La seconde vie de D. B. Cooper de Elwood Reid

La seconde vie de D. B. Cooper de Elwood Reid
( D. B.)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Aria, le 17 septembre 2005 (Paris, Inscrite le 20 juin 2005, - ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 953ème position).
Visites : 4 084  (depuis Novembre 2007)

Une écriture puissante pour un excellent roman d'aventure

« Fils spirituel » de Jim Harrison (aux dires du grand écrivain), Elwood Reid écrit sur l’Amérique profonde, qu’il connaît bien.
Il est né à Cleveland (Ohio) il y a 34 ans. Ce colosse (1,90 m.) se faisait plutôt remarquer pendant ses études secondaires pour son jeu au football américain. Autodidacte, il est successivement barman, videur et il part en Alaska où il est charpentier pendant 10 ans. Mais en dehors de ses heures de travail, il lit sans cesse et finit par ressentir le besoin d’écrire sur tous ces Américains qui ne vivent pas vraiment l’American dream.
« La seconde vie de D.B. Cooper » est un grand roman d’aventure, mais par certains côtés c’est quasiment un thriller.
Un certain D.B. Cooper détourne un avion entre Portland et Seattle, la veille de Thanksgiving, le 24 novembre 1971. Il obtient, sans faire le moindre mal ni à l’équipage ni aux passagers, de se faire remettre 200 000 dollars et des parachutes et se fait larguer au dessus des grandes forêts de l’Amérique du nord-ouest.
Le début de l’histoire est basé sur un vrai fait divers (son auteur n’a jamais été retrouvé), mais à partir de là Elwood Reid construit une histoire.
Cooper serait un ancien du Vietnam, nommé en réalité Phil Fitch, qui n’a pas pu se réinsérer dans la vie civile et qui s’est fait larguer par sa femme, qui le trouvait plutôt minable. Pour fuir cette vie sans espoir et sans argent, il a décidé de frapper un grand coup. Le roman raconte comment, après avoir réussi son détournement et traversé les U.S.A., il profite d’une vie paisible au Mexique où il s’est réfugié, dans une espèce de communauté hippie, puis dans un petit village. Jusqu’au jour où… il ne faut pas révéler la suite.
Le roman s’attache à un autre personnage, lui aussi plein de frustrations, Frank Marshall, ancien du FBI, qui vient de prendre sa retraite. Un policier qui a du mal à lâcher certaines affaires qui lui ont tenu à cœur, notamment l’une qui concerne une jeune femme, Anne, épouse d’un bandit en cavale, qu’il a toujours essayé de protéger. Flic au grand cœur ? Pas vraiment, plutôt homme sensible au charme de cette jeune femme un peu paumée, lui qui est marié à l’efficace Clare, agent immobilier, qui est atterrée de voir son mari partir pour des journées entières et en revenir sentant la vodka ou le bourbon.
Pourquoi ce deuxième personnage crucial : il se trouve tout simplement que Marshall a beaucoup travaillé sur l’affaire Cooper en son temps et que, une semaine à peine après son départ en retraite, un jeune ex-collègue lui demande de l’aider à reprendre l’enquête sur Cooper !...
Le parcours (dans tous les sens du terme) des deux hommes est raconté en parallèle (on est là à peu près 12 ans après la fuite de Cooper-Fitch).
C’est vraiment un roman d’homme, les personnages féminins n’y sont pas aussi forts (et de loin) que ceux des hommes.
Ce roman de 450 pages se lit avidement, on veut savoir ce qui va se passer.
L’intrigue est merveilleusement bien menée. Reid trouve un rythme digne des meilleurs romans d’action ; l’intrication des deux intrigues parallèles est admirablement bien réussie.
Mais c’est aussi un roman très bien écrit, avec des phrases percutantes.
Aucun mot inutile et pourtant des phrases souvent longues pour situer l’action, faire des descriptions remarquables de précision. Ce sont ces descriptions qui font souvent sourire, car l’ami Reid a un sacré sens de l’observation et la plume acérée.

Voici comment il nous explique la peur de la retraite pour Frank : « Pour Frank, il était hors de question de passer le restant de ses jours à se dorer la pilule sans rien faire sur une terrasse en bois traité, et attendre que ses cheveux blanchissent avant de tomber, que ses dents se déchaussent et qu’il se retrouve à manger ses muffins aux flocons d’avoine à pleines gencives en se faisant du souci pour sa prostate. »
Les descriptions de personnages sont assez cruelles : « Il la trouva assise devant un mur de pneus à carcasse radiale complètement lisses, mince comme un coup de fouet, de jolis cheveux taillés en pointe vers l’arrière du crâne. Mais…avec ses yeux gris énormes, son menton dur et marqué, et sa bouche de traviole luttant pour contenir le bric-à-brac de sa dentition, elle ressemblait effectivement à une mante religieuse. »

Je crois qu’il faut aussi rendre hommage au traducteur qui a trouvé les mots pour donner de la fluidité à un texte très riche.

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Les éditions

  • La seconde vie de D. B. Cooper [Texte imprimé], roman Elwood Reid trad. de l'américain par Freddy Michalski
    de Reid, Elwood Michalski, Freddy (Traducteur)
    Albin Michel / Terres d'Amérique
    ISBN : 9782226158444 ; 16,52 € ; 02/03/2005 ; 446 p. ; Broché
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Convenu...

5 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 13 septembre 2006

Encore une production de l'usine à littérature américaine ! Encore un poulain de leurs fameuses "écoles d'écriture" ! L'intrigue de ce roman part d'un fait divers authentique : le 24 novembre 1971, un certain Fitch, ancien para commando revenu de tout, se transforme en pirate de l'air et détourne un avion en menaçant de le faire sauter à l'aide d'une bombe artisanale placée dans sa mallette. Il récupère une très grosse somme d'argent et réussit à filer en sautant en parachute avec son butin...

Les 100 premières pages sont relativement palpitantes. Le héros se réfugie au Mexique où il coule une vie tranquille mais modeste jusqu'au jour où, à cours d'argent, il doit revenir aux USA pour récupérer la seconde partie du magot cachée pâr ses soins au fin fond de la cambrousse. Le récit est articulé de façon très classique sur le schéma du récit en parallèle avec la vie de Fitch d'un côté et celle de Franck Marshall ( quelle originalité!), agent retraité du FBI, dépressif et alcoolique qui accepte d'aider un jeune collègue à résoudre l'affaire enterrée depuis 13 ans, de l'autre...

Une fois de plus, un littérateur américain se perd dans le pointillisme narratif. Russo a fait un nombre considérable d'émules ! Mais là, les minuscules évènements de la vie de tous les jours finissent par lasser et le pauvre lecteur a de la peine à empêcher le bouquin de lui tomber des mains tout au long des 350 dernières pages. Et même si son masochisme l'entraine jusqu'au bout, il n'aura droit qu'à une fin improbable et décevante alors qu'il s'attendait à du spectaculaire ou de l'imprévu...

Il se passe finalement si peu de choses dans ce roman longuet qu'il aurait avantageusement pu être réduit de moitié. Seule la description de la vie au Mexique dans une communauté hippie/junkie est intéressante et bien représentative des années 70. Les états d'âme et la vie miteuse du flic retraité sont sans intérêts alors qu'ils occupent plus la moitié de l'oeuvre. Sur la dernière de couverture, on lit, navré : "Il y a quelque chose de Raymond Chandler chez Elwood Reid." ( Jim Harrison). Quelque chose, peut-être, mais si peu ....

Qui est le vrai imposteur?

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 20 février 2006

Phil Fitch est un ancien miliaire, il a fait le Vietnam et, comme beaucoup, en est revenu meurtri. Il faut dire que l'armée ne s'est guère souciée d'une quelconque reconversion et Fitch a retrouvé sa petite ville d'Oregon sans boulot, sans argent et bientôt sans femme. La folie le guette, jusqu'à ce jour de 1971 où il prend un avion de ligne en otage. Une forte rançon lui est versée, Fitch passer couler des jours heureux au Mexique sous le nom de DB Cooper. Tout irait bien dans le meilleur des mondes si un jour, Frank Marshall, agent du FBI en fin de carrière, ne retrouvait sa trace... Je ne vous en dis pas plus de l'histoire, car l'essentiel du récit demeure dans la confrontation entre les deux hommes et la résumer serait un peu déflorer du mystère.

On se rend compte, en lisant les notices biographiques consacrées à Reid que ce milieu de la résignation et de la déchéance, que cette vie faite de fatalisme et de misère, il connaît bien ça. C'est sans doute ce qui explique, en partie, pourquoi il en parle si bien et avec autant de justesse. Son écriture est vive et mordante, réaliste, le lecteur se retrouve rapidement au coeur de l'intrigue avec un air familier assez agréable. Jim Harrison le présente comme son fils spirituel, ils ont certes le goût des grands espace et de la misère humaine en commun. Et Elwood Reid semble être bien placé sur le chemin du perfectionnement. Cette "Seconde vie de DB Cooper" est plus mûre et plus travaillée que son recueil de nouvelles "Ce que savent les saumons", un livre prometteur.

En lisant ce dernier roman, je me suis plus d'une fois sentie surprise par l'évolution de l'intrigue, au point de relire quelques passages juste avant un changement d'action ou de perspective et de me dire que c'était bigrement bien imaginé et rédigé! Elwood Reid écrit bien, très bien même et son imagination semble sans limites. Un auteur assurément à suivre!

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