Pylône
de William Faulkner

critiqué par Tistou, le 28 septembre 2005
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Et tournent les avions.
Pylone. Drôle de titre. Drôle de bouquin. Plutôt en dehors du monde Faulknerien, en dehors et en même temps, en même temps, il y a des constantes. Ca se déroule dans le Sud des Etats Unis, on devine la Louisiane et New Valois serait New Orleans, à peine caché. Ca concerne des marginaux, des paumés.
De la même façon que des professionnels écumaient l’Ouest des Etats Unis pour gagner leur vie dans des concours de rodéo, là il s’agit de professionnels de voltige aérienne qui courent le cachet avec un avion minable pour des démonstrations de voltige et des courses. Des courses au cours desquelles les avions doivent virer autour de pylones. Donc Pylone. Ca fait drôle de lire un Faulkner où l’on ne se déplace pas à cheval, en charette. Avec Pylone on passe carrément à l’avion de voltige, à hélice !
Un trio bizarre, 2 hommes, une femme, accompagnés d’un enfant, un garçon, et d’un mécanicien. Sans le sou, les 2 hommes risquant leur vie de concours en concours, l’un en voltige, l’autre en sautant en parachute, tout ça pour une poignée de dollars. La femme est mariée à l’un des 2 hommes, mais ça pourrait être avec les 2. Et catalyseur de l’histoire, un journaliste, plutôt loser dans son genre, qui s’attache comme un fou à la femme, sans vouloir le reconnaître. Et qui est prêt à toutes les folies, à toutes les humiliations. Le cadre est posé et Kaulkner nous en fait une oeuvre crépusculaire, toute en désespoir, en non-espoir.
La traduction du vieux recueil que j’ai eu entre les mains a été assurée par M. Raimbault et Mme Rousselet, elle daterait de 1946. Je veux bien croire que Faulkner soit difficile à traduire. Mais là, ça donne l’impression d’obscurcir, d’alourdir le texte. Il y a vraiment des passages …
« Il aperçut tout cela sous une luxuriante touffe de tempétueuses plumes roses, si bien qu’il se crut en train de contempler un tableau de cet équinoxe vernal de la peinture, où les peintres ne savaient pas toujours écrire pour signer leurs oeuvres ; une toile conçue et exécutée avec cette exquise naïveté de sommeils et de sexes étalés qui savaient ennoblir la terre opulente, corrompue et impudique, d’une couronne de nuages roses où se cachent et folâtrent d’insoucieux et indécents chérubins. … »
On parle aussi à un moment « d’allumettes occidées » ! !
Mais encore une fois, ça ne doit pas être une sinécure.
La faiblesse humaine est le fonds de commerce des personnages Faulknériens, ceux là ne dérogent pas à la règle. Faiblesse et misère.