Tu n'es pas la fille de ta mère
de Élisabeth Quin

critiqué par Veneziano, le 20 août 2005
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Adoption périlleuse
La France suspend les autorisations d'adoption d'enfants cambodgiens. Estomaquée, une charmante tête-à-claque désenchantée, à l'humour acidulé, décide de devenir mère d'une petite Khmer. Ce coup de tête est d’autant plus surprenant qu'elle apprend au lecteur son refus de procréer par elle-même, après deux grossesses non désirées interrompues ; et, en plus, elle divorce.
Mais voilà ce qui la motive : "Ressembler pendant neuf mois à une barrique variqueuse, non merci. Aimer son prochain, c'est bien, aimer son lointain c'est mieux. Aidons la terre et aidons une place au ciel à ceux qui existent déjà."
De manière un peu paradoxale, on apprend que le titre vient d'une invective, maintes fois réitérée à l'auteur, qu'on lui tançait quand elle était adolescente.
Evidemment, elle égrène toutes ses difficultés pour arriver à ses fins, avec des détails quelque peu durs à avaler. Elle explique pourquoi elle a choisi l'une des petites filles les plus moches de l'orphelinat où elle était, qu'elle a connu grâce à Bertrand Tavernier (elle est critique cinéma) et le désarroi concomitant de se séparer de son mari. Le roman se termine sur son retour en France et on y apprend que sa situation sentimentale s'améliore ; mais quid de la validation de l'adoption, légale pour le Cambodge, par la justice française ?
Voici une citation qui résume une bien jolie morale : "Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour".
Comme dans son roman La peau dure, les détails difficiles sont rattrapés par un humour, d'une auto-dérision et d'une crudité de langage, aussi déconcertants que charmants par son côté acidulé - du langage - . C'est donc un récit auto-biographique très joli et très facile à lire.
Je regrette juste une certaine sècheresse de style : son élocution télévisée m'avait habitué à davantage de lyrisme. Aussi, deux bourdes sont à déplorer : elle évoque le parapluie des moines bouddhistes, qui, vraisemblablement, sont plutôt des ombrelles ; sinon, le sigle DDASS s'écrit avec deux D - pour direction départementale des affaires sanitaires et sociales - .
Il y a une passerelle avec La Peau dure : l'héroïne du roman finit par divorcer, ce qui correspond à la situation de départ de la narratrice du présent récit, ce qui confirme mes intuitions de sources autobiographiques du roman.
Au final, c'est agréable à lire, bien qu'un peu convenu. Le ton employé rattrape cela.
Voyage initiatique dans la maternité 8 étoiles

J'ai aimé l'écriture vive, drôle, parfois crue, mais surtout sincère d'Elisabeth Quin.
C'est un roman poignant et plein d'humour.

Le récit de cette adoption et la recherche dans le passé des explications de ce choix forment un tout très intéressant.

L'écriture manque parfois un peu de style pourtant.

-lilas- - Aix-en-Provence - 40 ans - 15 mai 2007


Les mots justes 8 étoiles

C'est un livre formidable qui traite de l'adoption avec délicatesse mais aussi avec franchise.
Madame Quin (se) pose les bonnes questions, même s'il est difficile d'y trouver des réponses. Elle est franche avec elle-même et avec le lecteur.
Un très bon livre, donc, que je recommande à tous ceux qui ont des préjugés sur l'adoption...

Muchado - Paris - 42 ans - 24 juillet 2006