Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune
de Denis Diderot, Romuald Genevois (Illustration)

critiqué par Sahkti, le 16 octobre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Le rouge et le noir
"Regrets sur ma vieille robe de chambre ou avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune" est un texte amusant et léger de Denis Diderot, une confession intime et drôle dans laquelle il part de sa robe de chambre pour parler de lui. et du reste.
Ce texte appartenant à la littérature classique (que l'on trouve un peu partout et gratuitement sur le net) a été mis en page par un petit éditeur indépendant, graphiste plus qu'éditeur aurais-je envie de dire, dans une présentation plus que particulière.

Au premier regard, le livre me plaît. Par son format, petit, pratique, précieux tout en se faisant discret. par ses couleurs aussi. Rouge et noir. Classique, efficace, pas original mais jamais démodé. Un texte amusant, mis en valeur par une présentation étonnante... poursuivons la découverte.
Je caresse cette couverture et ce fil qui relie les pages entre elles, le papier légèrement granuleux m'appelle, je commence à fouiller... Premier silence... Les couleurs petit à petit font mal aux yeux, la typographie n'est pas très sympathique pour ceux qui plissent du regard pour déchiffrer les petits signes. Tiens, une page Altavista au milieu du jeu de quilles. Des icônes de barre de mise en page et de recherche. L'informatique s'est introduite sans demander la permission dans l'oeuvre du philosophe. Ludique? Pas vraiment. Surprenant plutôt, mais bienvenu. Cela aère le tout, permet de respirer. D'ailleurs, très vite, le texte de Diderot ne m'intéresse plus. Bon, c'est vrai, je le connaissais déjà mais finalement, est-ce lui le héros de ce petit recueil? Il ne me semble pas. Je préfère regarder glisser la fantaisie d'un éditeur hors norme qui habille le livre par des artifices plus que visibles. Il y a travail d'artiste derrière tout cela. Le contenu devient secondaire par rapport au contenant. Mais à petits doses. Sinon, ça lasse, ça casse, ça fait mal. J'en arrive là. Je tiens entre les doigts un livre-objet. Objet à posséder, à regarder, à caresser, mais sans doute pas à lire. Est-ce triste? Oui, un peu. Ce texte léger de Diderot, c'est dommage de le cacher de la sorte, il aurait mérité d'être réinventé, mis en couleur et en avant, qu'on en use et en abuse en compagnie de ces notes rouges et noires.
Mon enthousiasme retombe. Le grain de folie a disparu. Je me dis que c'est bien, peut-être beau, certainement original mais que voilà, je ne l'ouvrirai plus. Mort le livre-objet. Vie très courte entre mes doigts. Trop courte.
O.V.I. 3 étoiles

Etrange petit ouvrage, on manipule les pages avec curiosité avant d'en découvrir le début. Difficile de lire un texte imprimé en rouge sur fond bleu, qui plus est reproduit en caractères manuscrits. Et pourtant j'ai une excellente vue – chaque année confirmée par le magnifique appareil d'Essilor, lors de la visite médicale du travail gratuite et obligatoire. Mon premier réflexe a été de me procurer ce texte sur un support bien plus approprié à la lecture, mon deuxième réflexe a été de n'en rien faire. Après tout la critique concerne aussi bien le texte que le support sur lequel il est fixé pour la circonstance.

Donc j'ai lu. Après un gros effort, je suis enfin parvenu à bout de celui-ci. Au total quatre mots illisibles m'ont échappé.

L'idée de la présentation de ce genre de texte peu effectivement paraître originale, mais pour ma part je n'y vois pas grand intérêt. Pas dans le sens où cet ouvrage est présenté comme un livre à lire. Par contre si le but était de créer un objet artistique très stylisé en guise d'écrin pour un texte connu, alors là cela prend un tout autre sens. Nous sommes donc confrontés ici un bel Objet Volontairement Illisible.

Tiens au fait j'ai oublié de parler du contenu au profit du contenant. Tant pis ça sera pour une autre fois.

Heyrike - Eure - 56 ans - 2 août 2006