Eclat du fragment et autres sanwen
de Bai Chuan

critiqué par Sahkti, le 17 octobre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Morne plaine vaniteuse
L'écriture chinois compte de nombreux récits composés de petits riens, de détails, d'histoires d'un jour ou d'une heure, de souvenirs, d'impressions, de récits de voyages… Au milieu de ces tonalités souvent légères se glissent quelques éléments plus graves, douloureux et cruels, appartenant eux aussi à la vie quotidienne. Mort, vengeance, désillusion, souffrance ou désamour… On nomme cette dernière écriture le sanwen, l'écho d'une vie familière que nous portons chacun en nous.
Bai Chuan est un des représentants de cette école et "Eclat du fragment" est son premier recueil.

Avec une certaine curiosité, je scrute le petit volume fin, doux. Format et couverture me plaisent beaucoup. Mais l'emballage ne suffit pas toujours et je me suis ennuyée. Beaucoup. Bai Chuan nous raconte sa vie, ces moments éphémères qui la composent. Mais il va plus loin, il parle du monde, des autres, il se révolte. Contre les auteurs qui travestissent le réel et confondent fiction et réalité au point de faire croire que la vraie vie est celle qu'on invente. Petit à petit, je prends cela pour une crise de grande adolescence. Par moments, il me semble que Bai Chuan pratique lui-même ce qu'il reproche aux autres. Et ses histoires courtes me paraissent du coup bien trop longues.
Bai Chuan veut jouer avec le sens et la poésie des mots. Si nombre de ceux qu'il emploie sont sensuels et poétiques, à force de les coller les uns à la suite des autres, ça donne une avalanche de guimauve qui m'écoeure. Phrases à rallonge qui me font perdre l'idée de départ lorsque j'arrive à la fin. Sentiment que l'auteur s'aime et n'aime que lui. Quelle pauvreté lorsqu'il évoque une ville comme Prague. Quelle différence avec Marina Tsvétaeva !
J'ai le sentiment que l'auteur a écrit avant tout et uniquement pour lui. Il a tenté de mettre en garde le lecteur et l'informer de sa démarche, qui me semble emplie d'incohérence par rapport à ses griefs contre la littérature ou le comportement d'autrui. Je ne le connais pas, je ne connais rien de lui, peut-être je me trompe, mais il me semble terriblement imbu de lui-même.
Ouvrage classé sans suite dans mon cerveau.