Ça ne se fait pas
de Isabelle Spaak

critiqué par Sahkti, le 1 octobre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Les Spaak... ma famille.
Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, Isabelle Spaak est la petite-fille de Paul-Henri Spaak, grand homme d'Etat belge et pionner européen. Elle est aussi la fille de Fernand Spaak, un autre grand nom de la politique belge. Une dynastie qui lui colle à la peau. D'autant plus qu'alors qu'elle est âgée d'une vingtaine d'années, elle rentre chez son père et voit devant la porte une ambulance. Deux brancards. Ses parents sont morts. Le père tué d'une balle par la mère qui se suicide ensuite. Drame familial que l'auteur a longtemps occulté, étouffée par le poids de souvenirs qu'elle refuse de libérer. Les années passent, Isabelle Spaak a besoin de savoir, sa vie est chaotique, il y a le poids des racines qui est là et ne peut plus dormir enfoui au fond d'ue malle. Alors elle part à la recherches des siens, des traces, d'une histoire qu'elle a tenue secrète, parce qu'elle la dévore et la rattrape, parce qu'elle se sent intimement liée à ces morts dont elle n'est en rien responsable mais qui sont associées à son nom.
Quête douloureuse mais jamais pathétique, pas de nombrilisme exacerbé ou de larmes à outrance. Tout reste digne, emprunt de respect et au final, c'est un formidable message d'amour qui est véhiculé par ce premier roman d'Isabelle Spaak. Un signe d'apaisement également. Tout au moins peut-on le penser et l'espérer.
L'écriture est belle, sensible. Les chapitres courts, les anecdotes, les phrases au rythme vif donnent au récit une force et une légèreté qui aident à gader dans un coin de l'esprit ces deux morts atroces qui sont le point de départ de la quête, sans pour autant que celles-ci ne deviennent trop oppressantes. Pas de règlement de compte, pas d'explications sordides, juste un besoin de savoir qui étaient les siens et de les comprendre. Pour mieux accepter de les aimer. Un texte que je trouve magnifique, touchant et sincère. Bonne continuation à Isabelle Spaak!