Rimbaud en Abyssinie
de Alain Borer

critiqué par HATSADOURIAN, le 10 octobre 2005
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Dans les pas de l'homme aux semelles de vent
A 26 ans, le poète des Ardennes débarque dans l'Est éthiopien - appelé jadis Abyssinie -, abandonnant définitivement toute contribution littéraire, à l'exception près d'une abondante correspondance. Près d'un siècle plus tard, Alain Borer, dont les racines convergent avec celles du poètes maudit, se lance sur les pas de Rimbaud, parmis les Danakils, Afars ou autres Gadaboursis de la Corne de l'Afrique, - là même où étaient passés Monfreid et Gary quelques années plus tôt. Dans un style littéraire propre aux écrivains voyageurs, et avec une étonnante fidélité, Borer nous aide à mieux comprendre la pensée merveilleusement désorganisée de Rimbaud, éternel adolescent en quête de nouveaux départs et dont le voyage s'arrêtera onze ans plus tard à Aden, puis définitivement à Marseille. Mieux encore, Borer profite de cette croisade intertemporelle pour livrer, sous sa lunette occidentale, une riche réflexion sur une Afrique en mal de construction, immobilisée bien souvent par quelques idéaux religieux. Dans les sillons hasardeux de Rimbaud, d'Harar à Tadjoura, Borer observe, s'émerveille, mais s'inquiète aussi. Borer, "double Rimbaud" comme en son époque le grand Victor Ségalen, a besoin de poser son sac : "Assis devant la mer, je n'ai pensé à rien", nous écrit-il de Djibouti, ce "vrai Finistère" qui le fascine. Ouvrage à lire sans retenue!