Après
de Claire Tristram

critiqué par Sahkti, le 25 août 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
L'amour interdit
L'héroïne mise en scène par Claire Tristram dans son roman est la veuve d'un homme mort lors des attentats du 11 septembre. Une femme en proie à une profonde solitude, à un sentiment grandissant d'inutilité et aussi de tristesse face au silence de son corps. Un corps auquel elle aimerait rendre la parole, qu'il redevienne beau, qu'il quitte cette robe de deuil dont elle ne peut se défaire seule. Vivre à nouveau, elle ne demande rien d'autre.
Arrive une rencontre. Ephémère, quelques heures dans un motel. Avec un homme de confession musulmane.
Est-ce cela l'essentiel de ce roman sulfureux? Pas tout à fait, mais... Difficile d'éviter le cliché et l'histoire d'amour à la hollywoodienne. Claire Tristram se donne beaucoup de mal pour quitter le navire, en empruntant une autre voie, celle de l'érotisme. Avec patience et moult détails, elle décrit le besoin de plus en plus fort de jouissance qui s'empare de la jeune veuve. Elle raconte le désir, le plaisir, le jeu des mains et des courbes. Pages sensuelles, narration de draps froissés, avec, tout de même, en toile de fond, ce sentiment d'interdit qui refait régulièrement son apparition, à savoir: une veuve du 11 septembre et un musulman peuvent-ils coucher ensemble? "How shocking!" ont dit certains critiques à la sortie du livre. "Quelles platitudes" ai-je envie de leur répondre. Il y a du désir, du sexe, pas vraiment d'amour, beaucoup d'envies et de pulsions... en cela, ça peut être bien. Et puis il y a ces silences, ces secrets inavoués, ces sensations de braver ce qui ne peut l'être... Un peu trop facile, par moments franchement déplaisant. De quoi, à mes yeux, gâcher le plaisir d'une lecture qui avait pourtant le mérite de ne pas tomber directement dans l'érotisme simpliste et les descriptions "chaudes" faciles.