Les eaux mortes
de Rodolphe (Scénario), Christian Maucler (Dessin)

critiqué par Shelton, le 27 juin 2005
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Un week-end à attendre...
Si mes renseignements ne sont pas trop mauvais, c’est en 1980 que naquit le commissaire Raffini. Ses créateurs étaient Rodolphe, à mon avis un grand scénariste – Trent, Kenya, La maison Dieu, Les abîmes du temps… – et Ferrandez, un auteur, dessinateur et scénariste, qui allait se révéler au grand public en 1994 avec Carnets d’Orient, magistrale série où il raconte l’histoire commune de la France et de l’Algérie. Ce premier album des enquêtes du commissaire Raffini portait le nom de L’homme au bigos, il était en noir et blanc et il sera suivi de trois autres aventures. Mais Ferrandez, carnet trop plein ou lassitude, ne peut pas continuer la série et c’est Christian Maucler qui reprend le dessin du commissaire Raffini…
J’ai toujours pensé que c’était une bonne série policière, avec un mélange entre intrigue solide, ambiance étouffante et fréquentation des limites du fantastique… Mais, soyons honnêtes, les ventes ne furent pas transcendantes, un petit éditeur tenta sa chance et on était sur le point d’oublier ce pauvre Raffini… quand soudain… Il nous revient…
En effet, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir un nouvel album des enquêtes du fameux Raffini, chez Albin Michel, avec Rodolphe toujours fidèle au scénario et Maucler au dessin… alors sans plus tarder, je suis parti le retrouver…
Vingt-cinq ans après les débuts, nous retrouvons le commissaire Raffini dans… sa voiture, une fort belle traction Citroën. C’est la nuit, il fredonne un air connu… et il va finir dans le bas-côté… Pas trop de casse mais il lui va falloir passer un week-end morne et triste à Saint-Hilaire, un de ces bourgs dans la France profonde où il ne se passe jamais rien… Mais, cette fois, remarquez bien que Rodolphe a décidé qu’il se passerait quelque chose… La découverte d’un cadavre…
- Il semble s’être noyé…
- Peut-être mais il s’est quand même pris un bon coup derrière l’oreille…
- Il a pu se le faire en tombant ?
- Possible…
- Selon vous, Toubib, cette mort est naturelle ?
- Bien sûr ! Si on vous défonce le pariétal d’un coup de pioche ou de marteau, vous mourez, c’est naturel !
Le ton est donné et qu’importe si le médecin commet une légère erreur… d’ailleurs je ne vous en dirai pas plus, à vous de découvrir les fondements et ressorts de cette intrigue policière très bien ficelée… Mais rassurez-vous, il y aura les imbéciles, les traîtres, les « cornus », les aguicheuses, les sorciers… et un beau vieux corbeau, bien traditionnel. Bref, on se croirait dans un roman policier à la Simenon, c’est un peu un cliché et un raccourci mais c’est pourtant vrai…
L’ambiance est très importante, prenante et touchante, et je vous certifie qu’en fin d’album on se met à souhaiter qu’ils, le commissaire Raffini et le brigadier de Saint-Hilaire, ne découvrent rien pour que ça dure plus longtemps. Moi, parfois, je me sens tellement bien dans une histoire que je souhaite y rester, et c’est le cas dans ces eaux mortes…
Pour les grands lecteurs de bédés et amateurs de narration en images, vous aurez un dénouement de grande qualité, extase des yeux et grand moment de lecture… Je crois qu’il est important de dire que l’on souhaite une longue, très longue vie au commissaire Raffini qui fait un retour en force pour mon plus grand plaisir et j’espère que vous partagerez mon enthousiasme…