En famille
de Marianne Rubinstein

critiqué par Clarabel, le 28 septembre 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
On enterre ses morts en famille...
Mai 2002, Cécile et sa fille Jeanne assistent aux derniers jours de Louise, la mère et grand-mère, âgée de 92 ans. La famille se retrouve : les frères, André et Gaby, la soeur Suzanne, les enfants, petits-enfants, etc. Ils ont peu de jours pour organiser les obsèques, régler leurs humeurs et les dispositions de ces âmes changeantes, sans plomber la réunion de famille ! S'ajoute un souvenir de juin 1961, avec le retour de Gaby d'Algérie. Celui-ci retrouve sa petite soeur, surnommée Chiffon, encore bébé lors de son départ, et désormais plus mature, plus belle, plus mutine...

Ce que j'aime dans ce premier roman de Marianne Rubinstein, c'est son côté bref, épuré et chuchoté qui s'en dégage. Les personnages flottent, pensent, glissent, mais jamais ne s'écrient ou trépignent. Pourtant les émotions sont à fleur de peau, chacun s'agace, s'insupporte, et pourtant la famille demeure soudée jusqu'à l'enterrement de la mère et grand-mère. Pas un mot de trop, pas un geste déplacé. Et puis, à dessiner un bref panorama des pensées des uns et des autres, l'auteur permet ainsi de comprendre certains silences, car chez elle inutile d'épiloguer des pages entières pour cerner telle personnalité, tel différent ou tel secret. Et j'ai ainsi beaucoup aimé, lu d'affilée ce roman un peu trop court. Ce huit-clos familial m'a rappelé le souvenir de "Sept jours" de Valentine Goby, le soleil de Bretagne en plus, sans doute la poésie en moins. Mais "En famille" représente un très beau, très bon roman camouflé dans cette rentrée bigarrée !