Pest, tome 1 : Le défosseur
de Eric Corbeyran (Scénario), Amaury Bouillez (Dessin)

critiqué par Shelton, le 3 août 2005
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Un mal qui répand la terreur…
Oui, dire, faire croire que la peste est un mal envoyé du ciel n’est pas une nouveauté et il fallait que Corbeyran, le scénariste de cette histoire, nous invente bien autre chose pour retenir notre attention… Et c’est ce qu’il a fait !
Dès le départ, on pense que nous sommes en présence d’une banale histoire pour enfant, probablement à cause du dessin de Bouillez qui nous emmène dans un conte, et un conte, on croit toujours que c’est juste bon pour les enfants…
Dans un deuxième temps, très rapidement quand même, on croit être replongé dans une histoire à la Camus ou la Kafka. Cette histoire de pest (sans e dans le texte) a des relents malsains, cette histoire des dessous philosophiques et politiques, et on se dit que nous voilà dans une sacrée aventure (ou aventure sacrée !)…
Abélard Tournemine est releveur d’eau qu’il analyse et contrôle. Il travaille dans le laboratoire du professeur Kaligary, une unité qui dépend du professeur très célèbre Kilojoule… La ville de Spleen City est infestée par la pest et les malades sont parqués dans des fosses. Aucun médicament ne leur est donné en dehors de quelques cachets d’aspirine qu’ils doivent se partager. Les parents d’Abélard font partie de ces malades…
Pendant qu’Abélard fait la connaissance de madame Kilojoule – connaissance très poussée car ils vont passer un moment au lit ensemble – le professeur Balthazar Kilojoule va rencontrer le maire de la ville, un dénommé Gaspard… Nous sommes là en présence des manipulateurs de la peur populaire. D’ailleurs ils ont un dernier complice, Melchior, le grand prêtre d’une nouvelle religion, enfin secte… Trois mages sont donc bien en train de manipuler la population de la ville… Mais qui pourra changer le cours des évènements ? Abélard Tournemine, ce petit bonhomme qui semble complètement inoffensif ?
Et si le destin changeait à cause de cette femme, Héloïse Kilojoule, la femme qui change d’amant tous les jours ou presque. En effet, elle semble vouloir réagir et Abélard lui paraît l’homme de l’affaire pour l’aider…
Héloïse et Abélard, Gaspard, Melchior et Balthazar, la pest, vous comprenez bien que les auteurs ne choisissent pas ces noms au hasard, en fait, ils s’amusent, nous racontent une histoire pour nous faire réfléchir, une sorte de conte en bédé, on pourrait dire sans prendre de risque un conte philosophique en bande dessinée…
J’ai été ébloui par le talent des deux auteurs. Certes, on connaissait depuis longtemps Eric Corbeyran, un des grands scénaristes de notre époque, mais je trouve que dans ce cas, il devient réellement génial et il me séduit complètement.
Maintenant, j’attends avec impatience la suite dans le tome 2 et je me dis qu’il finira bien par arriver… Mais que c’est difficile d’attendre ainsi alors qu’Abélard Tournemine vient juste de…
Pour ses dessins 6 étoiles

C’est d’abord le graphisme étrange qui m’a attiré vers cet album. Un dessin aux personnages tourmentés et grotesques, avec une multitude d’objets mécaniques délirants et des décors alliant bizarrement le 19e siècle avec une technologie inquiétante faite de tuyaux, de flexibles et de pièces métalliques directement raccordés aux habitant de spleen city. Le résultat est intéressant et assez surprenant. L’histoire est plus conventionnelle mais suffisamment bien menée pour nous amener sans fatigue à la fin de ce premier tome de Pest. Une lecture facile et distrayante joliment illustrée par un dessinateur original.

Kabuto - Craponne - 63 ans - 22 septembre 2013