L'intérieur de la nuit
de Léonora Miano

critiqué par Aliénor, le 11 septembre 2005
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Une plongée dans l'Afrique
L’intérieur de la nuit est de ces romans qui laissent un fort sentiment longtemps après en avoir achevé la lecture. Bouleversant, très fort et très dur, il nous livre en effet le tableau d’une Afrique que nous ne connaissons pas et que nous découvrons avec stupéfaction.

Ayané, jeune fille qui vit en France afin d’y poursuivre ses études, revient dans son village natal car sa mère est mourante.
Elle y a toujours été considérée comme une étrangère, car ses parents ne lui ont pas enseigné les rites et les traditions du peuple qui est pourtant le sien.
Elle est donc plus une intruse qu'un membre de la communauté, et l'hostilité à son égard se fait tout de suite sentir... surtout de la part de Ié, la doyenne du clan.

Lorsqu’elle revient, la guerre civile ravage le pays. Le village est encerclé de miliciens qui vont un soir l’envahir et faire vivre une nuit d’horreur à ses habitants, à travers une "cérémonie" qu’aucun mot ne peut qualifier.

Je n’en dirai pas plus car ce serait trop dévoiler. Je vous laisse découvrir la suite de cette longue nuit qui bouleversera Ayané au point de tout remettre en question dans sa vie.
Déçu ! 6 étoiles

Déçu !

La première partie du livre m'a séduit. Remarquable. Léonora Miano a une plume qui n'a rien à envier à Fatou Diome. Le style est maîtrisé et les descriptions tapent juste et fort.
A partir de la seconde partie (à la moitié mathématique du livre), les choses se sont gâtées pour moi. Le texte m'a semblé plus flou et je n'ai plus été dans le tempo. (si j'ose dire)

Monocle - tournai - 64 ans - 8 octobre 2015


perle 9 étoiles

perle à découvrir d'urgence, livre poignant, fort, envoûtant... jamais je n'avais refermé un livre à cause de sa dureté... A tous ceux qui préfèrent les films pour imaginer, ce livre n'a rien à envier à un film où tout serait déjà imaginé !

Deedoux - - 38 ans - 5 juillet 2008


au plus profond 10 étoiles

Beau livre que celui de Miano. On y découvre une Afrique dont on entend peu parler, que l'on ne connaît pas.
Ancrée dans ses traditions, laissant filer les jours d'un côté et pleine de ressentiments, rêvant de devenir une grande de l'autre. Entre les deux mondes : du sang, de la violence, de l'incompréhension.

Miano a une très belle écriture, proche de la nature, avec des mots très beaux, utilisant la métaphore, la poésie du corps.
Un très très beau moment... et très dur aussi.

Queenie - - 44 ans - 12 juin 2006


L'Afrique qui se mutile 7 étoiles

Eku est un village des Grands Lacs. Lorsque Ayané, qui étudie en France, rentre au pays, c'est la désolation. La guerre civile fait rage. Les soldats, sous prétexte de vouloir unifier la grande Afrique, réclament les hommes valides pour faire la guerre et les filles pour motiver les soldats. Ne reste alors qu'une terre ingrate livrée à des vieillards, des femmes et de jeunes enfants. L'avenir est sombre. Les rebelles investissent le village et réclament un sacrifice, un jeune mâle pour réunir toutes les tribus séparés. Le chef du village s'y oppose, le chef des rebelles l'égorge...

Roman puissant et magistral que cet "Intérieur de la nuit" de Léonora Miano. Un texte qui fait naître des questions, importantes et dangereuses, sur notre vision du monde, la culture que nous avons et que nous n'appliquons que très mal à autrui. Il y a ici une notion du bien et du mal qui diffère selon que l'on se trouve en France ou en Afrique. Il y a le visage de cette Afrique qui tend la main vers l'Occident et puis le visage d'un continent qui se déchire et détruit les siens sans scrupules. Multifacettes d'une terre qui souffre et n'épargne rien à ses populations, déjà bien meurtries par les caprices de Dame Nature. Peu de complaisance dans l'écriture de Léonora Miano, elle dénonce, les siens comme les autres. Et au final, il y a un sentiment dérangeant qui prend de plus en plus de place et pousse à s'interroger sur le destin d'une nation, sur l'aide à lui apporter ou sur la passivité à observer face à ses errances et ses dérives. C'est un roman fort, choc, qui présente l'Afrique sous un jour peu glorieux et ne cesse d'interpeller sur comment remédier à tout cela...

Sahkti - Genève - 49 ans - 17 mars 2006