La ménagère et le hibou : Impressions de Rembrandt
de Geneviève Bergé

critiqué par Sahkti, le 22 juillet 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Rembrandt en mots
"Quand Rembrandt peint, le drame se prépare et l'univers s'apprête à disparaître"

Rembrandt est le héros de ce récit. Ce n'est pas une monographie d'histoire de l'art ou une énième biographie du peintre mais un récit sur son univers. On pourrait même parler de rencontre avec l'artiste, ses amis, sa famille et son époque. Une rencontre vivante et détaillée vécue par deux personnes, une ménagère et le peintre, surnommé le hibou.

Pour bien plonger son lecteur dans l'ambiance et le sujet, Genevière Bergé passe d'abord un certain temps à nous parler de l'œuvre de Rembrandt et nous décrire ses tableaux. On apprend ainsi si ces paysages et/ou personnages existent, comment Rembrandt les a connus ou les a observés. Chassé-croisé dès lors entre la biographie officielle du peintre et l'emballage que Geneviève Bergé dépose tout autour. Pas de fantaisie ou de blablas romanesques pour faire revivre le peintre mais un travail minutieux de recherche et de documentation qui, heureusement, n'alourdit pas le récit, même si on peut de temps en temps reprocher à l'auteur d'avoir privilégié les toiles bateaux que tout le monde cite ou d'autres plus confidentielles auxquelles elle tient particulièrement, passant beaucoup de temps sur chaque toile. Je le répète, ce n'est pas lourd ni ennuyeux, tant G.Bergé a insufflé du dynamisme dans ses propos et pas mal de petites touches personnelles qui rendent cette description savante très amusante et passionnante.

La partie que je préfère débute ensuite. Celle de la mise au travail, du temps qui passe et qu'on regarde, des gens qui déambulent et qu'on croque dans leur instantané de vie, toutes ces images saisies sur le vif, ce qui semble assez étrange en parlant de peinture, art qui demande patience et temps.
L'écriture se libère, elle se veut légère et emportée, il s'agit de raconter comment un sujet vivant et éphémère devient une image figée résistant à l'assaut des années. Pas évident de donner vie à de tels moments, de s'imprégner des humeurs du peintre au moment où il plonge la pointe du pinceau dans la couleur, lorsqu'il regarde la toile blanche ou observe les variations de la lumière naturelle.
On entre ici dans le monde de la création. Celle de Rembrandt, bien sûr, mais aussi celle de Geneviève Bergé qui imagine, reconstitue et donne vie. Subjectif à nouveau. C'est son point de vue, celui de personne d'autre, mais cela ne fait rien, son enthousiasme est communicatif.