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Forums  :  Vos écrits  :  Prise de conscience.

LisaSmnt
avatar 20/08/2016 @ 17:26:54
Je suis Aiden et ma meilleure amie vient de mourir.

Nous sommes le 2 Août 2016, il est 14 heures et 18 minutes.
A l'heure qu'il est un chauffard ivre, et sûrement paniqué, roule dans les rues de la ville.
Les caméras de surveillance le choperont à chaque excès de vitesse.

J'entends les sirènes des ambulances.
Les médecins et les infirmières s'affolent. Un enfant pleure, une femme se fait recoudre le bras, un accidenté est dans une salle fermé entouré de médecins.
Je suis visiblement la seule, figée, bloquée sur place.
Le corps gisant d'Emily est juste sous mes yeux. Je pleure, je rumine et je repense à nos derniers instants ensemble.
Elle venait de décrocher un job, nous avions de trouver un nouvel appartement magnifique.
La vie nous souriait.
Emily aurait dû avoir 24 ans dans quelques semaines.

Il faut que j'aille retrouver Baptiste.
Baptiste est un vieil ami proche d'Emily et moi.
Nous nous sommes rencontrés au collège. Depuis nous ne nous sommes plus jamais quittés, malgré la distance qui a tenté de nous séparer.

Je quitte l'hôpital, je pleure toujours, je monte dans ma Comet datant de 1964 et démarre en trombe, direction le gymnase.

Je pousse la grande porte vitrée, j'essuie mes larmes et m'avance vers la grande salle bruyante.
Baptiste est entraîneur de handball pour les enfants. Il adore son métier.
Il me fait de grands signes avec ses bras, je m'avance vers lui, les yeux rougis par mes sanglots.
– Re-bonjour ! Comment ça va depuis ce matin ?
– Allons nous asseoir, s'il te plaît.
– Ça va ? Aiden, tu me fais peur là.
– Viens.
Il siffle un grand coup dans son sifflet argenté.
– Faites des passes entre vous. Et pas de chahut.
Les enfants obéissent immédiatement.
– Bien. Alors qu'y a-t-il ?
– C'est Emily… Elle a eu un accident.
– Merde. Elle va bien ?
– Non, je suis désolée, Baptiste.
Il se tue, il est en état de choc. Moi aussi. Je ne peut pas me faire à l'idée de ne plus jamais la revoir, c'est au dessus de mes forces. Baptiste a les larmes aux yeux.
– Que c'est-il passé ?
– Un chauffard ivre, une rue glissante et une conductrice préoccupée par son premier jour de travail…
– Et toi ça va ?
– Pas du tout. Ma meilleure amie vient de mourir, comment veux tu que j'aille ?
– Excuse moi, je vais quitter le boulot plus tôt. On rentre à la maison.
– Je t'attends dans la voiture.
Il s'éloigne pour renvoyer les enfants au vestiaire. Je les regarde partir en pensant toujours a Emily.
Je me lève et sors du gymnase. Je monte dans ma caisse noire.
Dans la boîte à gant se trouve une photo de Baptiste, Emy et moi. Je souris en voyant la photo, nous avons passé des moments incroyable tous ensemble.
Baptiste me rejoint quelque temps plus tard. Nous démarrons et rentrons chez nous.
Le voyage fut calme et silencieux. Il fut également criant de désespoir et de tristesse.
Comment peut-on dépasser cela ? Comment peut-on oublier la mort d'un être cher ?
Rentrés dans l'appart, Baptiste s'enferme dans sa chambre, tandis que moi, je vais dans la chambre de la défunte.
Je reste coincée sur le seuil de la porte.
Sa chambre est ordonnée et propre, à l'inverse de la mienne.
Je prends la clé de la porte sur la commode, je verrouille la porte.
Personne ne pourra plus y entrer.
Je vais toquer du côté de chez Baptiste, nous devons préparer sa mise en terre.
– Baptiste
– Quoi ?
– L'enterrement.
– Tu te moques de moi, j'espère !
– Calme toi, j'y suis pour rien. On doit le faire, c'est ce qu'elle aurait voulu.
– Qu'est-ce que t'en sais au juste ? Vous vous êtes disputé la veille de sa mort. Tu m'étonnes qu'elle fût préoccupée quand elle est morte. C'est de ta faute tout ça ! Maintenant sors de ma chambre.
– T'as pas le droit de dire ça. Non, tu n'as pas le droit. Je l'aimais énormément, tout comme toi.
– Dégage putain ! Je claque la porte complètement effondrée.
Il ne peut pas dire ça, je n'y suis pour rien. C'est la faute du conducteur alcoolisé.
Je quitte l'appartement, bien décidée a picoler toute la nuit.

Le bar est vide, rien d'étonnant à l'heure du goûter. Je commande un pelleté de shot.
Je n'en ai plus rien à foutre, il n'a qu'à m'accuser, je m'en fous. C'est pour ça que j'aime tant l'alcool.
C'est le meilleur antidépresseur du monde.
Alors que j'en suis à mon cinquième shot, un homme m'accoste. Il a l'air plein d'espoir.
– Salut, ma jolie. C'est quoi ton p'tit nom ?
–Qu'est-ce que ça peut te foutre ?
– J'adore les nanas agressive qui ont du mordant.
– Désolée, chéri, mais t'es pas mon style.
– Je suis le style de tout le monde.
– Va voir ailleurs si j'y suis.
– Et si je ne veux pas, tu fais quoi ?
– J'te tue.
– T'osera jamais.
– T'es vraiment sûr de vouloir essayer ?
Il part draguer quelqu'un d'autre pour mon plus grand bonheur.
Je commence à me demander si Baptiste n'avait pas raison au fond. Nous sommes disputées toutes les deux pour une raison si stupide que je ne m'en souviens même plus.
L'Homme est-il un monstre ou le monstre un Homme ?
Si je n'avais pas cherché la dispute, elle n'aurait pas eu l'esprit ailleurs et elle aurait regardé avant d'avancer au lieu de se faire percuter de pleins fouets.
J'ai causé la mort d'Emy.
Tout est entièrement ma faute.

Je suis ivre, le barman m'a confisqué mes clés de voiture et a appelé un taxi.
Il me laisse gentiment une bouteille de Vodka que j'ai presque vidé à moi toute seule.

L'appartement est dans le noir et dans le calme le plus total.


Mon colocataire dort sûrement depuis des heures.
Je rentre dans ma chambre, je me déshabille et je m'allonge dans mon lit.
La pire journée de ma vie s'achève enfin pour laisser place au chaos total.







Je me réveille, il est 15 heures.
Baptiste est assis dans le canapé. Il ne me décroche pas un mot, je me risque a lui dire bonjour sans aucun réponse, même pas un regard.
– Je sais que c'est de ma faute, et j'en suis vraiment navrée. Pardonne moi, je t'en prie.
Il ne me regarde pas, il éteint la télé, se lève du canapé et vient se positionner devant moi.
Mon ami me fixe.
– On va se regarder en chien de faïence pendant encore longtemps ?
– Je vais faire mes valises, ce soir je m'en vais.
– Non, je t'en supplie reste.
Il s'éloigne en direction de sa chambre, je met ma main sur son épaule pour essayer de le retenir. Mon ancien colocataire la dégage.
Je me tait et le regarde partir, impuissante.

Je viens de perdre mon ami.
Je suis toute seule maintenant. Enfin presque. Il me reste une dernière personne a contacter en cas d'urgence.
Je saisi mon téléphone portable et contacte un ancien ami.
– Nick ? C'est Aiden… J'ai besoin de toi… Oui… Rendez-vous dans une heure… Comme d'habitude… A plus.
Je raccroche et je vais prendre une douche.

L'eau coule sur ma peau, il y a de la vapeur sur la porte en verre comme sur les miroirs.
Je suis droite et immobile sous le jet brutal de la douche. Mon esprit glisse ailleurs, je fait le vide dans ma tête.
Je sors de la cabine de la cabine, je me brosse les dents et je fonce m'habiller.

Je quitte l'appartement sans fermer la porte à clé.
Je vais au square du quartier. Mon rendez-vous m'attend déjà sur un banc en face de l'aire de jeux pour enfants.
– Ça faisait longtemps.
– La fac de droit, il y 2 ans.
– T'as trouvé un job depuis ?
– J'ai trouvé un bon cabinet, ça se passe bien. Et toi ?
– Je m'en sors bien. J'ai appris pour Emily, toutes mes condoléances.
– Merci, mon pote.
– T'en es a combien de jours ?
– J'ai bu hier soir…
– Putain Aiden ! Tu commençais à t'en sortir !
– Comment veux-tu que je fasse autrement ? Baptiste a quitté l'appartement ce matin.
– Je sais que tu es au plus bas en ce moment mais tu étais abstinente depuis une année complète et là tu vas devoir tout recommencer à zéro.
– T'es le seul a savoir pour mon alcoolisme et j'aimerais que ça reste ainsi.
– Tu dois retourner chez ta psy.
– Je sais que j'ai de sérieux problème, mais je vais arrêter là, je te le promet.
– Je te laisse une chance, une seule. Si tu te loupes je te fous en cure.
– Au revoir, Nick.
Il se lève, me salut et rentre chez lui.
Je l'imite.

Je roule vite, il n'y a pas de circulation. ACDC a fond dans la bagnole.
Je me dirige vers chez moi, mais je choisis de faire une halte au bar.
– Salut, Joe !
– Salut, ma belle. Comme d'hab ?
– Tu me connais mieux que moi même, dis-je ironiquement.
– Qu'est-ce qui ne va pas ?
– Je préférais pisser le sang plutôt que de rester là a parler de mes sentiments. Sers moi.
– T'es sûre ?
– Si tu ne me sers pas, je vais voir ailleurs.
– Bien, comme tu voudras.
Il ravala sa fierté et me servis des shots.
Jacques Dutronc a dit « L'alcool, il y en a deux versions. Soi c'est un ennemi qui te veut du bien mais qui te fait du mal. Soi c'est un ami qui te veut du mal mais qui te fait du bien. »
– Tu noies tes chagrins dans l'alcool, me demande une voix étrangère.
Je tourne la tête.
– Salut, beau gosse. Et toi qu'est-ce que tu fous ici ?
– Comme toi.
Il pose sa main sur ma cuisse, comme une invitation a finir la soirée dans un coin plus intime. Je suis soûle, j'accepte.
Nous nous levons.
La soirée s'achève donc sur une note de plaisir.









Le réveille est particulièrement dur.
Ma tête va exploser d'une minute à l'autre.
En une année, ma tolérance à l'alcool a baissé.
Je me dirige vers le placard a pharmacie de la salle de bain. Mes mains sont appuyées sur le rebord de la vasque. Je scrute mon visage dans le miroir.
J'ai des cernes aussi grandes que les poches de mon survêtement. Si Nick me voyait il me tuerait pour avoir picolé. Emily et Baptiste n'ont jamais su pour mon passé d'alcoolique.
J'étais en fac de droit à ce moment là. J'ai eu mon diplôme de justesse grâce à Nick. Je vivais dans un studio miteux avec lui avant de revenir dans la grande ville avec Emy et Bapt.
Il s'est occupé de moi comme un grand frère.

Je vais sur mon balcon pour m'allumer une clope.
Je sens une main sur mon épaule.
– Nick.
– T'as fait quoi de beau hier soir ?
– J'ai baisé et j'ai un tout petit peu bu.
Il se mit a parler plus fort.
– Ta gueule. Parle pas si fort putain.
– T'abuses.
– Désolée, vieux. Je fais ce que je peux.
– Tu avais une chance et tu l'as gâché. Je te ramène en désintox.
– Non ! Je t'en supplie, ne fais pas ça.
– Trop tard. Habille toi.
– Je ne bougerais pas d'ici.
– Oh que si, sinon je te fringue moi-même.
Je le supplie littéralement à genoux. Il ne bouge pas d'un cil. Nick ne changera jamais d'avis. Je décide alors de prendre mon courage a deux mains et d'aller m'habiller.
Je ne compte pas aller en centre de désintoxication, berner Nick ne devrait pas être dur.
– J'y vais, laisse moi juste le temps de prendre quelques affaires.
– D'accord.
Je fonce dans ma chambre, je m'habille rapidement. J'ouvre la fenêtre qui donne sur une petite cour. Je saute et j'atterris dans un buisson.
Je me suis égratigné le genou et j'ai troué mon jean.
Je me relève et je pars en courant.
J'entends Nick hurler mon prénom. Je stop ma course, me retourne et lui fait un putain de doigt d'honneur avec un beau sourire en coin.
Puis je me retourne et je reprend ma course de plus belle.
Il a vraiment pensé que j'allais le laisser m'enfermer en cure ? C'est très mal me connaître.
Je contrôle la situation. Je suis jeune c'est normal que je picole.
Je vais me louer une chambre dans un hôtel, j'attendrais que Nick soit au taf pour aller chercher des vêtements et d'autres trucs.
Je suis en quelques sort, une fugitive. Je refuse le sevrage.
La mort d'Emily, le départ de Baptiste, le retour de Nick, la cure…
Comment suis-je censée survivre sans vin, sans shot, sans tequila ?
Ma vie part en live et tout ça a cause d'un connard… bourré.
Je viens d'avoir une prise de conscience. Ça aurait pu être moi ce chauffard.
J'aurais pu tué un être humain moi aussi.
Je dois la faire cette cure. Il le faut, pour la sécurité de mon entourage et la mienne.
Je fait demi-tour pour aller à l'hôpital.

– Bonjour Mademoiselle. Puis-je vous aider ?
– Je suis alcoolique.
J'ai tout de suite vu la pitié dans son regard. J'ai une folle envie de la gifler.
– Je vois, me dit-elle comme si j'étais un déchet de l'humanité, je vais vous accompagner.
Les couloirs de l'hôpital sont silencieux et très propre.
L'infirmière m'emmène dans l'aile spécialisé. Un médecin s'approche de moi pour m'emmener dans un bureau en privé.
– Comment vous appelez-vous ?
– Je m'appelle Aiden. Aiden Smith.
– Aiden, je suis le Dr.Adelstein et je suis là pour vous aider. Quand avez-vous commencé à boire ?
– Il y a deux ans et je suis censé ne plus boire depuis un an.
– Censé ?
– De malheureux événements m'ont fait replonger.
– Lesquels ?
– Je suis là pour me sevrer de l'alcool pas pour étaler ma vie privé devant des inconnus.
– Vous buvez à quelle fréquence ?
– Je buvais tout les jours.
– Combien de verres ?
– Tout dépend de la boisson.
– Vu votre état d'esprit et votre rapport avec l'alcool, je vous conseillerais de rester ici pendant trois semaines.
– Vous vous foutez de moi ? Trois semaines !
– Quatre maximum.
– Très bien, Doc.
Le Dr. Adelstein se leva pour m'emmener dans ce qui va devenir ma chambre.
Les murs, les draps, le lit, les rideaux tout est blanc. Blanc. Blanc. Blanc. Il n'y a pas la moindre touche de couleur. Même pas de noir ! C'est triste.
Le Doc m'invite à m'installer et à m'approprier les lieux. Dès qu'il sors, je décide d'aller dans la salle commune.
La salle est aussi blanche que la chambre.
Une infirmière m'ordonne d'aller voir le médecin qui m'a accueilli et qui, désormais, s'occupe de ma guérison.
– Vous vouliez me voir, Doc ?
– Oui, Aiden. J'ai de la paperasse pour vous.
– Génial… C'est quoi exactement ?
– Votre consentement par écrit et la liste de visiteurs que vous acceptez de recevoir.
Je prends les papiers et les signe. Dans la liste j'inscris seulement le nom de Nick et celui de Baptiste, au cas où Nick l'aurait informé de ma disparition.
Je n'ai pas appelé mon ami pour lui dire que je m'étais rendu ici. Il est sûrement en train de me chercher dans toute la ville.
– Merci.
Je retourne dans la salle commune. Je m'assois sur un rebord de fenêtre. Je suis adossée au mur.
Un homme a l'air dérangé s'approche de moi.
– T'es là pour quoi toi ?
– Et toi ?
– J'adore parler avec toi. Moi, c'est pour la drogue.
– T'es là depuis quand ?
– Deux semaines. Toi par contre, t'es nouvelle.
– Exact. Comment tu t'appelles ?
– Aiden, et toi ?
– Tony. Enchanté de te rencontrer.
– Tony, tu veux bien me faire un topo des gens d'ici ?
– Bien sûr. Là-bas, c'est Marie. Elle est plus folle que droguée, elle essaie de convaincre tout le monde que les extraterrestres existent, me dit-il en me montrant des yeux une jeune femme assise sur une chaise à bascule.
C'est vrai qu'elle a l'air folle.
– Ensuite ?
– Là, on a David, alcoolique comme toi.
– J'ai jamais dit que j'étais alcoolique.
– Ça se voit sur ton visage, tu as le visage marqué par l'alcool. En deux semaines j'ai eu le temps de remarquer les différents types de personne qui sont ici. Deux personnes se sont fait emmener de force.
– Je croyais que c'était impossible. La loi stipule que nous devons être consentant pour venir dans ce genre d'endroit.
– Une avocate alcoolique, j'avais encore jamais vu ça.
– Je suis donc si prévisible ?
– Non, mais tu parles de la loi comme si tu la connaissais par cœur.
– C'est un endroit sympa ici ?
– C'est un centre de réhabilitation, donc c'est aussi bien que ça peut l'être.
Je vis une silhouette familière dans le coin de la salle.
– Bouge pas, Tony. Je reviens tout de suite.
Je suis la silhouette jusque dans un couloir peu éclairé.
Cette ombre, ça ne peut pas être elle. C'est impossible.
Je me retrouve dans les toilettes.
L'ombre me fait face.
– Emily ?
Je m'approche, je tente de la toucher mais à ce moment là, elle s'évapore.
Une infirmière se pointe dans les toilettes et me ramène là où se trouve Tony.
– Ça va ?
– Oui.
– T'étais partie où ?
– J'ai cru voir une vieille connaissance.
– Ouais bah dépêche. La réunion de groupe va bientôt commencer.
– La réunion de groupe ?
– Un psy se pointe pour nous prendre en petit groupe et nous fait causer.
– Super.
Comme Tony l'a dit. Un psychologue se met au milieu de la pièce pour appeler des noms.
Elle cite le mien et celui de mon nouvel ami.
Tout le monde prend une chaise pour former un cercle.
Ils se foutent de ma gueule ? Rassurez moi.
Nous sommes tous installés.
– Bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, nous accueillons une petite nouvelle. Aiden.
– Bonjour, Aiden , répondirent-ils tous en chœur.
– Raconte nous ton histoire Aiden.
– Je suis alcoolique.
– Que c'est-il passé ?
– Rien, l'envie de boire c'est tout.
Elle passe a d'autre clients.
L'heure de la psychanalyse est terminé. Tout le monde remballe et la psy retourne dans son petit pavillon de riche.
Elle s'apprête a passer le seuil de la porte quand elle se retourne pour venir vers moi.
– Aiden, pourquoi as-tu mentis ?
Je ne répond pas et fixe la fenêtre.
– Tu as perdu quelqu'un, ça t'as plongé dans le seul réconfort que tu as trouvé, c'est à dire l'alcool. Tes amis ont tenté de te sauver mais tu t'es entêté et tu es là aujourd'hui.
– Fermez votre grande gueule ! Vous ne savez rien de moi, ni de mon passé. Ma meilleure amie est morte, mon seul ami restant est parti, je suis retombée dans l'alcool et le sexe. Et oui, retombée. J'ai un problème d'alcool depuis des années déjà.
Je vois dans son regard quelque chose qui ressemble a de la pitié, je lui fait de la peine.
Je m'emporte et ma main se lève toute seule. Elle atterrie sur son visage.
Tony a vu toute la scène et intervient avant les médecins. Il m'attrape et m'éloigne du docteur.
– Qu'est-ce qui va pas chez toi ?
– Personne n'a le droit de me parler d'Emily. Personne.

La nuit tombe, je vais me coucher. La journée a été éprouvante.









Tony vient me réveiller.
– Debout, le belle aux bois dormant.
– Quoi ? Mais qu'est-ce que tu m'veux ?
– Le boss veut te voir. Quelqu'un veut te voir.
Je me rend dans le bureau du médecin.
– Mademoiselle Smith, vous avez une visite. Un dénommé Baptiste.
Je suis bouche bée. Il m'escorte jusqu'à la salle des visites.
Je m'assoies à la seule table occupée.
– Aiden, je suis terriblement désolé. Je n'étais pas au courant que…
– Que j'étais une ivrogne ? Personne ne le savais. Pourquoi es-tu là ?
– Je voulais m'excuser de t'avoir dit que la mort d'Emy était de ta faute, j'étais malheureux et triste. Je ne comprenais ce qui ce passait. Je t'ai fait payer pour un crime que tu n'as pas commis.
– Ce n'est rien.
– Au contraire, c'est beaucoup
– J'avais besoin d'entendre ces mots, aussi durs soient-ils. J'aurais fini par replonger tôt ou tard.
– Mais je t'ai laissé toute seule dans cet enfer.
– Je ne serais jamais seule. Parlons d'autre chose, s'il te plaît.
– Comment ça se passe ici ? Tu t'es fait de nouveaux amis ?
– C'est un centre de désintoxication, pas un camp de vacances.
Nous rions ensemble.
– Ton monde serait plus simple si tout ce qui te raccroche a Emily disparaissait.
– Oui, c'est vrai. Mais dans ce cas-là, ce ne serais pas mon monde.
– Alors tu me pardonnes ?
– J'ai appris que pour avancer, pour pouvoir construire notre avenir, nous devions pardonner à ceux qui nous ont fait du mal et aussi demander pardon à ceux a qui nous avons causé du tord.
– Tu as changé.
– Tu te trompes.
– Tu devrais parler d'elle a quelqu'un.
– J'en ai pas besoin.
– Je t'assure que si.
Sur ces bonnes paroles, je m'excuse mais je dois m'en aller. C'est bientôt l'heure du déjeuner et Tony m'attend.
Je réfléchis sérieusement au conseil de Baptiste. Tony me sors de mes pensées.
– Allez dépêche, j'ai faim.
– Tu pouvais y aller sans moi.
– Non, je t'attendais. C'est ce qu'on fait entre pote.
– Alors maintenant on est pote ?
– On va manger où on reste là comme des cons ?
Nous nous dirigeons vers la cafétéria. Tony est très gentil, ouvert d'esprit et bienveillant. Il m'a accueilli les bras ouverts.
Durant le repas, je lui raconte ma visite matinale.
Mon ami me donne le même conseil que Bapt.

Il est 14 heures et la psychologue pointe le bout de son nez.
Même rituels que la veille.
Tout le monde raconte sa petite histoire, mon tour vient.
– Aiden, tu es prête ?
Je déballe ma vie devant eux. Leurs regards sont rivés sur moi.

La séance est terminée. Tony s'approche de moi.
– Je suis désolée pour ton amie.
– Merci.
– Tony, vous voulez bien nous excuser, demande le Dr.Adelstein.
Il s'éloigne.
– Aiden, j'ai eu vent de votre comportement pendant la consultation du docteur ce matin.
– Et alors ?
– Je tenais à vous féliciter en personne, vous êtes ici depuis déjà presque une semaine, d'ici deux jours je pourrais envisager de vous laisser sortir.
– C'est super. Merci Docteur.
– Il y a une condition.
– Laquelle ?
– Pendant au moins un mois vous devrez vous retirer dans un endroit calme est reculé. Comme la campagne par exemple.
– C'est faisable.
– Sans aucun contact avec qui que ce soit, pas de connexion… Vous devrez vivre coupée du monde.
– Je sais où allez.
– Bien, alors commencez par dire au revoir a Tony.
Le doc retourne dans son bureau pour rendre sa place a mon ami.
– Qu'est-ce qu'il t'as dit ?
– Je sors dans deux jours.
– Alors tu me laisse ici, tout seul.
– Je suis désolée Tony, tu n'as plus que deux semaines a tirer. Ça va passer vite.
– Sans toi, ça va être long.
Il me serre dans ses bras.
– Il nous reste deux jours a passer ensemble. Profitons-en.
Mon pote m'attrape par la main et me traîne jusque dans la cour.
– On fait quoi ici ?
– Tu passes ton temps a regarder par la fenêtre, je me suis dit que sortir te ferais du bien.
Les arbres sont en fleurs, c'est magnifiques. On dirait un décor de film à l'eau de rose.
– C'est magnifique, Tony. Merci.
– C'est pas grand chose.
– Tu m'as aider à me repérer dans cette jungle.










Le jour de mon départ a sonné. Mes valises sont prêtes, ma chambre chez mes parents est prêtes.
Il n'y a que Tony qui n'est pas préparé.
– Je reviendrais te chercher, je te le promet.
– Tu as une vie, tu as ton ami Baptiste et Nick.
– Et toi. Tu es mon pote, Tony. Alors, je reviendrai toujours.
– Mais tu dois partir un mois et je sors dans deux semaines.
– Je viendrais te récupérer et je t'emmènerais avec moi à la campagne. Toi aussi tu as besoin de changer d'air.
Il me fait un câlin.
– Au revoir, Aiden.
Je monte dans le taxi que le centre a appelé pour moi.
Je donne le nom du village de mes parents au chauffeur.

Après deux heures de route.
Je suis devant la maison de mon père et de ma mère.
Maman sors de la maison en courant les bras tendues vers moi.
– Aiden ! Dieu merci, tu es là.
– Maman !
Je la prend dans mes bras.
– Tu nous a manqué, ma chérie.
– Vous aussi. Où est papa ?
– Sur son bateau comme d'habitude, dit-elle en riant.
– Je vais au port, tu viens avec moi ?
– Non, je vais préparer a manger.
J'emprunte la voiture de ma mère.

Les bateaux amarrés sont de différentes tailles.
– Papa !
J'agite les bras pour qu'il me voit.
Je monte sur le bateau. Je le serre dans mes bras.
– Comment tu vas ?
– Mieux, et toi ?
– Ça va, ta mère était très inquiète quand elle a su où tu étais.
– Je sais, j'en suis désolée.
– C'est du passé, désormais.
– Exact.
– Profitons au maximum de ce mois en famille.
– Justement papa…
– Quoi ?
– Je vais devoir m'absenter pendant une ou deux semaines.
– Pourquoi donc ?
– J'ai fais une promesse, papa.
– Bien. Allez rentrons.

Nous dînons, je ne parle pas de mes récentes aventures au centre.
Je vais me coucher.




Je me lève de bonne heure, petit-déjeune.
Il n'y a plus de pain et mes parents dorment encore. Je file m'habiller.
Je mets mon manteau, mes bottines et je sors. Je marche lentement dans les rues de pierre.
Les commerces ouvrent leurs portes, je commence a apprécier les petites villes. Elles sont calmes et charmantes.
Je n'ai pas encore demandé à mes parents si ils étaient d'accord pour héberger Tony. Je leur demanderai au déjeuner.
J'entre dans la boulangerie. Elle est comme dans mes souvenirs d'enfance.
– Bonjour, Valérie.
– Bonjour, Aiden. Comment tu vas ? Ça fait bien longtemps qu'on ne t'as pas vu dans le coin.
– Je vais bien et vous ?
– Les affaires vont bien. Que puis-je faire pour toi, ma belle ?
– Une baguette s'il vous plaît.
Mme Pinkman me donne mon pain et en échange je lui tend l'argent.
Sur le pas de la porte me vint une idée. Je fit demi-tour.
– Vous louez toujours des chambres ?
– Oui, pourquoi ?
– J'ai besoin d'un petit service. Dans une semaine, je vais chercher un ami en ville et j'apprécierai beaucoup que vous l'hébergiez.
– Ce sera avec grand plaisir.
– Combien je vous dois pour un mois ?
– Rien, tu as beaucoup aidé mon fils alors prend ça pour un remerciement.
– Merci beaucoup. Vous savez c'est plus Nick qui m'a aidé que l'inverse.
– Vous avez grandi ensemble, tu fais partie de la famille.
– Je peux vous demander autre chose aussi ?
– J'écoute.
– Je ne vous demande pas de faire le ménage ni quoi que ce soit mais juste vérifier qu'il n'a pas de… drogues.
– C'est un drogué ?!
– Un ancien. Nous nous sommes rencontrés au centre de désintoxication.
– J'ai appris pour ton séjour là-bas, je te félicite.
Je la remercie encore pour Tony, je rentre chez moi. Mes parents sont dans la cuisine en train de préparer leurs cafés.
– Bonjour, chérie.
– Je ramène le pain.
Je les embrasse, nous nous mettons a table.
– Madame Pinkman n'a pas changé.
– Valérie se sent très seule depuis que Nick et toi êtes partis. Vous étiez les seuls enfants du village, tout les deux étiez toujours aux quatre coins du village, chez elle ou ici. Toujours fourré ensemble.
– Nous sommes toujours très proche, mais nous ne nous sommes pas vu pendant a peu près un an.
– Vous êtes toujours ami c'est le principal, déclare mon père.
J’acquiesce.




La journée passe vite.


Ça fait une semaine que je suis chez mes parents, je suis en route pour le centre.

J’attends, adossée à ma vieille voiture. Mon ami sors enfin.
Il m'enlace et me remercie d'être venue.
– Je te l'avais promit. Il y a même une chambre qui t'attend.
– T'es géniale.
Il met sa valise dans le coffre, nous montons ensuite dans la voiture.
– Alors quoi de neuf au centre ?
– Pas grand-chose. Et toi ? La liberté, c'est comment ?
– Comme avant, l'alcool en moins.
– Parle moi du village dans lequel tu m'emmènes.
– C'est au bord de la mer, il y a des bateaux et de très beaux paysage.
– J'ai hâte. C'est chez un membre de ta famille ?
– C'est mon village natale. Mes parents y vivent.
Nous faisons le reste du trajet en silence sur un vieux fond de Metallica. Mon passager fixe l'horizon.

Tony et moi sommes arrivé devant la maison de mes parents.
– Maman ! Papa !
Il sortent de la maison.
– Je vous présente mon ami, Tony.
– Enchanté, dit-il.
Mes parents lui rende la politesse.
– Je l'emmène chez Mme Pinkman. Elle a accepté de l'héberger.
– On vous attend pour dîner, demande ma mère.
Je lui explique que je vais inviter mon ami a dîner dans un resto près du port.
On s'éloigne dans la rue.
– C'est qui cette Madame Pinkman ?
– Ta logeuse, elle est gentille t'inquiète pas.
On entre dans la boulangerie.
– Tu comptes me faire dormir entre deux baguettes ?
– Mais c'est que t'es marrant toi en plus.
La boulangère sort de l'arrière boutique, les bras pleins de baguettes.
Je passe au dessus du comptoir pour lui venir en aide.
– Qui est ce jeune homme qui t'accompagne ?
– Votre nouveau locataire.
– Alors c'est toi Tony ?
– Oui, Madame.
– Appelle moi Valérie.
– D'accord, Valérie.
– Suis moi, je vais te montrer ta chambre.
Il l'a suit tandis que je range les baguettes et que j'accueille les clients.
– Tu devrais travailler ici, t'es douée.
– Merci, Valérie. Hélas, je ne reste qu'un mois.
– Et alors ? Ça te fera un peu d'argent de poche.
– D'accord, j'accepte votre offre.
– De 13 heures à 16 heures ça te va ?
– Parfait. La chambre convient a Tony ?
– Il a l'air très content. Ce jeune homme est-il ton petit-ami ?
– Non, c'est juste un très bon ami comme Nick.
– Oh je t'en prit !
– Quoi ?
– Tout le village sait que tu as fricoté avec mon fils pendant un temps.
– Ah, je suis navrée.
– Ne le sois pas, j'ai toujours pensé que vous finirez ensemble ?
– Vous ne savez pas tout, Madame Pinkman.
– Alors raconte moi !
– Bien, si vous y tenez. Je commence où ?
– A partir de votre première rupture.
– Comme vous le savez sûrement, l'alcool n'a pas bien réussi à notre couple. Il m'a envoyé en désintoxication et je l'ai trompé avec le médecin qui s'occupait de moi à l'époque.
Je sens qu'elle commence a se mettre en colère alors je continue mon récit.
– J'ai tout fait pour qu'il me pardonne et il l'a fait. Pour de mauvaises raisons, mais il l'a fait. Nous nous sommes remis ensemble comme si de rien n'était, mais il n'a jamais oublié ce que je lui ait fait.
– Que s'est-il passé ensuite ?
– Je l'ai quitté. Nous nous sommes disputé comme jamais. Il m'a balancé des trucs a la figure, des insultes… Et il a déclaré « Quand je te regarde, je vois ce médecin et je vous vois ensemble, dans son bureau. Tu me dégouttes. » Alors pendant un an nous ne nous sommes ni vu ni parler. Après la mort d'Emily, je l'ai appelé en renfort. Quand je l'ai revu, j'ai sentis qu'on avait des choses a ses dire. Malgré ma tromperie et notre dispute, Nick a répondu a mon appel sans hésitation. C'est ce qui fait que je l'aime plus que tout, je sais qu'aucune relation amoureuse n'est possible entre nous.
– Waouh… Je n'aurais jamais imaginé que ça s'était déroulé comme ça.
– Je suis désolée, je dois y aller.
Je sors de la pâtisserie, les larmes aux yeux.
Je vais sur la plage. Je m'assoie dans le sable, les genoux aux épaules.
Je repense a mes bons moments avec Nick, je pleure en silence. Je repense également a mon erreur monumentale.
Je prend mon téléphone dans la poche de ma veste, j'envoie un message a mon ex. « rentre au bercail le plus vite possible. » Il comprendra.








Comme d'habitude je vais à la boulangerie.
Cette fois une surprise m'attend.
Nick est déjà là.
– Aiden…
Je ne le regarde pas, j'achète mon pain et je repart.
– Tu assures ton service, demande Valérie.
– Oui.
Je rentre à la maison. Nick sur mes talons.
– Pourquoi tu m'as demandé de venir ?
– On a encore des choses a se dire et tu le sais aussi bien que moi.
– Je n'ai rien a te dire. Je t'ai pardonné et je te l'ai dit.
– Ça t'aide a mieux dormir la nuit ?
– Aiden, je t'en prie arrête.
– Mais parle moi putain ! Met toi en colère ! Hurle ! Je sais pas, fait quelque chose !
– Je t'ai déjà tout dit il y a un an, tu te souviens ?
– Je me souviens de suffisamment de chose.
– Quoi tu étais…
Je l'interrompt.
– J'étais complètement pétée ce fameux soir ! Comme presque tout les soirs, mais tu le savais c'est pour ça que tu en a profité pour me parler de ma partie de jambes en l'air avec le doc.
– T'es en train de dire que j'ai abusé de ton ivresse pour vider mon sac !
– Exactement.
Il reste planté là, je continue ma route vers la maison familiale.
– T'es vraiment une garce, même quand t'es sobre.
Je lui fait un doigt d'honneur.











En revenant de ma descente habituelle à la boulangerie, je croise Nick.
Je continue d'avancer quand soudain, il m'attrape le bras.
– Viens sur la plage avec moi, s'il te plaît.
Je m'exécute en restant muette.
Nous nous asseyons dans le sable. Je fixe l'océan qui s'étend à perte de vue.
– Je suis désolée de t'avoir traitée de garce hier…
Je ne demeure silencieuse.
– J'ai rencontré quelqu'un après notre rupture.
– Tu veux me faire culpabiliser ?
– Non. Elle m'a aidé a t'oublier.
Je change de sujet.
– Redonne nous une chance. Redonne moi une chance.
– C'est trop tard.
– Mais pourquoi ? Il n'est jamais trop tard pour pardonner et recommencer.
– J'ai suis avec quelqu'un que j'aime.
– Ah oui ? Et où est-elle en ce moment ? Pendant que tu parles avec ton ex, où est-elle ?
– Elle arrive dans la journée, elle a encore du travail en ville.
– Laisse la tomber et reprend moi, je t'en supplie.
– Ça ne fonctionne pas comme ça, hélas.
– Tu pourrais si tu le voulais…
– Ne le prend pas comme ça.
– Comment veux-tu que je le prenne au juste ?
– Je vais me marier, Aiden.
Ses mots sont comme des coups de poignard incessant dans mon cœur.
Je suis sans voix, j'attrape mon sac et je m'enfuis en courant et en pleurant comme une gamine.
– Aiden !
Je veux redevenir une petite fille, là, tout de suite. Les genoux écorchés sont plus faciles a soigner qu'un cœur brisé.
Dans le village je rencontre Tony.
– Qu'est-ce que tu as ? Que ce passe-t-il ?
– Nick va se marier.
– J'ai entendu ta conversation avec Valérie tout à l'heure.
Je sanglote dans ses bras. Il me dit que tout va bien se passer, j'en doute.
– Sans vouloir en rajouter, ta mère organise un grand dîner ce soir. Elle a invité la famille Pinkman.
– C'est à dire ?
– Anna sera là.
– Anna ?
– Sa copine…
– Et toi ?
– Elle m'a également invité. Nick n'a pas encore annoncé son mariage.
– Il va le faire ce soir, c'est évident.
– Tu vas rien faire, n'est-ce pas ?
– Je l'aime. Je ne prendrai pas le risque de le blesser a nouveau.



J'aide ma mère en cuisine avant que les invités arrivent.
– Ça va, ma chérie ? Tu as l'air ailleurs.
– Ça va, maman. Ne t’inquiète pas.
On sonne à la porte, je vais ouvrir.
– Bonjour, Nick.
– Bonjour, Aiden. Je te présente Anna.
– Enchantée.
– Tout le plaisir est pour moi, dit-elle.
Ma mère nous rejoins au salon. Elle connaît déjà Anna.
– Attendez, je vais vous aider Madame.
– Merci, Anna.
Je me retrouve seule avec son petit-ami.


Nous passons à table. Mon père rompt le silence.
– Les préparatifs du mariage avance ?
– Très bien, oui. Nous avons hâte d'être dans trois semaines.
– Et vos vœux, demande ma maman.
– Plus dur que ce que je pensais, déclare Anna un sourire aux lèvres.
Nick l'embrasse.
Je détourne le regard. Tout le monde savait pour leur union, sauf moi. Tout a été invité, sauf moi.
– Nick, je peux te parler ?
– Euh… Oui.
Nous sortons par la porte de derrière qui donne dans le jardin.
– Qu'est-ce que tu cherches, Aiden ?
– Qu'est que JE cherche ? Tout le monde sait pour ton mariage à part moi. Tu as invité tout le village, mais pas moi !
– Je n'ai pas invité tout le village…
– Te fous pas de moi.
– Anna ne sais pas pour notre passé commun.
– Et alors ? Nous avons été amis avant tout ça. Je veux assister à ton mariage en tant qu'ami. Je ne fait pas interrompre ta cérémonie comme dans les films à l'eau de rose.
– Tu veux venir ? Tu es sûre ?
– Oui…
– Il y a autre chose ?
– Tu es sûr de vouloir te marier avec elle ?
– Arrête.
– Putain ! Je t'aime, et je t'aimerais probablement toujours.
– Moi aussi, je t'aime...
Il pose ses mains sur mes joues et m'embrasse.
– A quoi tu joues, Nick ?
– Je suis désolée.
– Ne le sois pas.
– J'ai autre chose à te dire. Cela m'importe peu que tu dormes avec elle, parce que je sais que tu rêves d'être avec moi. Tu dois te décider, si tu restes ou si tu pars. Si tu pars, je pars avec toi. Tu n'as qu'un mot a dire. Ce ne seras pas comme avant, je te le promet.
– Aiden…
– Non ! Je n'ai pas terminé. On sait tout les deux que tu ne l'aime pas vraiment, tu l'as dit toi même, tu es avec elle pour m'oublier. Mais je suis là maintenant, et je ne partirai pas.
Si c'est elle que tu veux alors je ne m’interposerai pas mais si c'est moi, on peut partir maintenant. Décide toi.
– Tu te trompe. Je l'aime vraiment. Mais tu as raison sur un point, je t'aime encore. Dis au autre que j'ai dû m'absenter. Une conférence téléphonique au sujet d'un dossier important.
Il monte dans sa voiture et part.
Je retourne à l'intérieur.
– Nick a dû partir pour une conférence téléphonique urgente. Un dossier important, je crois.
Nous mangeons calmement. Ils parlent du mariage, je me tais.

Je vais me coucher, je ne trouve pas le sommeil. Je met un somnifère dans mon verre d'eau.














C'est le jour j.
Je porte une robe bordeaux avec des talons hauts noir.
Tony est on cavalier. Son aide m'est très précieuse.
Il toque à ma porte.
– Je suis habillée, tu peux entrer.
– Waouh, t'es sublime. On peut y aller ?
– Merci. Go.
Nous sommes dans la cour, il commence a aller vers la portière conducteur.
– C'est moi qui conduit, c'est ma bagnole.
Il va côté passager. Je démarre, direction l’Église de la grande ville.
– Tu vas bien ?
– Il a fait son choix, je dois le respecter.
– Tu fais prendre d'une grande maturité.
– Ta gueule, Tony. Si tu veux je pourrais te présenter la petite sœur du marié, elle a le même âge que toi.
– Comment elle s'appelle ?
– Sarah.
– Elle n'étais pas là hier soir ?
– Elle est chirurgien.
– Ah d'accord.

Le parvis de l’Église est bondé, nous rentrons.
La cérémonie suit son cour.

Je passe la journée avec Tony, j'évite le plus possible Nick et sa femme.
– Alors ça colle avec la belle Sarah ?
– Pas du tout.
– Désolée.
– T'as essayé.
– Si on partait ?
– Comment ça ?
– Rien ne nous retient ici, ni nul part ailleurs. On file à l'anglaise !
– Et tes parents ?
– Ils ont l'habitude de mes départs. Toi et moi loin d'ici !
– Et on irait où ?
– Partout !
L'euphorie me gagne.
– D'accord. Allons-y. Partons, tout de suite.
Nous nous mettons a courir dans la salle des fêtes.
On saute dans la voiture.
Nous roulons sur le coucher de soleil, musique à fond, voiture décapotable, fenêtres baissées.
Je prend ma vie en mains, je m'offre un nouveau départ avec Tony.
Nous faisons une très courte halte chez mes parents.
« Papa, Maman,
Je prend un nouveau départ.
Merci pour tout.
Je vous aime fort.
Aiden. »
Je monte en voiture et nous repartons.
Je me sens plus forte que jamais, comme délivrée.

La mort d'Emily m'aura appris plus de chose en un deux mois qu'en 24 années.
J'honore sa mémoire en faisant ce qu'elle aurait voulu que je fasse.
Baptiste s'occupe de sa tombe pendant que je lui rend hommage a chaque seconde qui passe.









Aujourd'hui, je suis à Las Vegas avec Tony.
Le chauffard qui a tué Emily il y a deux ans vient d'être arrêté.
Nick et Anna attendent leur premier enfant.
Et j'ai trouvé l'amour avec l'homme qui était devant moi depuis le début.
Tony et moi faisons le tour du monde en amoureux depuis un an. Nous avons presque fini les États-Unis, nous avons déjà fait l'Angleterre et un morceau de l'Espagne.
Il a fallut qu'Emily décède pour que j'ouvre enfin les yeux sur le monde qui m'entoure.

Je ne regrette aucun de mes choix. Je suis fière de celle que je suis devenue.

Mon aventure s'achève ici.

Saint Jean-Baptiste 22/08/2016 @ 14:02:53
Je te lis toujours avec autant de curiosité. Je me demande « que nous a-t-elle inventé cette fois-ci » ? Après ta rupture, ton suicide, ton viol, ce sera le meurtre de ta sœur ? ou de ta mère ? tu vas te couper les deux mains ? tu vas te jeter par la fenêtre du sixième ? tu iras te pendre à un arbre ou te jeter dans la Seine, après avoir éclusé quatre bouteilles de vodka dans un bar... ?

Bien sûr tout ça sont des fictions et le « je » est celui de la narratrice qui, entre parenthèses, a beaucoup de chance d'avoir de si bons amis pour s'occuper d'elle chaque fois qu'elle trébuche.

Tu écris très bien, ce sont de bons petits croquis, pris sur le vif mais, tu devrais peut-être changer de registre. Tu as 14 ans. Parle-nous de ta jeunesse, de tes copines, de tes camps de vacances, tes nuits à la belle étoile, tes barrages sur la rivière, tes escalades en montagne, tes excursions en vélo... ou bien, sait-on jamais, de tes premiers émois, dans un chemin creux, avec un doux compagnon qui te tient par la main... bref, tout ce qui vous arrive au plus bel âge de la vie, quoi !

Magicite
avatar 03/12/2018 @ 11:07:59
wouah c'est prenant cette tranche de vie version loi de Murphy. Je suis rentré tout de suite dedans.
Et ça finit surprenamment bien. Un récit au long cours dans nos distances intérieures réussit, merci LisaSmnt.

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