La rose pourpre et le lys de Michel Faber

La rose pourpre et le lys de Michel Faber
( The crimson petal and the white)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Monito, le 22 juin 2005 (Inscrit le 22 juin 2004, 51 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 181ème position).
Visites : 5 828  (depuis Novembre 2007)

je n'en trouve pas

Dans la littérature, l’Angleterre victorienne met souvent en scène la noblesse ou la haute bourgeoisie. Les histoires d’amour succèdent aux intrigues dans une ambiance surannée mais toujours extrêmement bien élevée. Michel FABER nous donne à lire une autre vision de l’Angleterre de l’époque. Celle des bas fonds, celle des putes, des pauvres, des sales, des vilains.
Son héroïne, Sugar, est une prostituée. Elle n’est pas particulièrement belle, maigre, grande, avec une peau de reptile, elle attire par un charme, une intelligence et une ouverture à tous les sujets, notamment sexuelle.
Sugar est ambitieuse. Elle est revancharde. Contre sa mère, qu’elle aurait aimé aimer, contre les hommes qui toujours l’ont prise sans l’aimer, contre la société qui sclérose et fige des positions sans laisser d’espoir d’en sortir.
Un jour, un soir, une rencontre, celle de William Rackham, pauvre type, un peu falot, héritier- restant faute de mieux- d’un empire de la parfumerie, qui se rêve auteur et qui aurait aimé faire de grandes choses, qui sait qu’il n’est pas bon à grand chose.
Il cherche un moment de plaisir, de plaisir interdit à l’époque. Il cherche une ivresse que sa vie ne lui donne pas, que sa femme Agnès, ne peut lui donner.
Il rencontre Sugar, après avoir lu dans le « petit futé de la prostitution londonienne », qu’elle peut lui offrir ce qu’il cherche.
Il succombe, au charme masculin de Sugar, à son intelligence virile, comme pris dans un piège qui se construit au fil des mille cent et quelques pages du roman.
Ce roman d’une vie, 25 ans d’écriture, ne laissera pas une trace indélébile, je crois, dans l’histoire de la littérature.
Néanmoins, l’évocation d’une Angleterre obscure mérite l’intérêt. La galerie des personnages et leur profil psychologique valent le détour : qu’il s’agisse des deux héros, mais aussi d’Agnès l’épouse, Sophie la fille, Henry le frère de Bill, Emeline Fox… chacun a un rôle majeur dans la description d’une société finalement décadente.
L’écriture en elle même est simple et vers la fin du livre, l’on comprend pourquoi… peut-être. Sugar indique à Sophie que pour être compris de tous et notamment des plus jeunes, un livre doit accumuler beaucoup de mots simples, pour faire de nombreuses pages… soit
Ainsi est-ce une impression en demi teinte qui prévaut quand se referme la dernière page de ce roman. L’originalité du thème, la richesse des personnages et un rythme qui s’accélère en fin de course attirent. La simplicité de l’écriture, le manque de recherche esthétique, les longueurs parfois… lassent.
Et au final, s’il devait y avoir une suite… la lirions-nous ?

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pffff

4 étoiles

Critique de Ronanvousaime (, Inscrit le 13 mai 2007, 49 ans) - 10 janvier 2011

ben oui, mais 1200 pages pour pas grand chose, finalement. Si tu mets un bouquin dans un carton prévu pour un lit à baldaquin, le bouquin il, parait tout petit.

Passions, délices et déchéances...

9 étoiles

Critique de Paquerette01 (Chambly, Inscrite le 11 juillet 2008, 52 ans) - 25 août 2008

J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai lu dans la foulée du "Lit d'Aliénor" -livre dans la même veine que celui-ci et que je vous conseille encore plus par ailleurs...

J'y ai trouvé ce que je souhaitais. De l'amour, de la fièvre, du drame, du romantisme et du suspense dans un décor historique qui nous plonge dans un univers social de l'époque.

Un roman victorien moderne

9 étoiles

Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 45 ans) - 12 janvier 2007

La période victorienne est une période qui me fascine en littérature. Après avoir dévoré « Caresser le velours » de Sarah Waters, j’ai attaqué ce roman. Et la magie a opéré. « La rose pourpre et le lys » a le mérite de décrire l’époque victorienne avec un ton contemporain, qui permet à l’auteur de prendre des libertés que n’auraient pu prendre les écrivains d’alors. Certains ont critiqué la crudité des termes et le déballage de détails sordides, je les ai quant à moi trouvés appropriés. Ils rendent de la réalité de certains faits, dont le fossé entre les convenances sociales et la réalité de la rue, comme l’ont bien souligné les autres critiqueurs. Le mélange entre ces deux extrêmes fait la richesse de ce roman.

Excentriques ou dociles, les personnages sont fouillés et finement décrits psychologiquement. Leurs caractères sont recherchés et les rendent vivants.

Personnellement, j’ai envie de pousser la lecture plus loin et de découvrir « les contes de la rose pourpre » qui proposent différentes pistes du destin des protagonistes au travers d’une série de nouvelles.

Sugar perdue dans Londres

7 étoiles

Critique de MoutonNoir (, Inscrite le 28 novembre 2006, 47 ans) - 28 novembre 2006

Tout comme les personnes de mon entourage, je suis partagée quant à ce livre.

Ce qui est indéniable, c'est qu'il se dévore en quelques jours, malgré sa taille énorme (1143 pages !). Le style est simple, clair, entraînant. L'auteur a une façon énergique de prendre ses lecteurs par la main et de les mener tambour battant à travers les différents lieux de son intrigue.

Cette façon de s'adresser directement aux lecteurs rappelle certains romans anglais du 19e siècle, dont Michel Faber s'est inspiré. Le sujet même de ce livre est l'époque victorienne, dans toutes ses contradictions.

J'ai aimé l'analyse fine de l'hypocrisie morale de l'époque : tenue stricte et lectures pieuses pour les dames, fréquentation des bars et prostituées pour les messieurs. De ce point de vue, les personnages féminins sont très intéressants. La jeune héroïne, Sugar, a accumulé assez de cynisme dans sa fréquentation mercantile des hommes pour écrire un pamphlet vengeur contre la société. Mrs Fox, veuve dénuée de charme, s'emploie à venir en aide aux femmes perdues et ne s'attire que mépris de la bonne société parce qu'elle travaille, activité indigne d'une dame. Agnès, la bonne bourgeoise, est le produit d'une éducation religieuse répressive et d'une médecine cantonnant les femmes à leur utérus : une hystérique qui peine à remplir son rôle d'objet décoratif.

Les hommes sont, naturellement, des obsédés lâches et manipulateurs.

Un constat bien sévère, mais l'auteur s'est donné pour tâche de pointer les aspects les plus sordides de la vie londonienne. J'ai trouvé cette insistance sur les crottes de chien et les flaques de vomi un peu crispante, mais dans la continuité avec l'intention de donner une vision plus réaliste des choses que, mettons, Thackeray dans Vanity Fair. On sent un travail de documentation important et on saura tout, aussi bien sur la composition exacte d'une potion contraceptive que sur la façon d'allumer un feu de cheminée.

Le style est volontiers familier, voire vulgaire, les descriptions très visuelles, la fin abrupte. Un roman parfois agaçant, qui apporte un éclairage intéressant sur l'Angleterre du 19e siècle et les conditions d'émergence du féminisme (et pas mal de scènes érotiques, bien que grinçantes, aussi...).

Dans les rues de Londres

9 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 7 mars 2006

"Faites attention où vous posez les pieds. Gardez toute votre tête; vous allez en avoir besoin. La ville où je vous emmène est vaste et compliquée, et vous n'y êtes jamais allé…". L'auteur nous prend directement par la main et ainsi commence "La rose pourpre et le lys", une fresque immense de près de 1200 pages, qui nous fait visiter Londres aux alentours de 1875. Tout commence donc dans un quartier pouilleux de Londres, fait de taudis infâmes, dans lequel se côtoient mendigots, voleurs des rues, gavroches et âmes damnées. C'est donc là, dans le bordel de Mrs Castaway, que nous faisons connaissance avec les charmes de Sugar. Elle a 18 ans, des cheveux roux flamboyants, une taille de guêpe, une peau tigrée comme le parchemin. Elle sait écrire aussi. La nuit, en secret, après avoir accompli sa tâche, elle se console en jetant les mots de son roman sur le papier : "La chute et l'ascension de Sugar" en est le titre prémonitoire. Car si elle est née dans la fange, elle ne compte pas y rester.

La chance viendra un jour, sous les traits de William Rackham, jeune dandy londonien, héritier des parfumeries de son père. Cependant, le jeune homme est incapable de prendre la moindre responsabilité, se complaisant dans la paresse, pendant que sa femme Agnes, neurasthénique, se traîne de médecin en médecin. La beauté de Sugar le subjugue jusqu'à faire d'elle sa maîtresse qu'il va sortir des taudis et entretenir dans un appartement douillet de Notting Hill. Tout cela fait évidemment très mauvais roman d'amour mais ça n'est pas le cas. Car, à travers l'histoire de ces différents personnages, c'est tout le Londres de cette époque qui se dévoile. Des bas-fonds jusqu'aux rues aristocrates. Des bordels et tavernes animées du centre jusqu'aux maisons sentant la lavande des classes aisées. L'auteur se comporte comme s'il pouvait enlever les toits de toutes ces maisons et observer la vie quotidienne de ses habitants. Tout est là : les jurons des prostituées arpentant le pavé, le tintement des tasses à l'heure du goûter apportées par les femmes de ménages des maisons cossues, le grondement des fiacres dans la rue, les odeurs nauséabondes des sombres venelles,…Une fresque victorienne qui vaut aussi par la psychologie très bien rendue de ses personnages : Sugar, fille des bas-fonds obsédée par la réussite, entre souillure et grâce; William, un industriel qui se réveille progressivement de son apathie; Agnes, éternelle petite fille obsédée par les mondanités et bourrée de morphine; Emmeline Fox, jeune bigote …Entre le vice et la vertu, il n'y a souvent qu'un pas.

Gageons, en tous cas, que si la reine Victoria avait pu découvrir sa capitale avec les mots de Michel Faber, elle en serait tombée de son trône!

La lecture de Patryck Froissart

10 étoiles

Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 76 ans) - 20 février 2006

Titre : La rose pourpre et le lys
Auteur : Michel Faber
Traduit de l’anglais par Guillemette de Saint-Aubin
Titre original : The Crimson Petal and the White
Editions de l’Olivier/Le Seuil, 2005

Voilà un roman de 1150 pages qui ne laissera pas indifférent.
Sugar, prostituée par sa mère dès l’enfance dans les bas-fonds de Londres quelques années avant l’apparition de Jack L’Eventreur, et William Rackham, héritier des parfumeries du même nom, ont leur vie bouleversée dès leur première rencontre dans le bordel tenu par la mère maquerelle.
Un amour étrange, ambigu, passionnel, sensuel, les rapproche, puis les unit, et Sugar passe du statut de putain de maison close à celui de maîtresse richement entretenue dans ses propres appartements, pour devenir finalement la gouvernante de Sophie, la fille de Monsieur Rackham. Il faut dire que Miss Sugar, comme on l’appelle alors, malgré le trou sordide d’où elle sort, sait lire, qu’elle écrit secrètement un livre, et qu’elle a acquis, dans les livres et en fréquentant les théâtres et son amant, une culture qui lui permet d’instruire Sophie, jusqu’au jour où, brusquement licenciée par son maître, elle disparaît en emmenant la jeune héritière.
La folie semble être le thème dominant du roman. Les autres personnages sont en plein délire, que ce soit l’épouse de William, qui disparaît elle aussi le jour même où son mari a décidé de la faire interner, que ce soit Henry, le frère de William, qui veut se faire pasteur et est à la fois épouvanté et hanté par le sexe, que ce soit l’amie de ce dernier, Mrs Fox, obsédée par l’idée de reconvertir toutes les prostituées de Londres en ouvrières d’usine, et par celle, brûlante, du corps nu d’Henry, que ce soit du père de Mrs Fox, le docteur Curlew, qui fait subir à sa patients, Mrs Rackham, justement, de bien douteux traitements intimes…
Il est difficile de classer cette œuvre parmi les romans érotiques. En fait, le livre est inclassable. Certes les choses du sexe y sont dites avec une exceptionnelle crudité, voire cruauté, et certaines scènes pourraient être qualifiées d’obscènes. Mais le génie de l’auteur consiste à ne jamais s’appesantir, à tout présenter avec le plus grand naturel, comme si les détails allaient de soi.
C’est indéniablement un très beau roman, dont les personnages sont toujours émouvants. Le Londres des années 1870 est magnifiquement sombre, louche, violent, sale, sanglant, abject.
L’auteur, né aux Pays-Bas, après avoir passé une partie de sa vie en Australie, vit aujourd’hui en Ecosse.
Cette œuvre a été adaptée au cinéma.
Patryck Froissart, le 7 janvier 2005


Beau dehors, vide à l'intérieur

7 étoiles

Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 28 juin 2005

William Ranckham est l’héritier d’une grande fortune londonienne, issue du commerce des parfums.
Malheureusement, son père tient les cordons de la bourse et lui impose un choix difficile entre la reprise de l’affaire familiale et sa vocation d’écrivain.
Au milieu de cet écartèlement existentiel surgit Sugar, une prostituée aux charmes suaves. Elle n’est pas très belle mais possède ce petit quelque chose qui attire tous les hommes qu’elle rencontre, jusqu’à les rendre fous.

Entre les péripéties conjugales et extraconjugales de William, celles plus spirituelles de son frère Henry, et les ambitions amères de Sugar, on part à la rencontre du Londres de la fin du XIXe siècle, un Londres miséreux pour une grande part, artificiel et clinquant pour les plus riches.
Les descriptions de la ville, des lieux divers, des caractères, sont stylisées, poussées jusqu’au moindre détail, et le résultat est plutôt réussi.
L’odeur nauséabonde des rues sales de Londres nous envahit, les couleurs sombres, le sordide des existences maudites nous sautent au visage, comme les éclats d’or des bijoux et la volupté des parfums hors de prix.
Le roman est vivant, il respire.
Malheureusement, derrière ce masque si bien composé, rien ne se cache. C’est le vide sidéral. Là on l’on cherche une raison, une passion, une conclusion, une profondeur, un relief, on ne trouve que des apparences, une écorce sans âme, une illusion.
Sans parler de la fin, terriblement mal ficelée, tragiquement inutile.

La Rose pourpre et le Lys est un roman qui se veut dramatique mais qui manque de matière à dramatiser. On a voulu comparer l’auteur à Dickens, à Balzac… Peut-être ses descriptions de la misère crasse, du goût du malheur et des malheureux, lui confèrent-elles cette ressemblance lointaine, mais là où les deux autres nous emprisonnaient dans des destins poignants, celui-ci nous laisse seuls avec nos pages de papier et un goût de trop peu sous les doigts.

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