La ville au crépuscule de Kazumi Yumoto

La ville au crépuscule de Kazumi Yumoto
( Nishibi no machi)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Sahkti, le 2 septembre 2005 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 337ème position).
Visites : 3 867  (depuis Novembre 2007)

Se souvenir d'un passé absent

Kazumi Yumoto est une auteur qui écrit habituellement pour la jeunesse. Changement de registre cette fois, elle s'adresse aux adultes et elle se débrouille très bien pour une entrée en matière!
Le narrateur a une quarantaine d'années et se souvient de son enfance. C'est flou et souvent confus mais les fragments de souvenirs lui permettent de se reconstituer un passé. Ses parents ont divorcé, sa mère n'a cessé de déménager aux quatre coins du pays de peur que le père les retrouve puis, un jour, le grand père Tête-de-mule est arrivé chez eux sans crier gare. Un homme âge qui se sait mourant et décide de terminer sa vie avec son petit-fils.

Que de tendresse et de sensibilité dans ce texte de Kazumi Yuomoto. Une histoire de souvenirs et d'amour familial, avec beaucoup de poésie et de nostalgie. L'écriture est belle et douce, sans tomber dans ce côté guimauve que je n'aime guère. Il y a ici une légèreté d'expression qui rend tout cela très aéré et très agréable, c'est frais. A cette tendresse se mêle une douleur, plus sourde mais tout aussi présente, celle du désarroi d'un enfant devant ces changements incessants de vie et devant la mort qui se profile. Certaines scènes sont poignantes, le grand-père vit de durs moments et ça marque l'enfant. Qui sera aussi frappé par le comportement souvent maniaque de sa mère (elle passe son temps à se couper les ongles la nuit, par exemple et l'enfant transforme cela en souvenir obsessionnel).
Un beau retour en arrière, bien raconté. J'espère que Kazumi Yumoto poursuivra son écriture "pour adultes" en parallèles avec ses récits pour la jeunesse.

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Tête de Mule

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 13 décembre 2006

Tête-de-Mule. Drôle de nom pour un grand-père. Même japonais. C’est le grand-père du narrateur. Narrateur adulte mais qui raconte en fait son enfance, ou plutôt la découverte, à l’âge de dix ans de son grand-père : Tête-de-Mule.
A dix ans, ce petit garçon vit pauvrement avec sa mère divorcée, changeant régulièrement de résidence, pour ne pas être retrouvée par l’ex-mari croit-on comprendre. Mais là n’est pas l’important. L’important c’est qu’à l’âge de dix ans, rentrant seul de l’école, le petit garçon identifie, sans l’avoir jamais vu, le clochard posté sa maison comme Tête-de-Mule, ce grand-père dont on lui a rebattu les oreilles. Il s’installera chez sa fille, comme pour y mourir et le garçon nous raconte la cohabitation. Avec des mots, des sentiments et des capacités d’analyse d’enfant de dix ans. A hauteur d’enfant. Et à sa manière de semer des détails anodins et d’y accorder toute l’importance qu’ils ne méritent pas forcément, l’écriture de Kazumi Yumoto m’a fait penser à celle d’Hubert Mingarelli. Moins introspective mais toute aussi proche de l’individu ; de l’enfant, de la mère, de Tête-de-Mule.
Comme Mingarelli le fut au début d’ailleurs, Kazumi Yumoto est d’abord une auteuse pour la jeunesse. C’est son premier roman adulte. Intéressant de constater qu’elle a préféré traiter le sujet en se plaçant dans la peau d’un petit garçon plus que d’une petite fille.
« C’est au printemps 1970, quand j’avais dix ans, que Tête-de-Mule est venu dans l’appartement où maman et moi vivions. Ce jour-là, en rentrant de l’école, j’ai vu un inconnu affaissé devant la porte. Je lui ai aussitôt demandé :
- Tête-de-Mule ?
Si je n’ai pas hésité à m’adresser ainsi à lui, c’est peut-être parce qu’il semblait assoupi. Chaque fois qu’elle voyait un clochard endormi dans la rue, maman disait : « Maintenant Tête-de-Mule doit être comme ça » ou « Oh j’ai eu peur ! J’ai cru que c’était Tête-de-Mule. » J’avais donc déja aperçu des sortes de bandes-annonces de mon grand-père- encore jamais vu- sous un pont, dans un caniveau ou sur les marches de pierre humides d’un escalier menant à un sanctuaire désert. »


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