La pluie ne change rien au désir
de Véronique Olmi

critiqué par Clarabel, le 28 juillet 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
La pluie ne change rien au désir
Un 18 août, à Paris, vide et abandonné, près à succomber à un orage, un homme et une femme se rencontrent, se retrouvent, se sont donnés rendez-vous. Cette femme est très pâle, trop maigre, "elle était lisse et fine comme une esquisse, une femme pas assez dessinée la chair pas assez pleine", et lui a les yeux bleus, la mèche de cheveux qui lui barre le front, il la suit dans le Luxembourg puis à son invite à l'hôtel. Très vite entre eux deux le langage des corps va s'ouvrir, plus loin que tous les mots pour expliquer le silence, la souffrance et l'attente. Le corps devance le désir, l'un et l'autre se donnent, c'est un libre échange, ils ne sont pas deux, ils sont ensemble. L'homme doit apprendre la douceur et la brusquerie, la femme s'offre et se donne sans compter, mais reçoit autant de plaisir que de douleur. C'est très limite cette frontière entre le plaisir et la souffrance ! Car chez cette femme il y a une plaie encore trop ouverte, pourra-t-elle s'en confier à lui ? Elle paraît lui accorder sa confiance, en lui offrant son corps. De quoi donc a-t-elle été flouée, au même titre que ses rondeurs féminines ? Cette femme est brisée et l'homme doit toujours se méfier, freiner pour respecter "cette effroyable limite entre le don et la méfiance, entre la licence et la précaution".

Débarquée de chez Actes Sud, Véronique Olmi publie chez Grasset un nouveau roman proche de l'érotisme. "La pluie ne change rien au désir" est très charnel et sensuel. Chez le lecteur habituel, la même espérance n'est plus. L'auteur bouleversant de "Bord de mer" s'aventure vers un territoire différent, mais également proche d'elle. Dans ce nouveau roman, il y a la figure de l'héroïne fragilisée et cassée, un passé obsédant et secret, et surtout une suavité dans les rapport homme-femme très, très licencieux ! Véronique Olmi ne s'attache à rien, finalement. Elle raconte son histoire, prenez une femme qui n'a rien d'une femme, sinon une attente de sexe très forte et encore présente, une aspiration au plaisir et au désir incomparable. Donc cette femme vit encore sous les coups de cet homme, elle vit aussi en lui donnant tout autant qu'elle reçoit ! C'est très honnêtement parfois gênant, dérangeant, c'est un nouveau roman différent des autres, donc cela explique un peu la délicatesse de s'y adapter à nouveau, de s'y habituer un tantinet. Parfois j'ai aimé, parfois moins. J'apprécie la dramaturge, je n'idolâtre pas l'apprentie romancière érotique. C'est confus, le style est haché et pêle-mêle, c'est encombrant, mais langoureux et sensible, bref c'est confondant. J'hésite ...
Joliment érotique 9 étoiles

Un homme fort, une femme fragile. Paris au mois d’août. Il se met à pleuvoir sur le Jardin du Luxembourg. Elle ose l’embrasser sous la pluie, ils vont à l’hôtel. Il aime la bière, elle, les rouleaux de réglisse. Un joli livre sur le désir, la difficulté d’être femme.
Véronique Olmi se joue de la ponctuation, met des points et des virgules ou, pour changer le rythme, supprime une partie de la ponctuation. Cela donne un texte que l’on peut lire tout haut avec plaisir. Un livre à la fois lourd et léger. J’ai vraiment aimé le style de cet auteur, qui a écrit beaucoup pour le théâtre. Je la relirai avec plaisir.
«Planté dans le bleu de ses yeux, juste au-dessus de l’iris noir, il y avait un éclat jaune comme une pépite d’or…Cet éclat venait-il de la lumière du ciel ou de sa vérité à lui, ce fragment de soleil dans le bleu ancien de ses yeux, cet ailleurs offert, ce petit grain de jaune dans les siècles des siècles, une surprise une folie ces deux copeaux de lumière, l’inattendu dans son regard.»
«…la vie ne les attendait pas, c’était à eux de lui courir après, sans jamais regarder en arrière, courir, lutter contre le vent contre la pluie, courir, sur les pierres la folie et la haine courir, et arriver à cela, capter, cinquante ans après, un peu d’enfance dans le corps d’un inconnu.»

Aria - Paris - - ans - 3 août 2008


la renaissance par le désir 6 étoiles

Nous ne savons pas leurs noms, presque rien de leur vie mais ils vont nous faire découvrir la beauté de ce que l'on peut partager à deux, un après-midi d'Août, dans une chambre d'hôtel.
Nous allons voir comment ils vont passer de l'indifférence, à la séduction, à l'animalité pour enfin renaître. Réussir à peut-être passé à autre chose.
Ce n'est pas un livre inoubliable mais il est agréable à lire.

Babsid - La Varenne St Hilaire - 36 ans - 25 janvier 2008


l'étincelle du désir, la beauté de l'écriture 9 étoiles

"La pluie ne change rien au désir", c’est la rencontre d’un homme et une femme, un 18 août à Paris sous la pluie, une journée d’amour à l’hôtel. Ce ne sont pas des inconnus, ils se retrouvent après 5 ans de silence. On devine la femme blessée, en souffrance, on devine peu à peu la violence conjugale du mari psychopathe et la douleur d’avoir dû lui confier les enfants. Cette journée d’amour, c’est cette étincelle du désir, cette lueur d’espoir qui la fait bien vivante, toujours femme et toujours en vie. Les scènes d’amour sont d’une rare élégance, belles et jamais vulgaires. Je ne parlerais pas de littérature érotique car il n’y a pas que cela dans ce texte, il y a bien plus : de la poésie, de la force et de la fragilité, de la violence contenue et une infinie douceur. C’est par ce roman (au très joli titre !) que je découvre Véronique Olmi et j’en suis ravie. Le texte est rythmé, bien scandé, et je me suis surprise à penser qu’ici ou là il faudrait l’écouter lu à voix haute. Bravo pour ce talent d’écriture et cette force d’évocation !

Laure256 - - 51 ans - 16 octobre 2005