La reine du monde
de Patrick Cauvin

critiqué par Sorcius, le 8 mai 2001
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Un espoir au bout du tunnel
Des histoires parallèles se croisent et se décroisent, comme celle de Marc et Marah, des colons comme il y en a un peu partout, prospères, avec les bonheurs et les malheurs inhérents à chaque couple d’ici ou de là-bas. Il y a aussi Van Oben, un homme un peu sombre, qui vit seul, dans une existence grise et triste, et qui, depuis la France et sous les ordres de grands personnages, tire les ficelles de la politique africaine. Il y a aussi Béral, un Africain qui tente de sauver son enfant des luttes fratricides entretenues par les pays européens et les Etats-Unis. Parce que c'est bien eux - la France est en avant-plan - qui attisent la guerre civile. Et pourquoi ? Parce qu’un ancien chef d'état, qu’'on’ avait retiré du trône quelques années auparavant, a décidé de reconquérir sa place, parce que, d’ailleurs, 'on’ le veut bien… ‘On' change vite d’avis, quand tout ne va pas comme ‘on' veut. Le président actuel n’est plus assez malléable ? On reprend le précédent qui, finalement, n’était pas si mal. Et l'intérêt du peuple africain ne pèse que bien peu – pour ne pas dire rien du tout – dans la prise de décision.
Et ce sont les autochtones qui souffrent le plus de la situation, ce sont les enfants qui, arme à la main, s’en vont faire la guerre, sans bien savoir pourquoi, et ce sont de braves familles qui s’en vont vers des camps où beaucoup mourront de faim, de misère, et ce sont des massacres sans nom, sans raison, qui seront perpétrés par des mercenaires contre des femmes, des bébés, des animaux.
C'est un livre poignant, profond, qui initie tout un chacun à des faits souvent passés sous silence. L’Afrique est un continent qui est déchiré par les " pays industrialisés ", pour des motifs qui ont nom puissance, argent, pouvoir, richesse.
Et puis, derrière l'Histoire, il y a les histoires que Patrick Cauvin, à son habitude, sait rendre passionnantes : celle de Marc et Marah, celle de Béral, celle de Van Oren, et celle de Sowana, la petite reine du monde.