La théorie des nuages
de Stéphane Audeguy

critiqué par Dominiq, le 17 août 2005
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Dans les nuages
On n’est plus habitués à lire des premiers romans aussi réussis. Aussi soignés, aussi documentés, aussi intelligents, aussi riches. Aussi travaillés, aussi authentiquement modernes. Aussi loin de l’esbroufe du brouet qu’on nous sert habituellement et que la critique officielle nous présente souvent (comme d’autres des vessies pour des lanternes) comme des chefs-d’oeuvre (d’où le bien fondé de ce site possiblement dissident).
Une telle réussite peut laisser un peu sonné en fin de lecture de la « Théorie des nuages ». D’une écriture sobre, elle s’impose à la conscience du lecteur, l’en imprègne jusqu’à l’ivresse, l’embarque dans son système narratif très efficace avec son présent d’une belle épaisseur trans-temporelle. Et si ces vies, vécues dans des contextes historiques si distants, se côtoient, c’est par ce temps-ci, le présent, chaque personnage pris dans un ici et maintenant non pas isolé des autres, mais, justement, fusionnant dans le présent. Car, associée au temps des nuages, au temps météorologique, c’est aussi une réflexion sur le temps tout court qui court tout au long du livre.
Et, bien sûr, on dira la haute tenue de l’imagination de Stéphane Audeguy, le pittoresque de ses personnages mêlés au poignant des évocations historiques (celle d’Hiroshima, le 6 août 1945, notamment), etc… Mais ça, ça a déjà été dit ailleurs.
Dommage! 5 étoiles

Il est vrai que le sujet est original. La météorologie et ses découvreurs ou initiateurs est un sujet original. La vie de passionnés est toujours émouvante.

Le second sujet, soit l'isomorphie ou l'analogie qui a toujours interpellé les poètes et récemment les surréalistes aurait pu être plus développées. Mais d'autres auteurs, comme Suzanne Lilar, ont magnifiquement traité ce sujet.

Ce qui m'a navré, c'est la crudité de certaines réflexions sur la sexualité des personnages. Elles me semblent incongrues et ne rien ajouter à la richesse du texte.
Je ne pense pas être bégueule mais je n'ai pas compris la nécessité de ces quelques contrastes voulus par l'auteur.

Mais cet auteur reste à suivre, car pour un premier roman,c'est remarquable!
A+

Donatien - vilvorde - 81 ans - 30 août 2010


Conclusion : les nuages ne se théorisent pas. 4 étoiles

J'ai été un peu déçue par la promesse du titre. On pense que le livre va nous emmener loin, nous faire rêver, nous élever parmi des réflexions aériennes. Certes, il surprend et, à certains moments, il ne laisse pas indifférent. Mais, l'intrigue manque de consistance. On regrette de ne pas y trouver plus de sens. Quand on clôt le livre, on ne sait plus trop bien où il nous a conduit...

Magdalili - Bordeaux - 39 ans - 21 octobre 2009


Nuages et anatomie 1 étoiles

Ou comment faire rimer cumulonimbus et cunnilingus. Bon, j'ai vraiment hésité à écrire ça, mais je me demande à quel point ce roman n'est pas une provocation délibérée, un coup monté pour voir les critiques se pamer devant une telle histoire.
La très belle couverture du livre de poche (photo de nuages) et la lecture de la quatrième de couverture peuvent faire croire qu'il s'agit d'un livre poétique, de l'histoire de la passion de quelques uns pour les ciels nuageux. Le premier chapitre permet de recadrer rapidement le sujet (de l'éjaculation féminine et du sentiment de culpabilité de la femme intellectuelle face à la masturbation). La suite est assez longue mais cependant pas déplaisante, j'en étais venue à trouver dommage le premier chapitre, qui dénaturait un peu la suite. Malgré les longueurs, j'ai continué pour comprendre le sens de ce roman. La fin ne m'a pas déçue!!! Il ne s'agit pas de nuages, non, mais de sexes féminins (au sens organes génitaux)! Le gentil doux dingue des nuages était puceau, et sa rencontre avec le sexe et ses plaisirs (bien malgré lui) le détourne de sa mission scientifique pour créer un album photo très intime.
Bref, l'exploit de ce livre est de retenir votre attention jusqu'à la dernière page.

Marla - - 47 ans - 27 octobre 2008


les merveilleux nuages ! 7 étoiles

L’étranger
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère .
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusque là inconnu .
- Ta patrie ?
- J’ignore sous quelle latitude elle est située .
- La beauté ?
- Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle .
- L’or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu .
- Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J’aime les nuages….les nuages qui passent….là-bas….là-bas….les merveilleux nuages !

Ce court poème en prose de Baudelaire écrit dans les années 1860 me paraît fait pour présenter ce roman qui m’a littéralement captivée, emmenée sous d’autres cieux, vers des domaines scientifiques auxquels pourtant d’habitude je ne m’interesse guère ….
Magie de l’écriture !

Alma - - - ans - 19 février 2008


Les nuages de l'oubli 7 étoiles

Collectionneur de nuages... c'est un beau métier ça, non? Il faut être un peu fou pour cela, bigrement passionné.
C'est ce qui caractérise Akira Kumo, japonais épris des nuages et de tout ce qui les concerne, notamment raconter des histoires sur ceux qui ont voulu les cataloguer.
Est-ce que le fait d'être né à Hiroshima peut jouer dans cette obsession des nuages? On dirait bien que oui, c'est à parcourir au fil des pages, ça explique bien des choses.

Stéphane Audeguy propose ici une belle exploration du poids du souvenir, du comment survivre au pire. En oubliant, tout simplement. En tentant de le faire en tout cas, mais cela ne fait qu'augmenter le danger que représente la mémoire le jour où elle se réveille. Audeguy traduit bien cet état d'esprit, cette pression permanente et cette terreur de voir le passé soigneusement enfoui jaillir comme un diable de sa boîte, prêt à tout pulvériser sur son passage. A travers de très beaux passages et des lignes poétiques, Stéphane Audeguy explore l'insondable et les méandres de l'esprit. J'ai trouvé qu'il effectuait cette démarche de manière intelligente et subtile, en accordant la juste place au poids de l'Histoire et aux erreurs irréversibles du passé.
C'est un roman agréable, passionné et doté de cette langueur que j'apprécie, car elle raconte les êtres et les éléments avec beaucoup de sensibilité. Et puis il y a toute cette érudtion sur les nuages et ça, j'apprécie!

Sahkti - Genève - 50 ans - 21 novembre 2007


Ou l’inconsistance mise en pratique 2 étoiles

Voilà un roman fort agaçant, qui suscita à sa sortie des critiques élogieuses dont on se demande bien ce qui a pu les provoquer. Il s’agit d’une espèce d’histoire de la perception des nuages, racontée par le truchement d’une amitié sans consistance entre un collectionneur de manuscrits sur le sujet et sa bibliothécaire. En guise de ligne d’intrigue : la quête du protocole Abercrombie, une somme en matière de météorologie, qu’aurait rédigée l’un des pères fondateurs, l’énigmatique Richard Abercrombie, et dont nul n’a jamais pu prendre connaissance.
Par volonté, sans doute, de coller à la matière évanescente et inconsistante des nuages, Stéphane Audeguy a intégralement écrit son texte dans un présent très irritant, qui a pour effet de priver le narré de la moindre épaisseur. Et ce ne sont pas les sentences pédantes et vides de sens qui y pullulent – du genre : « La bataille du Pacifique est l’une de ces batailles terribles qui finiront toujours trop tard, même pour les vainqueurs » ou encore : « Ce sont des notes entièrement rédigées, écrites sans une seule rature, d’une écriture presque apaisée, avec cette tranquillité qu’ont les saints, et qu’ils partagent avec les fous » –qui empêcheront la machine narrative de mouliner dans le vide.
D’ailleurs, en une cohérence parfaite du fond et de la forme, les personnages s’avèrent eux aussi d’une platitude stupéfiante : dépourvus de physique, d’affects, de sentiments ou même de pensées, ils ont des faits et gestes qui ne renvoient à aucune intériorité propre. On croit entendre l’auteur : c’est moi qui les ai créés, qu’ils fassent ce que je veux. Et donc principalement forniquent et/ou se livrent à des pratiques sexuelles présentant un zest de bizarrerie.
Ah, le sexe ! À la bourse des figures imposées du parfait petit littérateur, il est toujours aussi bien coté. Passe encore quand, dans un but commercial, on cherche tout bêtement à titiller le lecteur. C’est un moyen comme un autre après tout. Mais c’est franchement agaçant quand le sexe n’est là que pour montrer que l’auteur du livre n’a pas froid aux yeux : notre auteur n’est pas un de ces écrivaillons racornis ignorant tout de la chair et de ses abîmes, semblent nous dire toutes ces créatures qui se tripatouillent sans conviction… Allez, je vous dévoile un secret qui, par sa prévisibilité, ne mérite de toute façon pas d’être gardé : que contient le fameux protocole Abercrombie, l’Œuvre ultime d’un génie ? Je vous le donne en mille : des photos de sexes féminins !! Cela valait le coup de le quêter, ce Graal sulfureux ! Et pour nous récompenser d’avoir tenu jusqu’au bout, Stéphane Audeguy nous offre en prime une théorie fumeuse de l’« isomorphie » : nuage = coquillage = sexe féminin = infini. Autrement dit : les nuages ne sont effectivement rien d’autre qu’un écran de fumée servant à masquer le vide des propos ici tenus.

Reginalda - lyon - 57 ans - 27 mai 2007


Le sexe des nuages 9 étoiles

Ce livre est une merveille de poésie.
Les destins croisés des personnages nous emportent aux quatre coins du monde sur le dos des nuages.
La magie se dessine de page en page.
Unique solution pour le plus jamais regarder le ciel comme hier courir chez votre libraire.

Chveys - Bruxelles - 50 ans - 10 septembre 2005