Aime le maudit (Vampir's club)
de Pierre Siniac

critiqué par Sibylline, le 20 octobre 2005
(Normandie - 73 ans)


La note:  étoiles
Vampir’s Club
Il vaut mieux savoir que cet ouvrage a tout d’abord été édité sous le titre «Vampir’s Club». Cela évitera aux amateurs de se retrouver comme moi avec deux éditions du même polar, mais bon, quand on aime…
Si j’ai déjà fait deux ou trois fiches sur des livres de Pierre Siniac, ce n’est pas que je trouve que l’on n’a pas fait mieux depuis, c’est que je pense que l’on a tort d’oublier ou de méconnaître tout ce que cet auteur a apporté au polar français et le rôle historique qu’il a joué dans son évolution.
Ceci précisé, parlons donc de ce «Aime le maudit» qui est l’un des ouvrages de cet écrivain qui a eu le plus de succès. La quatrième de couverture affirme que Siniac lui-même appelait ce roman «Mon petit préféré». Possible qu’il l’ait dit, reste à savoir à quel moment de sa vie. Vous aurez deviné que ce n’est pas mon préféré à moi, mais cela n’en reste pas moins un très, très honnête (et même plus que ça, pour être franche) petit polar, drôlement bien monté et mis en scène. Et plus encore, une idée tout à fait originale et ingénieuse, ce qui est tout de même bien appréciable dans le roman policier.
C’est l’histoire d’une drôle d’association qui traverse les ans. Que le récit (qui est une longue histoire et dure dans le temps, vous verrez comme) nous parle de 1900, de 1940 ou de 1971, cela ne trouble en rien ses personnages. Quelle guerre ? Ils n’y songent guère, tout occupés qu’ils sont à leurs drôles de petites affaires.
C’est que c’est un Club bien étrange que celui de la dernière descendante de celui que l’on baptisa Dracula, une entreprise familiale, bien huilée et aussi inexorable que l’Histoire avec un grand H.
Le lecteur, plongé d’entrée de jeu dans l’enchaînement de son mécanisme, ne comprend que progressivement la manière dont il fonctionne et il passera du temps à découvrir les causes et les effets d’évènements dont il ne peut manquer de s’étonner. La première question étant «Pourquoi font-ils ça ?» (Ca ? Tuer des gens à qui ils n’ont rien à reprocher). Cette première question, comme les suivantes, recevra bien sa réponse, étonnante et redoutable.
Ajoutez à l’ensemble, si l’on y songe un peu après coup, une réelle signification philosophique, que l’on l’approuve ou non.
Mon petit reproche, la fausse piste de Totor, qui ne mène nulle part. Mais c’est à peine un bémol.
Ce livre a obtenu le Grand Prix de la Littérature Policière en 1981