Darius
avatar 08/06/2018 @ 18:01:22
L’arbre, telle une pelote de laine dont les cheveux deviennent d’étranges personnages.
Les branches aux enchevêtrements de nids où les oiseaux sont enfouis.

Le printemps est gorgé de jus et les fruits accompagnent une explosion de fleurs.
Les cabanes s’éclairent, rient et s’exclament sous le ciel qui ploie après la pluie.

L’homme passe, bruisse sous le vent, observe les feuillages dressés vers le ciel.
Il agite les bras dans tous les sens, ses mains font des moulinets affolés.

L’enfant qui l’accompagne luit sous la lune qui éclaire une herbe frileusement étirée.
La forêt s’ensanglante d’ennui et les visages des deux errants cachent des secrets

Les écorces des arbres s’estompent, les souvenirs de l’enfant pèlent et s’effritent
Les feuilles sont des lampes torches qui éclairent les étoiles virevoltant au vent

L’adieu de l’homme à l’enfant est un diamant dur, ses yeux ont le regard triste
Ses veines sont des monstres à mille têtes dont les racines sanguinolentes restent béantes

Ses cris sont des marionnettes agiles et les oiseaux poussent des hurlements terrifiants
Leur gorge est un monstre tapi où l’automne roucoule de plaisir

Le fils gronde de mécontentement et pleure le vent d’amour de sa mère.
Il est étreint d’une émotion irraisonnée et souffre d’une douleur lancinante

Il serre la main de son père et se demande s’il le déteste ou non
La forêt se penche sur ce petit être et les arbres le regardent avec sollicitude

La vie rit sous son chapeau et les champignons ressemblent à un champ de roses
Sa peur s’engourdit sous le froid et ses membres restent figés d’effroi.

Demain il fera jour, mais son cauchemar aura t’il pris fin ?

Pieronnelle

avatar 09/07/2018 @ 09:51:20
Me voilà enfin Darius ! J'avais lu déjà ton texte mais j'attendais la venue des autres anoncés...en vain.
Alors voilà ; non seulement ton texte est original mais il est "gorgé" de poésie ; j'utilise ce terme car il correspond je trouve au ton et aux mots utilisés libérés de contraintes car cauuchemardesques...il faut de plus le relire plusieurs fois car il y a énormément de choses qui interpellent. Il y a des phrases qui sous leur allure extravagante résonnent finalement en soi. C'est la nature qui éclabousse, belle et dangereuse, rassurante et angoissante et cette communion dans le cauchemar de l'enfant nous amène à réfléchir sur ce qui sera demain...pour nous tous !
Merci pour ce beau moment Darius !

"Le fils gronde de mécontentement et pleure le vent d’amour de sa mère."
"Il serre la main de son père et se demande s’il le déteste ou non"

Psychanalytique : -)

Darius
avatar 11/07/2018 @ 14:03:17
merci Pieronelle, c'est un texte qui m'est sorti comme çà, en laissant parler mon inconscient...

c'est en le relisant et en le relisant encore que j'ai vu qu'il y avait des choses intéressantes...

Lobe
avatar 18/07/2018 @ 10:00:07
J'aime beaucoup le commentaire de Piero qui est très juste. Moi aussi les images me saisissent, certaines sont un peu maladroites mais charmantes, d'autres me touchent beaucoup ("les souvenirs de l’enfant pèlent et s’effritent": cette peau de soi qu'on ôte chaque jour, dans la douleur ou la joie, nécessairement, car c'est tragique de se perdre et de changer, nécessairement).

"c'est en le relisant et en le relisant encore que j'ai vu qu'il y avait des choses intéressantes..."

Ca aussi, c'est drôle: on écrit, on oublie qu'on a écrit, on relit, on relie à qui a écrit, on se demande, mais, qui a écrit? Drôle de je(u).

Tistou 23/08/2018 @ 15:44:44
Etrange objet que j'ai classé pour ma part dans mon fichier de critiques à la rubrique "Poésie".
Pourtant tout est dit dans le titre ; "Le cauchemar ..." Un cauchemar, c'est un rêve et un rêve peut être assimilé à de la poésie. Noire, dans ce cas.
Ecriture automatique, ou quasi, nous dis-tu ? Ca explique le sens décousu des enchainements. Comme un cauchemar en somme. Un cauchemar en lien avec la planète ou avec une relation enfant/parents ?

Darius
avatar 23/08/2018 @ 17:36:33
Ecriture automatique, ou quasi, nous dis-tu ? Ca explique le sens décousu des enchainements. Comme un cauchemar en somme. Un cauchemar en lien avec la planète ou avec une relation enfant/parents ?


tout à fait, les deux, tu as bien capté...merci

Magicite
avatar 20/09/2018 @ 20:55:26
coucou, super texte en forme de poésie, comme le dit aussi Tistou. à cause du titre j'ai pensé aussi au roi et l'enfant. Ici on est dans la personnification de la nature et sans gnangnan (plutôt l'émotion la vraie) et j'aime bien ça. D'ailleurs 'poésie' et 'bucolique' sont des mots qui vont très bien ensemble (tous droit réservé Paul McCartney).
J'aime particulièrement cette phrase :
Leur gorge est un monstre tapi où l’automne roucoule de plaisir

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