L'épouse Antilope
de Louise Erdrich

critiqué par Eireann 32, le 1 octobre 2005
(Lorient - 76 ans)


La note:  étoiles
Destins brodés
Deuxième roman de Louise Erdrich que je découvre en peu de temps, les mêmes ingrédients que dans le premier. La même réussite, la même lecture relativement ardue, mais le même plaisir.
Histoires de femmes, des femmes choisies, qui traversent la vie d’hommes pas prêts pour cela, la tradition passera par elles. Ce sont les descendantes de l’âme des tribus. Vies mêlées des humains et des animaux, femmes antilopes, hommes cerfs, chiens adoptés, puis sacrifiés, puis mangés pour sauver la vie d’une petite fille. Les hommes sont alcooliques ou fous amoureux, victimes de mantes religieuses, se suicidant pour le remariage de leurs ex-épouses, en s’accusant d’avoir empoisonné la pièce montée. Les drames sont monnaies courantes, mais la vie reprend ses droits.
Les personnages sont nombreux, trop nombreux à mon goût, ce qui
oblige à des retours en arrière assez fréquents. Dans cet imbroglio personne ne se détache, mais tous participent à la survie de ce monde à cheval sur l’Europe et les croyances de la tribu ojibwé.
Cette écriture est une énigme(ai-je tout compris ?), mais aussi un plaisir. De par ses origines allemande et indienne, Louise Erdrich réconcilie deux mondes que tout oppose. Pragmatisme allemand et croyances cosmiques indiennes. Mais quelle qualité de narration et d’écriture !
Un puzzle romanesque, qui est qui ? Seules les anciennes détiennent la vérité, les hommes ne sont que les géniteurs, étoiles filantes dans la vie de ces femmes. A lire, car nous découvrons une philosophie et une pensée loin du monde européen.