Les lamentations de l'agneau, Tome 1 :
de Kei Tōme

critiqué par Shelton, le 22 juillet 2005
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Ah ! Quelle famille...
Kazuna Takashiro est un lycéen qui pourrait bien ressembler à tout le monde, enfin au moins à tous les lycéens… C’est ce que vous vous diriez probablement à la première rencontre. Certes, en parlant un peu avec lui, vous apprendriez que sa mère est morte quand il était enfant, que son père l’avait abandonné à l’âge de 3 ans en le laissant à un de ses amis, celui qu’il appelle tout simplement l’oncle Eda. Il ne peut pas dire qu’il soit malheureux chez Eda et Natsuko. Non, ce n’est même pas mal du tout… Ils n’ont pas d’enfant et souhaitent adopter Kazuna… Donc, tout pourrait aller pour le mieux…
Mais, voilà, Kazuna est pris, parfois, à l’improviste, de malaises, de nostalgies, de vertiges, d’angoisses… Au lieu de poser gentiment pour son amie Yaegashi dans le cadre de son club d’arts plastiques, il se laisse pousser vers sa maison natale, vers son enfance… Qu’y cherche-t-il ? Rêve ou réalité ? Il rencontre sa sœur, Chizuna, il apprend la mort de son père, la maladie de sa mère, non de sa famille, les Takashiro… Une maladie effroyable qui condamne au malheur…
« de générations en générations, les Takashiro ne peuvent pas mener une vie honnête parce que les Takashiro… sont une lignée de vampires… »
Kazuna apprend soudainement la nature de ce mal qui le menace et le lecteur plonge immédiatement dans le manga avec plaisir et délectation. Mais ce premier volume des lamentations de l’agneau n’est pas du tout un tissu sanglant d’horreur ou de violence. Non, c’est une histoire hautement plus psychologique, racontée avec finesse et une bonne dose de manipulation. Le lecteur ne sait pas la nature exacte de la maladie car quand la sœur prononce ce mot de « vampire » elle ne se précipite pas toutes dents sorties sur la gorge de son frère…
Du coup, Kazuna est perturbé, angoissé, torturé. Il ne peut plus regarder ses parents adoptifs sans se demander pourquoi ils ne lui ont rien dit de la mort de son père ou de sa maladie. D’ailleurs que savaient-ils exactement ? Il n’ose même pas leur demander…
Il ne peut pas déclarer son amour à la triste Yaegashi de peur de se mettre à lui sucer le sang ! Bref, il se met à vivre dans la crainte du futur. Mais pour vous, ce futur, vous le découvrirez dans la suite de la série, en particulier du volume 2 qui est déjà sorti.
C’est un manga, donc une bande dessinée japonaise qui se lit dans le sens de lecture japonais, pour les non initiés c’est comme si vous lisiez le livre à l’envers… Mais en deux ou trois pages l’habitude est prise et ce sont les livres normaux qui vous paraîtront bizarres…
Le graphisme est plutôt sobre, efficace dans la narration et la traduction garde au texte une dimension littéraire indéniable. L’éditeur présente ce titre comme un manga gothique, je dirais tout simplement une œuvre psychologique d’une profondeur étonnante avec des personnages ayant une solidité inhabituelle dans ce type d’ouvrages.
Il est à noter qu’il n’est point nécessaire d’être atteint par la maladie des Takashiro ou d’être hyper spécialiste en culture nippone pour se plonger dans ce livre ! Qu’on se le dise !
J’ai beaucoup aimé et j’espère que vous serez séduits, vous aussi, par le style de Kei Toune.
Bonne lecture !