Quand nous étions grands
de Anne Tyler

critiqué par Nirvana, le 15 juillet 2005
(Bruxelles - 51 ans)


La note:  étoiles
Retrouver son passé et changer de route....
Rebecca Holmes a la cinquantaine, trois belles-filles issues du premier mariage de son mari et une fille, ainsi qu'un tas de petits-enfants. Elle mène une vie bien remplie, de par son métier d'organisatrice de réceptions dans la demeure familiale, somptueuse mais décatie, ce qui lui permet de pourvoir à son entretien. Elle s'assume seule, son mari étant décédé quelques années après leur mariage, et a forcé sa nature réservée pour continuer dans ce secteur qui la pousse à être en permanence joviale et avenante. Elle est également fot impliquée dans diverses réunions familiales....
Mais un beau jour, des interrogations apparaissent: comment aurait évolué sa vie si elle avait épousé son tranquille amour de jeunesse, et entrepris sa thèse à l'Université?
Rebecca se rend compte qu'elle a été à l'encontre de sa nature profonde, en se mariant suite à un coup de foudre, et qu'elle a enfoui en elle certaines envies que craintivement, elle désire dorénavant mener à bien.
C'est un beau portrait de femme, qui nous décrit de manière touchante les sentiments de Rebecca. Elle se juge sans complaisance, décide de se lâcher la bride, de ne plus répondre uniquement aux attentes qu'on a d'elle, pour, de manière introspective, décider de ce qui lui convient.
J'ai trouvé ce portrait très juste, car même si Rebecca accumule les maladresses, elle a au moins le mérite d'essayer. L'auteur n'en fait pas une "wonder-woman", et dessine un personnage très touchant, très accessible.

Anne Tyler est née en 1941, vit à Baltimore. Elle a écrit une qnzaine de roman, et a reçu le prix Pulitzer pour "Leçons de conduite" en 1988.
Roman familial 9 étoiles


Voici un formidable roman intimiste, au ton subtilement nostalgique empreint d'un humour feutré et délicat.
Rebecca a un jour l'impression de jouer en permanence un rôle; elle a des obligations familiales et professionnelles à remplir quotidiennement, s'est adaptée au personnage enjoué qu'elle a l'impression de devoir représenter, mais croit être au fond d'elle-même totalement introvertie et dépassée par les évènements. En reprenant contact avec son amour de jeunesse, elle croit pouvoir retrouver la vérité de son être profond. Mais quand quatre décennies se sont écoulées depuis, les gens changent, et la déception n'est pas loin.
Veuve nantie de trois belles-filles qu'elle a élevées, d'une fille à elle, et de moultes beaux-fils et petits-enfants, elle vit avec son oncle par alliance bientôt centenaire, et la maison ne désemplit pas.
C'est joyeux, bavard, bruissant de tumultes familiaux, et elle s'interroge sur le sens général de sa vie en particulier.
On est suspendus à ses réflexions, on reconnaît parfaitement les méandres de toutes les familles, on l'aime beaucoup, Rebecca.
Et on aime aussi les histoires qui ne se terminent pas vraiment....

Cuné - - 56 ans - 12 décembre 2005