Le Silence des oiseaux
de Michel Leboeuf

critiqué par Libris québécis, le 31 juillet 2005
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Extinction de la gente ailée
Michel Lebœuf traite de l’hypothétique disparition de la gente ailée de l’hémisphère boréal. En effet, pour une cause inconnue s’est entamée une migration de toutes les espèces vers le Sud en plein mois de mai alors qu’elle s’effectue normalement en sens inverse. C’est la durée du jour qui détermine la migration des oiseaux. En cas contraire, il faut penser tout de suite à la détérioration de l’atmosphère ou de l’habitat. Quand les aires de nidification sont détruites par la déforestation, il faut aller ailleurs et quand il y a des émanations toxiques, les glandes endocriniennes sont affectées au point de détourner le gibier à plumes de sa conduite habituelle.

Inquiétés par la disparition soudaine des oiseaux, les gouvernements américain et canadien forment une équipe d’experts qui reçoit le mandat de suivre les volées afin de déterminer la cause de ce départ incongru. En avion, en bateau, c’est la poursuite infernale qui se termine sur une île appartenant au Costa Rica. Rien ne peut arrêter une espèce en mal de survie. Les héros l’apprendront à leurs dépens quand ils voudront capturer des spécimens pour servir les fins de leur enquête. Du Hitchock à son meilleur!

L’aspect scientifique du roman est tissé habilement avec l’aspect humain. Ce ne sont pas des robots qui sont affectés à l’enquête. L’auteur souligne les rivalités qui divisent ces scientifiques ainsi que leur incompatibilité de caractère et leurs problèmes personnels. Il dénonce aussi le contexte dans lequel les recherches s’effectuent. Il passe en revue les travaux des savants célèbres dont les résultats maquillaient des buts qu’on ne peut cautionner. Il est très facile d’infléchir les données selon une trajectoire qui attire les subventions et la renommée. L’argent est le nerf de la recherche à laquelle s’intéressent des magouilleurs à la solde des détenteurs du pouvoir politique, économique, voire religieux, qui craignent d’être incommodés par les découvertes scientifiques, sans oublier les médias qui les anticipent pour hausser leurs cotes d’écoute. En somme, le roman fait ressortir l’objectivité chimérique de la science.

Ce roman de science-fiction est réussi malgré ses défauts. L’emballage ressemble à un télé-feuilleton qui saute sans transitions d’une séquence à l’autre. L’auteur a même introduit des diagrammes et des E-mails comme on les lit sur l’écran des ordinateurs. C’est le dénouement qui risque de décevoir. Le secret du départ des oiseaux se mue en message d’espoir. Malgré les problèmes écologiques qui menacent la planète, Michel Leboeuf, un expert en la matière, rejoint la pensée d'Hubert Reeves qui croit que tout n'est pas encore perdu.