Meurtres exquis
de Joseph O'Connor

critiqué par Eireann 32, le 9 août 2005
(Lorient - 76 ans)


La note:  étoiles
15 chapitres, 15 auteurs.
En achetant ce livre vous faites une bonne œuvre, il est en effet édité en soutien à Amnesty International.
Le ban et l’arrière ban de la littérature irlandaise se sont réunis pour ce projet d’après une idée de Joseph O’Connor. Des écrivains connus, Roddy Doyle, Hugo Hamilton, Frank Mc Court, de brillantes femmes de plume Gina Moxley, Marian Keyes ou Pauline McLynn. A noter la présence de Anthony Cronin, plus de 75 ans, qui a entre autre écrit une biographie de Flann O’Brien.
Une formule mystérieuse Y8S=+! Est-ce un manuscrit inédit de James Joyce lui-même, un remède contre le vieillissement, une arnaque de génie? Beaucoup d’argent est en jeu, les cadavres fleurissent dans la capitale irlandaise, car personne ne possède l’intégralité du document. Un bon pastiche du roman policier.
Des caricatures de personnages, les hommes pas trop à leur avantage, balourds ou ripoux, plutôt pas intelligents. Un livreur d’urinoir pour pub, un rasta made in Dublin, recoloré au cirage, des professeurs spécialistes de Joyce mais l’aimant bien aussi sur un billet de monnaie.
Mais les femmes sont plus pittoresques, grands-mères respectables en réalité chef de gang, une ministre de la justice irlandaise, ogresse croqueuse d’homme (jeune de préférence), amateur de cigare et d’alcool fort, une pseudo nonne nommé Morkan (voir Gens de Dublin de Joyce). Un peu d’amour et de sexe avec une inspectrice de police, mignonne et amoureuse d’un de ses collègues maladivement timide. Un zeste de beuverie, bref tous les ingrédients du genre, mais beaucoup de bonne humeur.
Il ne faut pas trop chercher d’unité dans le récit, mais plutôt des divagations désopilantes. Chacun apporte ses idées et son style. Un agréable moment de lecture pour un livre qui est très amusant et des auteurs qui ne se prennent visiblement pas au sérieux.
Il y a du Flann O'Brien là-dedans! 9 étoiles

Quinze auteurs irlandais, de belles plumes, unis dans un recueil basé sur le principe du cadavre exquis, au profit de Amnesty International. Que peut-on demander de plus? Du talent? De l'humour? De l'excellence? Pas de panique, tout est là-dedans! C'est jubilatoire.
Aucune rupture de style entre les auteurs même si chacun conserve ses particularités. Tout se suit, tout s'enchaîne, avec une progression dans un délire à la Flann O'Brien, ce qui ne pouvait que me ravir. J'ai pris beaucoup de plaisir à parcourir cette histoire tournant autour d'un manuscrit inédit de Joyce, d'une mystérieuse crème vieillissant le papier et rajeunissant la peau, de deux dames d'un âge honorable truandes de grand chemin et délicates buveuses de thé, de ces flics pas vraiment futés, de cette Irlande joviale et décalée...
Tout est là et bien là, omniprésence des références littéraires de la belle Irlande, en passant par Yeats, Bloom et Blixen. Il y a des clins d'oeil, de l'ironie, une pointe de perfidie, les auteurs n'hésitent pas à s'adresser de petits signes à travers les différents récits... c'est un régal!
Merci Eireann pour ce bon conseil lecture!

Sahkti - Genève - 50 ans - 27 septembre 2005