Le Pendu de Trempes
de Andrée A. Michaud

critiqué par Libris québécis, le 4 octobre 2005
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
En quête de Dieu
Assujettir sa foi à la découverte d’un dieu que l’on peut étendre sur le divan d’un psy, c’est se condamner à ne jamais croire. Le roman d’Andrée-A Michaud aborde le questionnement que l’on aimerait bien faire subir au Créateur.

Le héros, Charles Wilson, revient à Trempes 25 ans après son départ. Que vient-il y faire? La vie est un « rewind » qui le rattrape à l’âge de 15 ans alors qu’il quittait le village avec ses parents pour fuir une tragédie dont il était l’un des acteurs. À l’époque, il avait participé à la fin horrible de deux amis. Il ne s’agit pas d’un crime crapuleux, mais d’un geste fatal commandé par leurs préoccupations : la mort comme solution à des problèmes métaphysiques. Comment démêler le bien du mal? Comment prouver avec certitude l’existence de Dieu? En fait, ce sont des jeunes qui veulent accorder la pureté de leurs intentions à un idéal chrétien. Le moyen de l’atteindre passe par le meurtre pour éliminer le désir qui se dresse comme une barrière sur leur route. Les psychologues connaissent bien les déviances spirituelles qui empruntent les allées des cimetières.

Ce roman libéré de la linéarité laisse parfois le verbe passer par un deuxième narrateur, un taxidermiste qui reconstitue l’histoire de ce petit Saint Augustin. Comme pour les oiseaux empaillés, il le considère comme un être fixé à un univers fusionnel qui l’engloutira faute d’humilité. C’est à travers de longues phrases cousues de subordonnées que l’on découvre que le sentier suivi par le héros conduit à un gouffre. Bref, un roman introspectif écrit avec brio.