L'âme humaine
de Oscar Wilde

critiqué par Sahkti, le 14 septembre 2005
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
A bas la propriété!
Cet essai d'Oscar Wilde a été publié en 1891 sous le titre "The Soul of the Man under Socialism" (la partie "under socialism" disparaîtra lors de la réédition de 1905).
Un régal, une fois de plus chez Wilde, avec ce rejet des conventions et des dogmes, ainsi que cette vivacité d'esprit qui rend ce texte très vigoureux. Wilde se déchaîne contre la presse, la politique, la démocratie (ou ce qu'il en reste: "La démocratie n’est que le matraquage du peuple par le peuple pour le peuple") mais ce sont aussi les intellos et les pseudos artistes qui en prennent plein la vue.
Dans ce essai, Wilde prône une théorie pas vraiment révolutionnaire mais qui fait cependant du bruit: si on abolit la propriété privée, on règlera pas mal de problèmes, surtout ceux liés aux vols et aux crimes. Belle utopie que Wilde défend avec force et conviction. Wilde s'attarde également sur le rôle que l'art doit jouer dans la vie de l'homme, sur la place prépondérante qu'il doit occuper. L'art est un élément essentiel de la destinée et doit prendre le dessus sur tout le reste.
Un essai dans lequel Oscar Wilde a placé toute sa hargne et son ironie. Même si, les années ayant passé depuis sa rédaction, on se rend compte que la plupart des idées défendues par l'auteur ont échoué ou sont irréalisables, cela n'empêche pas de rester admiratif devant la plaidoirie et les convictions si vaillamment défendues par un Wilde en pleine forme.

Quelques lignes:
"Une œuvre d'art est le produit unique d'un tempérament unique. Sa beauté vient de ce que son auteur est ce qu'il est. En aucun cas de ce que les autres veulent. A la vérité, dès qu'un artiste prend conscience de ce que désirent les autres et s'applique à les satisfaire, il cesse d'être un artiste. Il devient un artisan, terne ou amusant, un commerçant, honnête ou malhonnête ; il ne peut plus prétendre être un artiste. L'art est l'expression de l'individualisme le plus intense que le monde ait jamais connue, et j'aurais même tendance à dire la seule."
Pas de misérabilisme 6 étoiles

Un socialisme libertaire aux fondements très étranges...

En effet pour Oscar Wilde le principal problème de la société est... le recours abusif à la charité !
Un raisonnement simple : dégradante et humiliante, la charité engendre une frustration chez celui qui en est le récipient; frustration qui va s'exprimer à travers des révoltes, crimes et autres délits. Pourquoi s'abaisser à mendier quand on peut prendre le risque de voler ? Combattre le capitalisme est donc pour lui synonyme de combattre pour une société plus juste, a savoir une société où, puisque la pauvreté n'est plus un mal, les riches n'auront plus à perdre leur temps à être charitables.
La disparition de la charité signifie pour lui la disparition de la criminalité.

Oscar Wilde défend aussi, avec acharnement, l'Individualisme. Non pas l'Individualisme matérialiste -corrompu et vulgaire-, mais celui qui vise à s'épanouir, devenir pleinement soi, être en accord avec soi-même et les autres. Il est clair : on n'est pas ce que l'on possède, mais ce que l'on fait.
L'exemple type de l'individualiste étant, pour lui, l'artiste.
Une longue digression commence alors sur ce que signifie être artiste, la place de l'artiste en société , son positionnement face à la critique ou à la masse etc... La, Wilde se perd et on ne comprend pas trop où il veut nous mener. Y-a-t-il encore un rapport avec le socialisme ? Pour lui c'est évident ( seule une société socialiste peut permettre un réel Individualisme ) mais pour des lecteurs du XXIème siècle... ?

Cela dit, si son utopie s'est perdue dans les horreurs du socialo-communisme son regard sur la presse et L'Art est éclairant et toujours d'actualité... Rien que pour cela l'essai vaut d'être lu ! Sinon...

Oburoni - Waltham Cross - 41 ans - 25 septembre 2008