Si un enfant vole un bouquin, on oublie rapidement le crime, en applaudissant silencieusement son intérêt pour la lecture… ce n’était pas ainsi dans les années 30 et le jeune héros de ce roman se voit contraint de purger une peine de prison à Belle-île-en-mer, un bagne pour délinquants juvéniles.

Au début, ce dernier arrive comme un sujet naïf de treize ans. Il est la victime des gardes et autres pensionnaires. La période d’acclimatation permet de nous instruire sur les rudes conditions de détention. Plus tard, à dix-sept ans, il s’est endurci et agit comme un leader parmi la troupe de malfrats. Ce retournement de statut est intéressant. C’est un filon qui aurait dû être exploité.

Mais, l’accent est plutôt placé sur les rebondissements, les luttes de classe et l’instinct de survie. Bien qu’inspiré de faits réels, ce roman cherche sa vraie nature, oscillant maladroitement entre le récit historique et celui d’aventures. Un peu comme si la violence réelle de l’époque devait être escamotée pour laisser place à l’enchaînement de péripéties, afin de ne pas trop bouleverser le lecteur. La prose truculente, fortement colorée d’argot local, et les grosses ficelles de l’intrigue réduisent notre investissement émotionnel. Néanmoins, je dois dire que le divertissement est au rendez-vous.


(Prix Jean Amila-Meckert)

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 24 novembre 2008