dis nous à quoi ressemblent les éléphants et on te dira si on en a vu par ici.

C’étaient de bons oiseaux, en tout cas si vous n’étiez pas un cabillaud et Günther n’aimais pas le cabillaud à la gelée de groseille.
Il leur décrit les éléphants: Grands comme des maisons, gris comme des souris, avec un nez comme une tige de marguerite inversée mais sans la fleur et juste deux trous comme des mains pour cracher respirer et se gratter le dos. Parfois ils appellent leur maman et ça fait un bruit de trompe d’éléphant comme si les arbres s’agenouillent pour les laisser passer.
Les piafs piaffèrent pour se consulter. L’un d’eux s’esclaffa:
_Mais oui des haies les faon! Il y en a un au port qui va bientôt aller vers les bancs de poisson.
Günther qui n’était pas si vif et ne savais pas ce qu’était un port de marins s’écria que les porcs sont dans la porcherie et qu’il n’a jamais vu de poisson là bas, même sur les bancs.
Les volatiles se moquèrent mais gentiment et lui indiquèrent comment aller au port, qu’il n’avait que longer les quais où il y avait tous les déchets à manger.
Bien qu’il ne mangeât pas de déchet Günther trotta le long des quais pour aller voir l’éléphant porc.
Il aurait aimé un troupeau mais il y avait qu’un seul gros paquebot. Grand comme un immeuble, sa coque bleue sombre avec des rayures jaunes.

Cela ne ressemblait pas à un éléphant bien qu’il dut avoir des pattes immenses pour tenir debout dans l’eau. Comme il n’avait pas non plus de museau cela ne devait pas non plus être un porc qui sont d’habitude rose ou noir comme dans le roman de Stendhal, celui où Mme de Rênal tombe amoureuse du porc du curé. Günther lisait peu et il ne pensait qu’à des éléphants quand il pensait alors ses souvenirs de la lettres ratures sont plutôt embrouillés, peu de livres parlent vraiment d’éléphants d’ailleurs et certainement pas Stendhal quoique chacun peut l’interpréter comme il veut.
Soudain le pas que beau glisse comme un canard disproportionné dans le mouillage du port.
Il a des narines sur la tête, un peu comme les dauphins qui sont gris et rigolos quand ils sortent de l’eau en sautant. Les narines soufflent une fumée noire qui se répand dans le ciel. Elles sont allongées comme la trompe d’un éléphant qui nagerait sur le dos.
Et surtout après quelques inspirations et expirations de fumée noire dans le port, quand les vaguelettes créées par le déplacement pachydermique du navire crurent en déferlantes dans le sillage de son départ pour s’écraser en vagues s’écrasant contre les bords de la terre, le bruit retentit.
Cela ressemblait au cri d’un éléphant qui prend son envol, à l’appel qui traverse des jungles de banane et d’arbres couverts de singes.
PWOUAHTHMMPPPGRMPPPFFF
Un cri qui ravit Günther car il aime les éléphants et le cor de brume lui évoque l’appel de tous les éléphants qu’il n’a jamais connu ni vu à part sur le poste télé de son maître quand il a fini la journée et s’assoit dans le fauteuil où il ne bougera plus sauf pour aller manger la potée au lard que fait la maîtresse avant que la bougie soit soufflée.
Il tambourine les pattes sur le sol, essaie de souffler par ses naseaux pour imiter le bruit. Tend le coup comme pour mieux voir le bateau qui déjà s’éloigne de la côte en brassant toujours des vagues qui se fracassent sur la jetée en recouvrant d’écume le sol de bois cranté.

Il est si enthousiaste qu’il pense même à courir et se jeter dans la mer pour attraper le paquebot par la queue et le suivre jusqu’aux steppes où s’ébat sa famille de cœur, les troupeaux d’éléphants libres et sauvages, graves et sages, riants et dansants.
Mais bien sûr il n’en fait rien, il sait bien qu’il ne peut nager comme un éléphant de mer.
Les jours suivant rentré chez lui il s’ennuie. Ses rêves d’éléphants perdus le laissent triste. Ses maîtres ne comprennent plus pourquoi sa grosse tête qui s’allonge sur son museau à grandes dents n’est plus dans le cadre de la fenêtre à regarder la télé avec eux.
Quelques mois ternes s’écoulent sans qu’aucun cri d’éléphant ou de paquebot ne retentisse à Niort et même dans sa proche campagne.
Les éléphants ne sont pas fréquents là bas mais plus que les paquebots.

C’est pour cela que Günther s’acquittant de sa charge et mangeant des pommes sans plus se croire éléphant eut la surprise de sa vie. Un jour que les paysans allaient au marché pour vendre du boudin, alors que l’hiver s’épaississait et recouvrait le sol d’une mince couche de verglas craquante sous les sabots il entendit avant de voir une apparition curieuse, curieuse troupe bariolée.
Précédé par une estafette jaune surmontée d’un porte-vois, de majorettes et tambours majors mitraillant de leurs baguettes leurs instruments toute la troupe d’un cirque lançait des invites aux petits enfants et aux plus grands qui ont le porte-monnaie pour le spectacle et ses deux représentations unique.
C’est l’odeur avant même de les voir qui le heurta d’abord. Une odeur de terre, de foin, d’un peu d’urine et de crottin séché. Il y avait bien des éléphants dans la parade. Gardés et entourés par plus de gardes qu’un palais leur trois gros ventres portant leurs têtes lunaires allongées de la trompe et tout ça déambulait dans les faubourgs de Niort.
Comme tous les passants, comme son maître le paysan menant l’attelage, Günther se tint coi et regarda passer la troupe, regardait les trompes se balancer et les queues ondulantes entre des fesses plus larges que des voitures.
Il s’écria un hennissement sauvage, traînant la carriole vers la route pour mieux voir le cortège.
Chic des éléphants. Et à son cri une trompe se leva comme le bras de la dame du lac émergeant de l’eau. Barrit comme une barrique vide de vieux cognac. Trompette paradisiaque pour un amoureux des éléphants. Comme la tête d’un cheval est plus haute que le public il eut même le temps de croiser le regard avec les éléphants. Ils étaient tout ce qu’il voulait être, grand fort et majestueux, fleurant le crottin exotique et avec de grands yeux tristes et émouvants.
Il leur dit :
_‘Chic voilà les éléphants, emmenez-moi, emmenez-moi vers la Thaïlande porter des troncs d’arbre et des cornacs, vers l’Afrique où les oiseaux se gavent de pépins dans vos bouses après votre passage. Emmenez-moi dans vos troupeaux pour danser sous la lune éclatante au son des champs des indiens et emportant les palanquins des Maharadjah!’.
Les cornages lui répondirent. Ample , lugubres et un peu triste:
_’Oh un cheval de trait. Qu’il est poilu avec ses fanfreluches au jabot et que ses sabots sont durs. Emmène-nous avec toi faire la liesse dans les vastes champs , quand les paysans ont rentré les foins et versent la bière en vénérant Cérès, en dansant les gigues enfiévrés, où l’air est libre et la charrue la seule cage, où nous pouvons courir sans risque de renverser un clown.

Il hennit, ils barrirent. Longuement. Trompes en l’air comme des chevaliers aux armes dressés pour une joyeuse rencontre plein de rêve de l’autre, gueule ouverte et dents d’émail scintillantes de bave, dégagé du mors.

Günther rêvait d’inviter les éléphants dans sa grange où l’air est toujours doux et tiède, de les faire venir patauger dans la boue de l’étable pour discuter avec les bœufs, de leur faire entendre le chant du porcelet nouveau-né, de leur faire découvrir son Afrique imaginée, son Asie de champs d’avoines plus que de rizière qu’il laboure en début des saisons.
En quoi son rêve était il plus fou que de suivre les éléphants qui rêvaient de devenir des chevaux de trait dans les champs.

Tistou 11/03/2020 @ 18:16:49
Etrange chose avec des embardées poétiques vers un monde "Vianesque". Günther le faux éléphant vrai cheval de trait qui finit par dialoguer avec de vrais éléphants qui rêvent d'un quotidien de cheval trait. D'ailleurs ... l'herbe n'est-elle pas plus verte dans le pré d'à côté ? Ben si tiens ! Demandez à Günther !

Minoritaire

avatar 16/03/2020 @ 22:53:41
Peut-être que je rêve, en lisant de pareils textes, que ceux qui les écrivent se jouent de toute contrainte. Que leur traitement de texte patine joyeusement dans la gelée de groseille. Je ne sais jamais quoi en dire tant c'est éloigné de mon univers rationnel. Et pourtant ça tient; un peu bric-à-brac, de briques et de breloques, de cuir d'éléphant et de crin de cheval sur des cordes de violoncelle, parce que moi, j'aime le violoncelle.
Vian ? Tiens, j'aurais dit Prévert :-) https://www.youtube.com/watch?v=Ay6lhO_KviM mais on va pas en faire un gruyère.

SpaceCadet
avatar 17/03/2020 @ 13:52:04
Oh, la jolie fable! Avec dedans des rêves fous et de belles images, des images qui ressemblent à des rêves d'enfant.

Magicite
avatar 19/03/2020 @ 12:50:53
Oulipo, aussi bien dans l'idée que la technique d'écriture(d'où en effet l'affranchissement de contraintes par l'écriture automatique),
du coup je crains que style + néologobarbarisme ne puisse rendre un peu difficile la lecture, perdre et casser la fluidité qui permet d'avoir les images.

L'herbe est plus verte à côté c'est venu totalement par hasard, je ne savais pas comment finir et ça m'a surpris moi même alors que pour le reste j'avais des lignes directrices en tête.
Ca correspond à ce que je voulais, ça manque de relecture/corrections (écrit dans un souffle c'est pour ça j'ai l'impression qu'il faut un peu s'accrocher au début) et certains passage sont limites...Stendhal qu'est ce qu'il fait là, étrange je suppose que ça décrit le plus ce texte

Mon traitement de texte il devient tout rouge en effet, je pense qu'il a l'habitude.

Merci de vos lectures et commentaires

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