Le journal d'une folle
de Peter Diener

critiqué par Channe01, le 25 septembre 2005
( - 70 ans)


La note:  étoiles
LE PASSE A VIF !
Il est des plaies béantes qui ne pourront jamais se refermer, et donc jamais se cicatriser. Au nom du devoir de mémoire, ces plaies sont sans cesse remises à vif. Mais que ressentent les survivants de la Shoa dont on interpelle la mémoire sans arrêt. Après un long temps d’indifférence voire d’oubli, on recherche leurs mots sur leurs maux. Grattant, déchirant, brûlant là où ils ont mal. Ce journal qui n’est pas vraiment l’œuvre de Peter Diener mais la traduction du journal d’une déportée hongroise qu’il a rencontrée dans son adolescence et puis plus tard m’a été difficile à lire. Je me sens coupable. Coupable de ne pas aimer lire ce livre. D’avoir envie de le laisser de côté parce qu’en ce moment je n’ai pas envie de lire ça. J’ai envie de bonheur et je me suis forcée à le lire jusqu’au bout pour ne pas être coupable. Mais je me sens mal quand même. Je n’ai pas aimé ce livre et comment pourrait-on l’aimer d’ailleurs. Il dépeint l’horreur, le ressenti de l’horreur, le ressentiment face à l’oubli et à l’indifférence. Cette vieille dame hurle sa colère à travers ses mots. Elle veut dire et en même temps, elle refuse d’en dire trop. Comment se souvenir, comment oublier, comment survivre avec tout ça. Comment lire tout ça.
L’œuvre n’est pas facile. La vieille femme ne rend pas le rappel à l’ordre des souvenirs supportables ni même acceptables.
Et sa folie ne rend pas les choses plus faciles.
A lire si on est prêt à assumer le malaise.