Ultimatum
de Fernando Pessoa

critiqué par Sahkti, le 29 septembre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Pessoa se fâche!
Le titre exact de l'ouvrage en question est "L'ultimatum" par Alvaro de Campos, qui est un des noms d'auteur utilisés par Fernando Pessoa. Non pas que le portugais ait besoin de se cacher derrières des avatars pour dire tout haut ce qu'il pense , mais parce que c'est un moyen pour lui d'affirmer en détails et en profondeur toutes les facettes de sa personnalité et celle-ci en compte plusieurs. De quoi permettre à ses hétéronymes de se défouler (Alvaro de Campos, Bernardo Soares, Ricardo Reis et Alberto Caeiro).
C'est le cas dans cet "Ultimatum", mélange d'essai et de pamphlet, violent réquisitoire contre une société figée ancrée dans ses certitudes et un passé pas toujours glorieux. Pessoa vise plus haut, il voit l'Europe, la grande, celle des nations fondues les unes dans les autres et pas cet amalgame de pouvoirs politiques assis côte à côte en pensant chacun à soi et non pas à l'ensemble. Les élans communautaires ont la vie courte et Pessoa le déplore.
En quelques pages, certes violentes, l'auteur fustige chaque nation, chaque civilisation et appelle à un sursaut, qui passe avant tout par la négation de soi afin de mieux se dépasser. Etonnant et inattendu!