Asakusa Kid
de Takeshi Kitano

critiqué par Duncan, le 17 juillet 2005
(Liège - 42 ans)


La note:  étoiles
Petit "fantaisiste" deviendra grand...
Takeshi Kitano est un artiste japonais protéiforme: acteur, cinéaste, humoriste, présentateur télé, écrivain à succès etc. etc.

Dans "Asakusa Kid", Takeshi nous raconte sur un ton très humoristique les premières années de sa vie de comédien quand il "zônait" dans le quartier d'Asakusa...

Là, il sera engagé au "Français" (ça ne s'invente pas), boîte du coin, où, après avoir été le "concierge" et le "groom" de service, il fera ses premières armes sur scène dans un rôle de travelo et comme régisseur du cabaret. Entre deux effeuillages coquins (la boîte en question propose également des spectacles plus adultes), il développera petit à petit dans ses rôles un style d'humour qui fera son succès: mélange d'ironie mordante et de vulgarité plus ou moins scatologique. Son duo, les "two beats", lancé avec un camarade du cabaret, Jiro, connaîtra la gloire (après quelques années de "vache maigre", grand classique dans la vie de tout comédien qui se respecte).

Cette histoire est aussi l'occasion pour Takeshi de rendre hommage à son maître, le patron du "Français", l'acteur Senzaburo Fukami. C'est sous son aile bienveillante (et retorse, en témoigne des parties de cartes et des paris divers ou le jeune régisseur se fait proprement "plumer" par son patron) et grâce à des conseils éclairés autour d’un sushi et d’un whisky que Kitano deviendra le saltimbanque que nous connaissons aujourd'hui (encore qu'en Europe, il soit surtout connu pour ses films).

"Ma célébrité avait fini par dépasser celle de mon maître, mais je suis toujours parfaitement conscient que, jusqu'à la fin, jamais je n'ai réussi à surpasser Senzaburo Fukami en tant qu'artiste. Et que je ne le surpasserai sans doute jamais." Être "drôle" ne suffit pas pour mériter de monter sur les planches, il faut être un artiste avant tout, voilà ce qui distingue le médiocre du véritable comédien. Tel pourrait être la leçon à retenir de ce livre... Une leçon à méditer à l'ère de la "gloire en conserve" offerte par la télé réalité.

Le livre se termine par deux exemples de sketchs joués au "Français" à la grande époque et qui faisaient se tordre de rire les foules… Le lecteur européen y verra surtout deux récits grivois, style qui fit et fait toujours beaucoup rire au pays du soleil levant (Pour un témoignage édifiant sur ce point, je renvois à la blague japonaise narrée par Moriyama Takashi dans son abécédaire du Japon, chapitre « humour »).