Les 401 coups de Luj Inferman'
de Pierre Siniac

critiqué par Sibylline, le 25 août 2005
(Normandie - 73 ans)


La note:  étoiles
Ni queue, ni tête
Ce polar est le second de la série « Luj Inferman’ et la Cloducque ». On y retrouve au point de départ, les personnages du roman précédent (et quelques uns en plus, sans affinité), à peu près dans l’état où on les avait laissés. Cet «à peu près» recouvrant tout de même le notable nombre d’impondérables que l’on pouvait attendre d’eux.
Ce second polar est très différent du premier pour le style. On y sent une vraie intention de récit (du moins dans sa majeure partie, parce que la fin…) au service de laquelle est mise une façon d’écrire un peu plus linéaire et rationnelle.
Ici, nos deux héros sont aux prises avec un savant fou qui a greffé une tête de naja sur le corps d’une fort jolie fille (reste juste «le problème de la poche à venin») et divers mal intentionnés que cette nouveauté intéressent. Nos «amis» sont assez semblables à eux-mêmes (un poil moins sadiques peut-être) et, après bien des péripéties, l’histoire se termine comme mon titre l’indique (comprenne qui lira), quant à la fille de La Cloducque, ex kidnappée par le Clergé, vous verrez bien…
Je pense (mais je n’ai pas trouvé de document sur ce sujet, si quelqu’un en a, merci d’avance…) que le premier Luj Inferman’ était le fruit du jeu et de l’inspiration folle et que les suivants étaient ceux du succès et de la demande (ce qui n’exclut pas l’inspiration).
Je trouve qu’on ne peut pas, d’autre part, s’empêcher d’établir un parallèle entre Pierre Siniac et Frédéric Dard. Il y a des parentés dans leur production, aussi bien « sérieuse » que fantaisiste. Il y a du Béru dans la Cloducque, mais en pire, moins sexué et plus infâme ; il y a du San A chez Luj, mais avec une vraie caricature du charme et ça, c’est très fort. La série de Siniac a plu, mais elle n’a pas connu l’énorme succès de celle de Dard..
Pierre Siniac, qui avait été salué par le Grand Prix de la Littérature Policière en 1981 _ mais pas pour cette série_ a fini seul. Il vivait dans une cité de la banlieue parisienne et ses voisins ne savaient pas, semble-t-il, qu’ils côtoyaient un grand écrivain. Il est mort tellement seul que ce sont eux, alertés par l’odeur, qui s’en sont aperçus. On était en Mars 2002 et il avait 73 ans.