La bruyère incendiée
de Colm Tóibín

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 27 septembre 2005
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Un homme, une vie, la mer, l’Irlande
Très belle couverture, en totale harmonie avec le livre. Un mur de pierre à l’avant-plan, colonisé par la mousse, érodé par l’air salin. Une brume légère qui, tels nos souvenirs avec notre âme, couvre de rosée la bruyère. Quelques fleurs, taches de couleur, signes que la vie peut surgir au cœur de l’inhospitalier. Un homme, seul, en marche. Part-il ? Revient-il ?

Oui, tout le livre est contenu dans cette image. Eamon Redmond parcourt ses souvenirs à l’occasion de ses vacances passées avec sa femme dans leur village natal. Il exerce la fonction de juge à Dublin, qu’il fuit chaque année au profit de Cush. Ce petit village retiré lui procure la distance nécessaire, une subtile sérénité grâce auxquelles la mémoire se double de lucidité. Chaque fois que le temps le permet, il nage longuement dans une mer aussi froide que belle. En Eamon, le magistrat se souvient de procès, le mari repense aux balbutiements de son mariage, le père revoit ses enfants, l’Irlandais revit la lutte nationaliste. Et nous avec lui, complètement charmés tant par le récit de Colm Toibin que par les paysages irlandais.

A propos de l’histoire, surtout ne pas trop en dire… Ne pas lire la quatrième de couverture qui est trop explicite. Se laisser porter par le style de Coibin, par la mélancolie, la douceur, par une certaine rudesse aussi…