Peau de papier
de Nadine Monfils

critiqué par Totolehero, le 17 août 2005
( - 59 ans)


La note:  étoiles
Ambition sans chair
Pari difficile que s'est lançé Nadine Monfils. S'ouvrir aux sens du lecteur comme s'ouvrirait un livre à la lecture. Pari difficile et mal tenu. Les ingrédients extérieurement visibles sont pourtant bien présents. Une couverture en pochoir découvrant le dessin d'une croupe féminine sur laquelle repose l'encrier. Une forme d'élégance dans le ton brun de l'enveloppe, dans la caligraphie discrète, dans la texture solide des pages et quelques premières lignes sensées accrocher le lecteur :

"Ceci n'est pas un livre, c'est un morceau de moi éparpillé entre vos doigts."

L'exercice tourne néanmoins vite à la fadeur. Les mots sont en quête de forme inédite. En quête seulement. En quête d'une attention qui sans doute s'adresse moins à vous qu'à Bernard Noêl, auteur d'un liminaire un rien pédant et ampoulé.

Sans la puissance d'une conversation privée, Nadine monfils tourne donc autour d'un rapport intime ou charnel qu'elle chercherait à établir avec le lecteur sans jamais y arriver. Tout juste ici et là quelques effets faciles, castrants ou tranchants la chair et le discours, réveillent-ils quelque peu avant que s'exténue les mots dans le délayage.

Pari difficile dont on arrive aussi à sourire sur l'insipide de réflexions passantes, posées là comme pour ajouter au vide ambiant :

"A notre époque, seuls les gens qui ne réfléchissent pas trouvent que tout va bien."

L'ambition portée par ce récit est en quelque sorte un quitte ou double. Le dévoilement et l'impudeur dont on sent l'écriture imprégnée de volonté n'est néanmoins pas suffisante à meubler l'incapacité de l'auteur à dépasser l'exercice de style. La povocation, lisse et déjà-vue, glisse dans la continuité de la quatrième de couverture :

" Ouvrez moi.
Mon livre, je veux dire moi, n'existera que par votre regard ; vous êtes libre de faire de moi ce que vous voulez."