La vie de Christophe Colomb.
de Jakob Wassermann

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 11 octobre 2005
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Aventures et découvertes
Souvenons-nous !
Ce 12 octobre, à deux heures du matin, il y a juste 513 ans, un matelot nommé Rodrigo de Triana, à la proue de la Pinta, apercevait sur l’Océan une espèce de falaise blanchâtre et criait : « Tierra, tierra », terre, terre ! Il avait découvert l’Amérique ! Ce cri est assurément un des événements les plus marquants de l’Histoire de l’humanité. Quelques semaines auparavant, le 3 août 1492, Christophe Colomb, à la tête de ses trois caravelles, avait levé l’ancre au large de Palos, « au nom de Jésus », pour atteindre les Indes et les conquérir à Jésus-Christ !
Cette biographie de Christophe Colomb, écrite par Jakob Wassermann en 1930, s’attache surtout à nous décrire la personnalité extravagante du découvreur de l’Amérique qui, jusqu’à sa mort, prétendait n’avoir atteint que les Indes et rien d’autre.
Ce Christophe Colomb est un personnage mystérieux, énigmatique et terriblement controversé. Il est un point cependant sur lequel tout le monde s’accorde, y compris la Marine Française et la Royale Navy, c’est qu’il était un génie de la navigation ; un des plus grands génies de tous les temps. Pourtant, bien qu’il se prétendît diplômé d’une université italienne, il n’avait rien appris dans les écoles.
Il avait dérobé à la cour du Roi du Portugal une carte du savant géographe Toscanelli qui, chose extraordinaire, donnait la distance de plus ou moins 4500 kilomètres entre l’Europe et l’Asie (c’est la distance entre l’ancien et le nouveau continent) et c’est à l’aide de cette carte qu’il atteignit l’Amérique ! Au monastère de Rabida en Espagne où il avait été hébergé, il avait fait la connaissance de deux moines savants, un peu géographes, un peu astrologues, et passionnés de navigation, qui lui avaient très probablement révélé l’existence d’une île inconnue au bout de l’Océan et la route maritime pour y parvenir. Nanti de ces connaissances, il ne restait plus à Christophe Colomb qu’à convaincre la cour d’Espagne de Ferdinand et Isabelle, de le laisser partir à la découverte des Indes par la mer et de lui en donner les moyens.
Mais nous sommes au XVème siècle, et le Grand Tribunal du Saint-Office détient un pouvoir absolu, surtout dans la sainte Espagne, où science et religion ne font qu’un ! Au projet du navigateur, les savants Docteurs opposent les psaumes de David, les écrits des Pères de l’Eglise, de saint Jérôme, de saint Jean Chrysostome et surtout celui de saint Lactance qui dit : « Faut-il être assez fou pour croire qu’il y a des gens qui vivent aux antipodes ? Des gens qui marchent les jambes en l’air et la tête en bas ? Des régions où les arbres grandissent vers le bas et où il pleut vers le haut, etc.. etc.. » ! Et puis saint Augustin l’a dit, c’est incompatible avec la vraie foi : « tous les hommes descendent d’Adam et comme il est impossible de traverser l’Océan, il ne pourrait y avoir aux antipodes, que des animaux. » On invoque aussi saint Paul dans sa lettre aux Hébreux : « Le ciel est comme une grande toile tendue au-dessus de la terre.. .. ». Comment donc feraient des hommes qui habitent en dessous pour parvenir au ciel ? Mais il en faut plus pour démonter Christophe Colomb, qui se souvient de son séjour au monastère, et qui déclare sans rire qu’il a été désigné par le prophète Isaïe pour répandre la sainte Parole jusqu’au confins de la terre. Il lui a surtout fallu l’appui inconditionnel de la Reine Isabelle, entièrement conquise par l’homme et par son projet.
Cette critique est déjà beaucoup trop longue ; et nos navigateurs ne sont encore qu’à quelques encablures des côtes espagnoles. Aussi, j’invite mes très honorés lecteurs à poursuivre le récit de ces aventures dans la très belle biographie de Wassermann. Ce n’est qu’une biographie parmi tant d’autres, mais elle passe pour être une des meilleures. Nous connaissons tous la « découverte » de Christophe Colomb ; mais c’est dans le détail et l’anecdote que réside tout l’intérêt. Avec ce livre bien écrit, qui se lit comme un roman, nous découvrons une époque à des années-lumière de la nôtre et nous faisons plus ample connaissance avec un des personnages des plus attachants parmi ces aventuriers du siècle des découvertes.