La jeune fille suppliciée sur une étagère
de Akira Yoshimura

critiqué par Titalie, le 30 août 2005
( - 39 ans)


La note:  étoiles
Etrange
L'auteur de La Jeune fille suppliciée sur une étagère s'attaque à un tabou: la mort et ce qui se passe après, mais également le devenir du corps et de l'âme.

Une jeune fille de 16 ans trouve la mort et regarde sa vie qui a été loin d'être paisible et la commente. L'auteur japonais nous livre ici sa propre version de l'après. Par l'intermédiaire de cette jeune fille anonyme, le lecteur passe de l'autre côté et ressent précisément toutes les impressions de la jeune fille après. Tout est décrit de son point de vue car l'auteur dissocie son corps charcuté par les étudiants en médecine et son âme qui reste intacte et continue à tout ressentir. J'ai trouvé que cette subjectivité cynique tombait à plusieurs reprises dans le glauque, à la limite du soutenable notamment lors de l'éviscération de ses organes à la morgue... Je n'ai pas réussi à lire totalement ce roman au second degré malgré une écriture fluide et elliptique qui sait ne pas s'attarder sur les détails morbides. Dommage que ce ne soit qu'à la fin que le rythme s'accélère pour enfin nous dévoiler l'explication du titre débouchant sur une impasse cruelle.

Roman révélateur sur la vie ou plutôt la mort, qui amène une vision bien morne de l'après qui n'est pas agréable à dire.
La mort est légère, ... quoique 6 étoiles

Deux nouvelles composent ce recueil. La première qui donne son titre au livre est la plus étrange. Elle est relatée du point de vue d’une jeune fille de 16 ans décédée d’une pneumonie et qui raconte ce qui arrive à son corps surtout à partir du moment de son décès et jusqu’à ce qu’il soit confié à une urne funéraire. Observatrice attentive et curieuse, elle relate de façon très détachée la manière dont il est traité, sa mère en ayant fait don à l’hôpital, et les réactions des personnes qui le manipulent. L’angoisse ne vient que lorsqu’elle est recluse avec ses semblables, immobile sur une étagère, ce qui donne le titre.

La seconde nouvelle ‘‘Le sourire des pierres’’ exprime le mal-être de la sœur aînée d’un étudiant, répudiée par la famille de son ancien mari car elle est stérile, et de celui d’un camarade d’enfance retrouvé à l’université qui vient habiter dans une partie de leur maison qu’ils louent. Là, l’inquiétude croît tout au long du récit avec la persistance ponctuelle de la mort, de la pendue trouvée enfant dans le cimetière voisin qui était leur terrain de jeu, aux suicides ou aux incursions dans la montagne à la recherche de tombes abandonnées pour y récupérer des effigies afin de les vendre à des marchands d’art.

IF-0414-4205

Isad - - - ans - 6 avril 2014


Etrange 7 étoiles

Je ne sais que dire sur ce livre de deux nouvelles... Je les ai lues rapidement. Quel message veut faire passer l'auteur ? Tout est écrit simplement, avec un brin de poésie particulièrement aux auteurs japonais. Mais le message ? Etrange...

Kikounette - Nîmes - 52 ans - 26 novembre 2011


Supplice 2 étoiles

Terrible désillusion pour moi qui n'ai jamais été véritablement déçue par aucun écrivain asiatique.

Le voyeurisme que l'on retrouve dans la première nouvelle n'est pour moi pas à déplorer, puisqu'il s'agit seulement de mots présentant un évènement fictif. Cependant, je m'attendais à une justification de ces décorticages inattendue, surprenante, et non à cette démonstration si facile.
Finalement je n'ai donc rien retenu du premier récit, aucune émotion si ce n'est mon désappointement.

Quand à la seconde nouvelle, à nouveau au fil des pages la fin et donc la potentielle chute se dessine très nettement. Cet écrit est cependant plus agréable à lire, les personnages ayant suscité un peu plus ma curiosité, mais là encore les dernières pages ne sont pas à la hauteur et me laissent sur une impression négative.

Est-ce vraiment dommage de rester sur une première opinion négative d'Akira Yoshimura ? Il ne me semble pas puisque son style littéraire ne m'a pas séduite non plus, ou en tout cas je n'ai rien remarqué de particulier.

Elya - Savoie - 34 ans - 2 juillet 2010


Toujours autant de délicatesse... 4 étoiles

J'ai découvert Yoshimura en dévorant "Naufrages" - un roman qui m'avait profondément émue et quelque peu blessée. Une écriture délicate, phrases courtes mais poignantes - je me suis précipitée sur ses autres oeuvres et j'ai été quelque peu déçue...

Certes, "La Jeune fille suppliciée..." aborde le sujet de la mort de manière surprenante, on accompagne le personnage de la jeune Mieko du début de sa mort mais ... il y a quelque chose qui manque, qui pourrait rajouter encore plus de profondeur à ce roman. Yoshimura en fait trop mais pas au bon endroit ni au bon moment...

La nouvelle qui suit, "le Sourire des pierres" est au contraire, en étant tout autant poétique et délicate, très profonde, avec plusieurs personnages qu'on suit tout au long des pages...

A quoi ai-je pensé en refermant le livre après avoir lu la dernière page? A la mort et la famille - comment la famille vit-elle la mort d'un proche? Qui nous regrettera et regrettera-t-il?

Vee - - 46 ans - 25 mai 2010


Vision post-mortem 4 étoiles

Cela commence sur un sentiment étrange qui ne quittera pas le lecteur. A 16 ans Mieko, qui est morte, voit deux hommes donner une enveloppe à ses parents, puis l'emporter dans un cercueil de bois pour la conduire dans un institut médical. Elle est morte, oui, mais elle entend tout, voit tout. Ne ressent cependant plus rien. De quoi créer une sorte de distance proche du malaise, une relative indifférence de la part de Mieko qui peut, dès lors, décrire avec moult détails tout ce qu'on fait subir à son corps sans qu'elle en perçoive une quelconque douleur physique.
Proche du voyeurisme, cette observation des choses se mêle à un autre sentiment tout ausis difficile à accepter: celui de l'oubli. On en arrive à oublier que Mieko a 16 ans et qu'elle est morte, événement assez dramatique tout de même. On ne retient que ce corps, cette âme qui ne peut se parler qu'à elle-même et qui regarde, écoute, nous fait partager ce qui se passe autour de l'enveloppe à laquelle elle reste attachée.
J'ai trouvé que Yoshimura en faisait par moments beaucoup trop, c'est à la limite de la lourdeur dans les descriptions et il n'étais, à mes yeux, pas indispensable d'en faire autant pour créer un sentiment de malaise. Le malaise est là, y a pas de doute. Et je trouve ça dommage parce que ça aurait presque tendance à faire oublier un message qui me paraît, lui, essentiel: les morts ne sont pas là pour être oubliés. Du non-respect accordé à Mieko dépendra sa paix ou ses angoisses au royaume des disparus. Yoshimura a privilégié la voie glauque par rapport à une route plus métaphysique. Très peu pour moi!

Sahkti - Genève - 50 ans - 1 décembre 2005