L'insulaire
de Virginie Reisz

critiqué par Sahkti, le 7 septembre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Amour ennuyeux
La narratrice a des problèmes de maux de dos et de bassin fragile. De quoi l'amener chez un physiothérapeute qu'elle trouve, au premier abord, très froid. Pourquoi en serait-il autrement? C'est ce qu'on se dit mais très vite, on se rend compte que la narratrice en question a un coeur de guimauve, pire même, de beurre, qui fond devant n'importe sourire ou regard séduisant. La voilà attirée par cet homme. Progressivement une relation s'installe. Ils parlent, ils se promènent, choses que les couples font tout le temps sans que cela paraisse soudainement si extraordinaire. Mais ici ça l'est. La narratrice rêve à la grande histoire d'amour à l'homme de sa vie. Le roman commence à tomber dans le mièvre, je baille (presque)...
Arrive la révélation, le rebondissement tant attendu: le médecin a un cancer. Là, je manque de m'évanouir. Cette facilité, ce cliché sur-utilisé, il faut encore oser le faire. Dans un récit de 60 pages de surcroît. Je poursuis. Ne soyons pas vache. Je vais enfin assister à une exploration sans vergogne des âmes meurtries, aller au fond des choses, flirter avec le souffrance, bref... me retrouver dans ces lignes. Et tout cela ne peut qu'être fort, puissant, il reste peu de pages, ça y est. La narratrice s'approprie la douleur de "son" malade; ils ne font plus qu'un. En tout cas dans sa tête. Parce que lui il se lasse, il s'éloigne, il s'en va. Lequel des deux souffre désormais le plus? Lui ne veut plus exhiber ce corps meurtri, elle ne peut vivre sans lui.
Aucune originalité derrière tout cela et l'écriture de Virginie Reisz, qui possède des qualités, ne suffit pas à ôter au récit de ce côté mélodramatique qui sied si bien aux films hollywoodiens. Format trop court? Ecriture trop faible? Je l'ignore mais ça ne tient pas la route. Trop d'eau de rose, pas assez de violence. une belle histoire d'amour, une souffrance, un drame, tout y est mais sans caractère exceptionnel. C'est banal, oui, voilà.