Chair d'assaut
de Mélikah Abdelmoumen

critiqué par Libris québécis, le 5 septembre 2005
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Figue du père
L’auteure est née à Chicoutimi au Lac Saint-Jean en 1972. Son roman compliqué est inspiré de Prochain Épisode d’Hubert Aquin (critique sur le site). Il faut avoir une connaissance profonde de la psychanalyse et du Québec pour que cette toile de fond serve à un projet d’écriture qui se veut une oeuvre d’intériorité et d’analyse sociale. Mélika Abdelmoumen n’avait pas 30 ans lorsqu’elle a écrit Chair d’assaut, un polar atypique qui s’enracine dans un matériel oedipien relié à l’image du père. Elle voulait en mettre plein la vue au lectorat, mais va-t-elle réussir à le séduire ?

La narratrice tente de démêler l’histoire d’un détective qui s’est suicidé, d’une femme, Rebecca Last, qui a disparu et de son frère Arthur, un peintre, qui a été incarcéré. Que s’est-il passé ? On remonte le courant familial pour dévoiler une icône paternelle peu rassurante, voire dangereuse. La haine à l’égard du père naît de son pouvoir de destruction, auquel on s’oppose en recourant à la violence. En fait, on aspire au bonheur. Le roman trace le portrait d’âmes transformées en char d’assaut à la suite de blessures que l’on veut cicatriser en s’adonnant à un rythme de vie qui appelle la violence.

Une écriture complexe et une structure qui l’est tout autant font de ce polar psychologique une œuvre qui dénote que la jeune auteure de la vingtaine manquait évidemment d’expérience pour mener à bien un projet si ambitieux. La modestie fait également partie des vertus littéraires.