Tatanka, Tome 1 : Morsure
de Joël Callède (Scénario), Gaël Séjourné (Dessin)

critiqué par Shelton, le 3 août 2005
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Veux pas attraper la maladie !
Un groupe de nuit s’approche d’une clôture… Ils semblent être jeunes et bien équipés. A peine sont-ils devant le grillage que les pinces font leur effet : la brèche est faite, ils vont pouvoir entrer…
Une simple histoire de cambriolage qui va mal tourner. Nous sommes à Chicago, Illinois, mais ce n’est pas la police ni la Maffia qui va intervenir et faire basculer ce petit groupe de délinquants dans le drame. D’ailleurs, sont-ils réellement délinquants ? Non, ils venaient juste pour remettre en liberté des animaux captifs qui servaient à des expériences… Mais tout bascule, très rapidement… Il n’y a pas d’animaux si on excepte un petit singe qui en profite pour se faire la malle… Mais pourquoi cette simple affaire regarde-t-elle l’armée ? Pourquoi certains animaux traînant sont-ils si agressifs, si dangereux ?
Le docteur Patterson découvre sous son microscope un virus bien particulier. Il croyait à une rage bien traditionnelle et voilà autre chose de bien plus terrifiant…
Comme il s’agit d’un thriller médico-politico-scientifico-policier… je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sur l’intrigue. Le scénariste de cette bande dessinée est Callède, un auteur que je vous ai déjà présenté avec une série de très haut niveau, « Dans la nuit ». De toute évidence, il aime faire peur à ses lecteurs. C’est un fait. Mais je trouve que dans cet album, il se surpasse. Le pauvre lecteur innocent – enfin, s’il en reste – ne peut pas faire autre chose que de lire tout, page après page, du début à la fin, et, pour la suite, si son cœur a résisté, il va se retrouver prostré sous sa table de salle à manger… à hurler chaque fois qu’il entendra un chien… et il attendra, à la limite de la pathologie profonde et insupportable, la suite, car, malheureusement, cette histoire est à suivre…
Mais un scénariste ne suffit pas pour réussir une bédé. Gaël Séjourné va véritablement exploser. Il est génial ce petit jeune. Tout y passe, dessins d’ambiance, gros plans, loupes, bulles sortant des cases, vitesse et mouvement, figures et regards expressifs… Il excelle dans les scènes les plus morbides et périlleuses : prenez, par exemple, l’attaque de Mitch par un chien… La scène se déroule la nuit… Excusez-moi, j’en ai encore froid dans le dos… Et quand il attaque…
Non, c’est trop difficile à raconter sans le dessin de Gaël, alors je vous laisserai découvrir par vous-même le résultat et vous ne pourrez que constater que ce « débutant » a vraiment du talent…
Mais il est aussi aidé, ce dessinateur, par un coloriste que je trouve remarquable. On ne parle pas souvent de ces artistes de l’ombre. Heureusement, il y a quelques années, on a vu apparaître leurs noms sur les couvertures d’albums… Certains sont très connus comme Marie-Paule Alluard qui est ma petite préférée… dans ce domaine, bien sûr ! Mais je dois avouer que je trouve que le travail de Jean Verney est très fort dans cet album, morsure. Les pages de nuits sont étonnantes… Il est très puissant dans ses halos de lumière qu’il met en place dans certaines vignettes… Chapeau, monsieur, continuez comme ça et vous gagnerez une place dans le cœur des lecteurs qui aiment beaucoup la couleur même s’ils ne comprennent pas tout dans les techniques…
Mais pour revenir à notre histoire, vous savez maintenant qu’un virus, ou quelque chose de ce genre, circule aux Etats-Unis et, franchement, j’ai peur pour l’avenir du monde…
(A suivre)