Les sangliers
de Véronique Bizot

critiqué par Clarabel, le 6 août 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Incomparable ...
C'est à la fois étrange et banal, mais on s'y accroche de bout en bout. Des sept nouvelles comprises dans "Les sangliers", j'ai halluciné en ouvrant la première page : "Le clignotant".. ou comment envisage-t-on de se faire "élire" par le futur/éventuel/potentiel embryon en tant que "bons parents". Du moins, je le pense, à moins que... Car c'est l'une des principales qualités de Véronique Bizot, elle écrit des petites histoires en apparence toute simples, et pourtant elles donnent l'impression d'avoir la berlue. On n'y comprend pas à l'instant la portée, le lieu, les personnages, et leurs divagations. J'avais parfois l'impression de flotter en pleine quatrième dimension tellement le contenu des sept nouvelles est opaque, laisse perplexe et plombe l'entendement. "Pauline au téléphone" et "Danton" sont également deux bons crus du lot. Bref, déroutant, déconcertant, d'une banale platitude et certaine amertume, et pourtant... l'ensemble surprend ! Aussi pour conclure, comme dirait l'auteur : "pour la fiction je ne crains personne" !
Doux-amer 8 étoiles

Cette nouvelle "Le clignotant" est en effet assez étonnante, mélange d'absurde et de surréalisme. Image d'un couple au bord de la folie, désemparé alors qu'il vient de rater une nouvelle fois le test du clignotant, à savoir parler devant un tel objet pour avoir, oui ou non, un enfant. Récit un peu fou dans lequel un couple finit par se mettre complètement à nu. Au fur et à mesure, on réalise que ce besoin d'enfant, en apparence viscéral, est avant tout un moyen de se trouver et de s'identifier. C'est rondement bien mené et le récit ne faiblit à aucun moment. Le reste du recueil est à cette image. Véronique Bizot raconte bien, elle explique sans ennuyer, tout s'enchaîne et se lit avec facilité et plaisir. Bizot, c'est un style particulier, mélange de narration et de dialogues, alternance entre fragilité et ironie, l'aigre-doux avec le dessert en prime. Un vrai plaisir de lecture!

Sahkti - Genève - 50 ans - 24 août 2005