Train de Pete Dexter

Train de Pete Dexter
( Train)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Holden, le 18 septembre 2005 (Inscrit le 17 septembre 2005, 54 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 833ème position).
Visites : 5 335  (depuis Novembre 2007)

Une certaine Amérique

Train, c'est le roman d'une rencontre dans l’Amérique des années 50, entre un jeune noir de 18 ans et un flic sur le retour.
Lionel Walk, alias Train, est une sorte d'Holden Caufield (L'attrape coeur) qui traverse une époque trouble en tentant d'y survivre au milieu de tarés en tout genre et croise la route de M. Packard un inspecteur de police au passé trouble qui découvre en lui, simple caddy, un véritable champion du green.
Sur fond de polar, ce roman corrosif dresse un portrait étonnant de cette Amérique pas si lointaine et dévoile des personnages auxquels on s'attache tant leur psychologie est finement analysée.
L'auteur Pete Dexter, que j'ai découvert avec ce livre a reçu le National Award Book pour une oeuvre précédente. Il représente bien, l'énergie de la littérature américaine, qui mêle sens du récit, lyrisme sans poncif, et profondeur du sujet... Une réussite absolue et un écrivain à découvrir!

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Dérives

9 étoiles

Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 48 ans) - 8 juin 2015

Archétype du roman noir, Train est un superbe roman aux personnages attachants et atypiques. Dans l'univers parfois trouble et souvent impitoyable de l'Amérique des années 50, Pete Dexter nous offre un récit où la fatalité côtoie l'espoir, sans que le lecteur sache sur quel pied danser.

Il est assez facile de s'attacher à Train, ce gamin qui n'a rien, même plus de chez lui, même plus de nom. On a parfois envie de le secouer, à le regarder subir humiliations, injustices, coups du sort. Balloté par les évènements, les gens, manipulé, on sent bien pourtant qu'il est de la bonne graine. Le problème est qu'il est de celles qui ne peuvent pas pousser dans le terreau acide de cette société.

Packard est l'un des personnages les plus troublants que j'ai pu rencontrer au cours de mes lectures. Enigmatique, il m'a été impossible de prévoir ses actions ou ses pensées. Capable du pire comme du meilleur, à la fois manipulateur et naïf, utopiste et réaliste, humain et impitoyable, il reste le point d'interrogation qui traverse l'ouvrage jusqu'au drame final.

L'écriture de P. Dexter est immersive, les sujets sont traités sans concession, souvent crûment (la scène du braquage est particulièrement réussie et éprouvante) et la narration prend aux tripes dès les premières lignes. Les personnages sont souvent ambivalents, et l'on s'attache et se prend de pitié pour la majorité d'entre eux. Une vraie réussite que ce roman, je le recommande vivement !

couché sur la track

10 étoiles

Critique de Grass (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 46 ans) - 18 octobre 2008

J’avais déjà ce livre depuis quelques années, je l’avais acheté surtout pour sa couverture, que je trouvais inspirante. Je ne lisais même pas de romans noirs, à l’époque. Et c’est juste maintenant que je me réveille, merde, pour découvrir Pete Dexter. Tout ce temps passé à faire autre chose.

Je ne suis pas certain si Dexter est toujours en activité. En date, Train est le dernier roman de Dexter (mis à part God’s Pocket, son premier, qui vient d’être édité en français pour la première fois.) Et en quatrième de couverture, on annonce « le retour de Pete Dexter », qui n’avait rien écrit depuis 1995. Mais bon, des romans comme ça, ça ne s’écrit pas sur un base annuelle. Peut-être aussi qu’il se la coule douce, avec les revenus de son roman Cotton Point, devenu Rage, au cinéma, ou encore pour la série Deadwood, qui a pris son inspiration dans son roman du même nom, réédité récemment chez Folio Policier.

L’histoire de Train prend place dans les années cinquante. Mais mis à part le comportement raciste (raciste, mais aussi souvent peureux) de plusieurs personnages blancs, nous n’avons que peu d’indications sur l’époque. On se concentre principalement sur les personnages, et c’est bien assez comme ça.

Train, c’est le surnom qu’on a donné à Lionel Walk, un jeune noir de dix-huit ans. Il travaille comme caddie au chic club de golf Brookline. Train est à son affaire, ne parle que lorsque nécessaire, et se tient généralement loin de l’action. Seulement, c’est l’action qui le rattrape. Ce n’est pas de sa faute à lui si le copain de sa mère est un homme violent et qu’il doive se protéger. Pas plus que ce n’est sa faute si son supérieur immédiat, Sweet qu’on l’appelle, est tué dans un braquage raté de bateau, et que par mesure de sécurité, son patron décide de virer tout le personnel noir l’équipe.

Nous allons le suivre alors qu’il essaie de survivre du mieux qu’il peut, avec un, et peut-être deux cadavres dans le placard. On sent que Train est fondamentalement bon, et n’eût été le fait qu’il soit noir dans les années cinquante, jamais il ne serait pris dans ce merdier.

Parallèlement à l’histoire de Train, nous suivons celle de Miller Packard, un des personnages de roman les plus insaisissables qu’il m’ait été donné de lire. Policier à la morale douteuse, Packard a le don de se mettre là où ça se passe et de faire attirer l’attention sur lui. Pourtant homme de bon caractère, il adore être surpris, étonné, le lecteur sera parfois renversé par la tournure des évènements lorsque c’est Packard qui tient les rênes.

Les chemins de Packard et Train se croiseront, d’abord au début du roman, alors que Train est le caddie de l’adversaire de Packard. Le respect que Packard a envers Train donne espoir, tant au lecteur qu’au jeune noir. Puis Packard tombe amoureux de la survivante du braquage de bateau raté. Il retombera plus tard sur Train et l’invitera, lui et Plural, son ami aveugle, à venir habiter dans le cabanon dans sa cour arrière, à Beverly Hills. Lorsque Packard annonce à sa nouvelle femme d’où viennent les deux logeurs, pas besoin de dire que les souvenirs font surface et qu’elle est loin de trouver que son Miller chéri a eu une idée de génie.

Et durant leur cohabitation, Packard permettra à Train de s’entraîner au golf, chose qu’il faisait à l’époque, le matin, avant l’arrivée des clients. Il se trouve que Train est un sacré joueur et qu’ils visiteront de nombreux clubs, où Train insultera plusieurs blancs en les battants sur leur terrain, tout en gagnant des tas d’argent, chose qui lui était encore inconnue.

Écrit avec un style personnel et fort efficace, Train est un roman noir qui nous enfonce dans les psychologies de personnages troublés, qui sont mis en relation par des situations délicates et ambiguës. Prenant, dur et angoissant, ce roman place Dexter sur la liste (toujours grandissante) des grands écrivains américains. Sans aucun doute un dossier à suivre.

Amochés

8 étoiles

Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 50 ans) - 18 août 2008

Ils le sont, les 4 principaux personnages de cette histoire. ça commence par une partie de golf crispante, suivi d'un braquage haletant (grand moment de lecture en ce qui me concerne). L'ambiance redescend d'un cran pour nous entraîner dans les quotidiens d'un flic tordu, pas clair, et d'un black tout juste majeur, paumé, lymphatique... mais pas que...
On entrevoit l'espoir, les illusions, mais aussi la réalité tranchante d'un monde sans pitié, le racisme en ligne de mire. C'est percutant par moment, très lent à d'autres, comme si ce rythme imposé n'était que le reflet d'un quotidien à la fois bercé par l'adrénaline et la routine.

Un bon livre, très mystérieux

9 étoiles

Critique de Patanock (Besancon, Inscrit le 10 septembre 2006, 35 ans) - 22 octobre 2006

J'ai trouvé ce livre assez bon. Je le recommande d'ailleurs pour ceux qui sont intéressés par ce sujet, cette époque.
Le livre est dur, très noir, et le style de l'auteur nous rapproche considérablement de Packard, de sa femme comme de Train ou Plural.
Les pages se succèdent rapidement, il m'a fallu un ou deux chapitres pour rentrer dans ce livre, mais une fois le livre fermé je n'avais qu'une hâte c'est d'entamer ma prochaine lecture.
Je le trouve très bon, très très attachant pour cet homme brave qu'est Train, mais qui à cette époque n'a pas son mot à dire.

Vraiment un livre duquel on ressort triste, triste d'avoir tourné la dernière page...

Enigmatique...

5 étoiles

Critique de Numanuma (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans) - 15 mars 2006

Voila encore un roman acheté sur la foi d’un article élogieux dans je ne sais plus quel magazine et le prestige des éditions de L’Olivier dont je possède plusieurs ouvrages.
Et puis je l’ai rangé correctement et respectueusement dans ma bibliothèque, me promettant de le vite lire et le temps est passé, passé… Six mois au moins avant que je ne me revienne en mémoire le titre de ce roman trop bien classé avec ses frères de feuilles et de carton souple.
Train, c’est le titre et le nom du héros de ce roman noir situé à Los Angeles en 1953, c’est-à-dire dans une société d’opulence et d’abondance, dans un pays jeune vainqueur de l’Allemagne nazie en train de devenir la première puissance mondiale, dans une république fédérale raciste malgré tout.
Train est Noir ; il travaille dans un club de golf, il y est caddie. La seule place possible pour les Noirs sur un green. Cela ne l’empêche pas d’avoir un swing parfait et un putt remarquable. Seulement, il est le seul à le savoir puisqu’il joue seul, le matin, avant l’ouverture, avec un vieux club trouvé par hasard.
Jusqu’au jour où un habitué du club, un certain Miller Packard, le remarque.
A partir de ce moment, il devient difficile de dire qui est le héros de ce roman trouble où tout n’est qu’apparence.
On pourrait laisser cet honneur à Train, qui donne son titre au livre mais les événements semblent le happer sans qu’il y puisse quoi que cela soit. Il est emporté par le cours des choses, il n’est pas vraiment acteur de sa propre vie. Comme des milliers de ses frères, il est ballotté de job en emploi précaire parce qu’il n’a pas la bonne couleur de peau. Seul le golf semble constituer un point d’encrage solide. Mais là encore, tout semble fait pour que cette voie lui soit aussi inaccessible que les autres. Il est témoin malgré lui de ce qui se trame tout autour, impliqué contre sa volonté.
Miller Packard alors, vu qu’il ouvre le roman ? Il est ce qu’il y a de plus sombre dans le récit. Il est aussi noir de cœur que la société dans laquelle il évolue. Il est héritier d’un passé douteux dont le lecteur n’aura que des bribes mais la moralité ne semble pas être un élément constitutif de son être. C’est un maître manipulateur/dissimulateur aux contours éternellement flous. Même ses motivations nous sont inaccessibles, on ne peut que supposer.
Il reste une saveur étrange après lecture, une amertume ; l’impression diffuse de s’être fait avoir. Trop grande identification à Train ? Trop de naïveté pour saisir la véritable dimension de Packard ? Difficile à dire. Mon absence de connaissance en roman noir joue-t-elle en ma défaveur ? Il m’est difficile d’apporter un quelconque jugement sur ce livre. Trop dense peut-être ?

Dur mais attachant

8 étoiles

Critique de Nounours (FLEVILLE DVT NANCY, Inscrite le 27 janvier 2005, 58 ans) - 9 mars 2006

On rencontre dans ce roman des personnages attachants, même s'ils ne sont pas irréprochables, sur fond de racisme dans l'Amérique des années 50. La vie (ou plutôt devrais-je dire la survie) est dure pour le héros, Train, jeune noir de 18 ans qui vaque de petit boulot en petit boulot pour gagner quelque argent pour subsister. Les personnages qui gravitent autour sont bien typés et, pour certains, on a envie de leur "rentrer dans le lard". Certaines scènes sont assez dures (je pense notamment à la scène de l'agression sur le bateau) et le style de l'auteur n'est pas toujours facile à lire, mais c'est un roman auquel on s'attache et dont on veut connaître la fin.

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