Apporte-moi de l'amour
de Charles Bukowski

critiqué par Kinbote, le 12 août 2005
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Buk + Crumb
Deux nouvelles inédites de Bukowski qui taillent dans le vif de l’existence. Dans la première, un homme rend visite à son épouse hospitalisée pour ce qu’on devine être des problèmes mentaux provoqués par le tempérament frivole de son époux. Il a loué une chambre à l’hôtel pour être près d’elle. Elle l’accuse d’y être avec une pute dans des termes moins empruntés que les miens...
Les scènes sont bien rendues par le dessin au trait sombre mais particulièrement expressif de Robert Crumb qui illustra ces deux nouvelles.

La suivante oppose dans un premier temps le chargé des attractions d’un hôtel de Las Vegas à un comique sur le déclin. Celui-ci est exhorté à rehausser son audience sous peine de perdre son boulot. Dans la salle, l’humoriste en mal de vannes est soumis à un autre face-à face, avec le public mécontent, qui va se terminer plutôt mal.

Les deux récits ont ceci de commun que la scène finale rapproche physiquement deux personnes dans un pugilat ou ce qui pourrait s’y apparenter.

La postface de Jean-Luc Fromental revient sur le parcours passionné de Bukowski et, contrairement à ce qu’on pourrait penser, sa « découverte » tardive des femmes : avec celle qui inspirera le personnage de Faye Dunaway dans Bar Fly, film dont il écrivit le scénario. Par ailleurs il désavoua l’adaptation de ses Contes de la folie ordinaire par Marco Ferreri dans lequel, pour mémoire, le personnage incarné par Ben Gazzara accepte d’écrire un poème à celui joué par Ornella Muti à la condition qu’elle lui montre ses seins... Fromental nous apprend (ou nous rappelle) que le modèle de Buk fut John Fante et son « livre des révélations », Demande à la poussière, qu’il réussit à égaler - d’après Fromental - dans Ham on Rye.
Tout ceci donne très envie de lire ou relire Charles Bukowski.