Les corps halogènes
de Anne Bourlond

critiqué par Sahkti, le 23 août 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La sensualité de la lumière
Anne Bourlond est belge, elle vit et travaille à Beyrouth, c'est son premier roman.
Elsa est une jeune femme qui cherche la lumière, elle en rêve, elle la veut à tout prix. Est-ce cela qui lui fait vivre frénétiquement ces périodes comprises entre 17 et 19 heures, celles où le jour commence à disparaître, celles où elle a besoin de chaleur, celles où elle se veut complice du corps des autres pour y trouver cette illumination que la journée lui offre avec son plein de lumière.
Elsa a besoin d’une présence, d’une compagnie, elle veut faire l’amour avant la tombée de la nuit, pour prolonger les instants lumineux de la journée et s’endormir paisiblement.
Alors elle passe une petite annonce, elle cherche des candidats. Commence le défilé des postulants, des hommes drôles, tendres et attachants. Pas des bêtes de sexe ou des amateurs de galipettes à la sauvette mais des êtres qui cherchent avant tout un partage. Elsa qui était au départ demandeuse de compagnie se retrouve désormais dans la peau de celle qui écoute et cajole.
Beau langage poétique d’Anne Bourlond pour décrire ces moments de partage, de grâce sensuelle, une délicate torpeur s’empare du lecteur qui a envie de prolonger ces moments délicieux de repos et d’écoute, sans parler de la sensualité qui s’en dégage. Il y a par exemple un magnifique passage sur la description de la lumière à un aveugle, la magie des rayons du soleil sur un corps nu… on tombe sous le charme.
Un petit reproche cependant, le nombre de pages. C’est trop court, ça ne permet pas à la romancière d’exploiter comme il conviendrait le sujet qu’elle propose, on sent l’accélération par moments alors que l’idée aurait valu des longueurs, des lenteurs, du temps qui passe doucement, comme les grains de sable s’écoulant sans en avoir l’air.