Chasse à courre
de Clémence Boulouque

critiqué par Clarabel, le 15 septembre 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Des ressources "humaines" ?
J'ai toujours lu avec plaisir les livres de Clémence Boulouque, depuis "Mort d'un silence" et "Sujets libres", et je pensais renouveller cet enthousiasme avec son nouveau roman "Chasse à courre". Toutefois je ne cacherai pas ma déception : ce roman est cruel, mais dans un sens glacial, froid, implacable et qui vous laisse de marbre ! C'est l'histoire d'un chasseur de têtes, Frédéric Marquez, un moins de trente ans au parcours fulgurant, grandes écoles, embauche facile et prestigieuse... L'homme réussit tout ce qu'il entreprend, et surtout il veut ce qu'il y a de mieux, et exige le meilleur de lui-même. C'est bien le moins qu'il mérite, pourrait-on résumer en lisant son parcours. Mais aussi, c'est ce qu'il attend des autres, histoire qu'on le mérite davantage ! Parce que je le vaux bien, dit le slogan publicitaire - et bien c'est la devise de Frédéric Marquez. Egalement : "Donnez-moi la règle et je gagne" etc.. Quelques perles de petitesse brocardent ce portrait terrifiant d'un requin aux dents longues !

Toutefois dans cette histoire, un type est mort - un certain Richard Pétrel, dont on lit l'avis de décès à plusieurs reprises, sans savoir qui il est ! A moins de 100 pages de la fin, le mystère est toujours entier ! Alors oui, ça lasse et ça traîne. Personnellement j'ai retrouvé dans ce livre trop de déjà-vu, vécu autour de moi ou rapporté. Alors, j'attends autre chose d'un roman - que ça change ! Qu'on ne me flanque plus à la figure la "cruelle réalité de la vie"... Clémence Boulouque a voulu épingler cette génération de cadres hautement supérieurs (des hommes ou des femmes plus proches du firmament, sur leur mont de l'Olympe où l'on ne côtoie pas les demi-dieux ou le commun des mortels). Quelques critiques comparent ce livre à "99frs" de Beigbeder ou Bret Easton Ellis (cynisme et culte des marques), mais bon... Le personnage de Frédéric Marquez est très loin d'être sympathique, pourtant le roman est centré sur lui ! Donc, comment éprouver autre chose qu'un sentiment creux et désabusé pour "Chasse à courre" ? Je n'irai pas jusqu'à dire "flasque", comme je l'ai lu dans une critique... Toutefois, il y a du manque dans ce livre, et c'est gênant.